Contrairement à la légende du roi Arthur, Artur Beterbiev n’a pas eu besoin de se servir de son épée Excalibur ni d’obtenir l’aide de ses Chevaliers de la Table ronde. Il a fait tout le travail seul, et pour la première fois de sa carrière, il a été poussé jusqu’au dernier round. Malgré tout son rêve s’est réalisé. Il coiffe maintenant la couronne IBF des mi-lourds.

Aujourd’hui, Montréal peut se vanter d’avoir non seulement une nouvelle mairesse, mais deux champions de boxe, Beterbiev et Adonis Stevenson, en plus de deux autres qui attendent dans l’aile. Ce sont David Lemieux et Eleider Alvarez.     

Beterbiev est champion des mi-lourds de l'IBF

« C’est un monstre », a souligné la victime Enrico Kölling après avoir souffert des attaques de Beterbiev. Dès le premier son de cloche, il était évident que l’Allemand ne faisait pas le poids.

Beterbiev a été parfait sur toute la ligne. Mais dans un combat de boxe, il faut être deux. « It takes two to tango », chantait si bien Perry Como. Kölling ne s’est pas battu pour gagner mais strictement pour ne pas perdre, ce qui a grandement déplu à la foule californienne, habituée à des combattants au style mexicain.

Le nouveau roi est le deuxième Russe à gagner un des titres laissés vacants depuis le départ d’Andre Ward et un troisième attend son tour qui viendra le 25 novembre prochain.

Lequel est le meilleur? Sergey Kovalev, le plus expérimenté, Dmitry Bivol, doté d’une puissance remarquable, ou Artur Beterbiev, peut-être le plus complet des trois, possédant puissance et science de boxe? Pour le moment, mon choix va à Kovalev à cause de son expérience.

On se couche tôt

Il y a deux semaines, Dmitry Bivol assommait son rival devant le prince Albert, à Monaco, avant même que la cloche annonçant la fin du premier round ne sonne. La semaine dernière, c’est Bermane Stiverne qui gagnait le concours de limbo en s’étendant de tout son long devant la brute Deontay Wilder, lui aussi au premier engagement

Cette semaine, c’est Artur Beterbiev qui remporte les honneurs, mais pas de la manière que nous l’aurions crue. On aurait dit qu’il avait tellement de plaisir sur le ring  qu’il a  savouré le combat le plus longtemps possible. D’ailleurs, à cause de ce style extrêmement classique, il a dû endurer les « oiseaux Bou Bou » dans la foule à compter du deuxième engagement.

Il ne faut pas oublier que Beterbiev n’avait livré que 18 rounds de boxe depuis trois ans. Peut-être voulait-il se prouver à lui-même qu’il était capable de boxer. Qu’il n’était pas rouillé. Il avait l’adversaire idéal à sa merci.

Heureusement, au douzième round, on a vu le Beterbiev des beaux jours, celui que l’on connaissait. Celui à la force brute. Il a délaissé ses jabs parfaits pour y aller de coups de puissance qui ont obligé l’Allemand à mettre le genou au sol. Une deuxième attaque en règle et le tour était joué. Enfin, la couronne était sienne. Et son rêve de jeunesse se réalisait.

Maintenant qu’il est champion, il aura à faire face à des rivaux de beaucoup supérieur à Kölling. Aujourd’hui, il fait partie des grands, les Bivol, Kovalev, Barrera, Jack, Gvozdyk, Brown et qui encore?

À partir de maintenant, il lui faudra monnayer son titre, apprendre à sourire, devenir un membre de la communauté montréalaise à part entière. Faire partie de l’élite des athlètes montréalais. Se faire voir plus souvent.

J’ignore combien il a touché pour sa performance de samedi soir, mais je suis certain que c’est moins que lorsqu’il boxait pour GYM. Cette fois-ci, c’est Top Rank qui a payé la note, et sa performance a été loin de satisfaire les vrais amateurs de boxe et surtout le promoteur.

