MONTRÉAL – Yvon Michel a beau avoir obtenu gain de cause – pour le moment – dans le litige qui l’opposait à Artur Beterbiev, mais le promoteur est cependant loin d’avoir le cœur à la fête.

Dans un jugement d’une dizaine de pages rendu vendredi par la Cour supérieure du Québec, le juge Frédéric Blanchard ne s’est pas rangé derrière les arguments du boxeur russe qui désirait invalider le pacte qui le liait au promoteur montréalais en raison de non-respect d’engagements.

« Nous ne pouvons pas dire qu’il y a des gagnants dans ce débat-là, il y a juste des perdants, a déploré Michel en marge d’un gala présenté samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal.

« Nous avons perdu un an et demi d’énergie et d’argent de part et d’autre. Artur est devenu champion du monde, mais sa carrière n’a pas avancé comme elle aurait dû. Les partisans du Québec n’ont pas eu le loisir de le voir progresser et dominer la division des poids mi-lourds. »

Fondamentalement, Beterbiev reprochait à Michel deux choses : de ne pas lui avoir versé la totalité de sa bourse dans les délais prescrits après son combat contre Isidro Ranoni Prieto le 23 décembre 2016 et de ne pas lui avoir offert un minimum de quatre duels par année lui rapportant 250 000 $ US chacun selon les termes du contrat signé par les deux parties en 2015.

Beterbiev a reçu 20 000 $ le soir du choc contre Prieto, puis 180 000 $ le 17 février 2017, 31 875 $ le 17 mars 2017 et finalement 37 437 $ le 22 mars. Le juge Blanchard a établi qu’il ne s’agissait pas d’un manquement grave, étant donné que ce retard ne s’était produit qu’une seule fois au cours d’une entente de plusieurs années et qu’il n’avait pas causé de préjudice au boxeur russe.

Quant aux quatre combats que Beterbiev devrait disputer par année, le magistrat rappelle que l’athlète a été blessé à une main, ce qui l’a empêché de monter plus de quatre fois dans le ring entre juin 2013 et juin 2014, et qu’une blessure à l’épaule droite subie en juin 2015 l’a ensuite contraint à un an d’inactivité, ce qui ne peut évidemment pas être retenu contre son promoteur.

Fait intéressant à noter, le juge Blanchard écrit qu’en « acceptant de participer au processus éliminatoire de l’IBF, Beterbiev savait ou aurait dû savoir qu’il ne livrerait pas quatre combats ou plus par année durant la deuxième année de son contrat signé en 2015 » et qu’ultimement, « cette décision a été intelligente, car il a atteint son objectif de devenir champion du monde ».

« Le message que nous voulons passer c’est que nous sommes convaincus que nous sommes l’organisation la mieux placée pour faire avancer Artur, pour continuer à le faire progresser, a déclaré Michel. Nous sommes convaincus que nous avons les ressources et les contacts pour qu’Artur réussisse à performer au niveau de son talent et qu’il démontre qu’il est une vedette. »

Mais derrière ce message d’ouverture, il est difficile de croire que la greffe entre les deux parties pourra reprendre. Déjà, il est acquis que Beterbiev portera le jugement rendu vendredi en appel, ce qui compliquera inévitablement la suite des choses pour le champion de l’IBF.

Ce dernier doit normalement affronter Callum Johnson à son prochain combat et une mise aux enchères est d’ailleurs prévue le 19 juin. Michel ne sait cependant pas s’il y participera. Rappelons qu’il avait fait l’impasse sur celle pour le duel de Beterbiev contre Enrico Kölling qui avait permis au protégé de Marc Ramsay de s’emparer du titre vacant en novembre 2017.

« Nous n’écartons aucune possibilité comme nous n’en embrassons aucune, a expliqué Michel. Nous allons regarder tout ce qui est potentiellement faisable. Ce que nous souhaitons, c’est que nous renouons et que nous repartons. Je suis convaincu que ce serait bon pour l’industrie.

« Nous étions des adversaires, et maintenant, c’est terminé. Nous sommes prêts à poursuivre avec le même enthousiasme, le même intérêt que quand il a commencé sa carrière avec nous. »