Pas une ville facile

Montréal n’est pas une ville facile pour les boxeurs par les temps qui courent.  Les foules n’ont fait que diminuer depuis que Lucian Bute n’est plus là.  Comment ce dernier est-il parvenu à devenir aussi populaire? En boxant admirablement bien. En s’intégrant dans la communauté. En apprenant le français. En étant disponible pour venir en aide aux enfants, en visitant les hôpitaux, les écoles, comme le font les joueurs du Canadien, des Alouettes et de l’Impact.

Beterbiev garde sa séquence de K.-O. intacte

Dans ce match contre Kölling, Beterbiev a été poussé à la limite. Est-ce ce qu’il voulait faire? Voulait-il accumuler des rounds ou bien sa force de frappe est-elle inférieure à ce que l’on a toujours cru? Voyant que Kölling ne pouvait pas lui faire mal, il a opté pour la boxe scientifique.

Incroyable pour un mi-lourd... Il a lancé pas moins de 1111 coups au cours de la rencontre et ce n’est qu’en douzième reprise, voyant qu’il avait l’Allemand à sa merci, qu’on a vu le Beterbiev des beaux jours. Finalement, il a conservé sa fiche de K.-O. intacte à 12-0-0 (12 K.-O.).

Je sais une chose. Beterbiev a réussi exactement ce qu’il avait dans la tête.  Boxer à sa façon. Prouver hors de tout doute qu’il est non seulement un assommeur public, dans une classe à part des autres, mais un pugiliste de grand talent.

C’est exactement le contraire de ce qu’on avait prévu qui s’est déroulé à Fresno. Beterbiev devait se débarrasser de Kölling en moins de quatre rounds, il lui en a fallu douze. Jose Carlos Ramirez était pressenti pour gagner par décision contre Mike Reed. Il l’a démoli en deux rounds. C’est le monde à l’envers.

Qui sera le prochain?

Qui affrontera Beterbiev dans les prochains mois? Pourquoi pas Badou Jack ou encore Sullivan Barrera… Ceci permettrait à Adonis Stevenson de se concentrer sur Eleider Alvarez.

Qui sera le promoteur? Gym ou Top Rank? Où se battra-t-il? À Montréal ou ailleurs?

Deux champions mondiaux pour le Québec et peut-être un troisième dans quelques semaines alors que David Lemieux tentera de conquérir le titre WBO des poids moyens aux dépens du champion Billy Joe Saunders.

Une grande première

Daniel Jacobs avait déclaré qu’il passerait le K.-O. à Luis Arias. Il n’a pas tenu parole. Il lui a fallu attendre le verdict des juges pour s’assurer de la victoire.  Il a gagné haut la main 120-108, 119-108 et 118-109 dans un bon combat.

C’était sa première présence sous la tutelle de son nouveau promoteur, Eddie Hearns, et la première fois qu’il se battait sur le réseau HBO.

Vous aurez remarqué que c’est le Montréalais Michael Griffin qui officiait à titre d’arbitre et comme d’habitude il s’est bien tiré d’affaire dans un combat où il était évident que les deux adversaires ne se respectaient pas mutuellement.

Jermall Charlo aimerait bien se mesurer à Jacobs, mais pour le moment, ce dernier a d’autres plans en tête. « Je vis mon rêve. Je veux être le champion du peuple », n’a pas manqué de souligner le gagnant.

Jacobs sera à Laval le 16 décembre prochain pour assister au duel entre Billy Joe Saunders et David Lemieux, qu’il qualifie de boxeurs de catégorie « B ».  Il a l’intention de défier le gagnant de cette rencontre.

Personnellement, j’aimerais voir un combat entre Lemieux et Jacobs, que ce soit à Laval, à Montréal ou aux îles Mouk Mouk. Mais pour cela, il faudra que Lemieux éclipse Saunders, ce que je lui souhaite.

Bonne boxe!