Le 8 juillet dernier, au lendemain d’une défaite embarrassante de Francis Ngannou contre Derrick Lewis, Dana White disait ceci : « Depuis sa victoire contre [Alistair] Overeem, Ngannou a un égo démesuré. Je croyais qu’il allait être le prochain champion, mais maintenant il tombe de haut et il est en miettes. »

Sept mois plus tard, au bout du fil, on sent plutôt un Francis Ngannou humble et fragile. S’il avait réellement un égo démesuré l’été dernier, sa tête semble avoir repris sa taille normale depuis. C’est avec un calme désarmant et une franche sensibilité que le géant camerounais revient sur ces moments plus difficiles. « J’ai traversé de l’adversité, mais c’est l’histoire de toute ma vie », avoue celui qui a déjà été sans-abri dans les rues de Paris.  

Le « Predator » est réellement passé de héros à zéro en l’espace de quelques mois. Il a goûté rapidement à la gloire et était considéré comme l’héritier au trône des poids lourds de l’UFC. Mais Ngannou est revenu sur terre encore plus promptement. Bien sûr, le sympathique combattant veut encore atteindre les plus hauts sommets, mais son objectif à court terme est beaucoup plus essentiel. Francis Ngannou veut simplement retrouver le bonheur. « J’étais héros pour qui et j’étais zéro pour qui? C’est ça la question. J’ai appris à ne plus m’en faire avec l’opinion des autres. Au début, je pratiquais les arts martiaux mixtes parce que c’était ma passion, c’était mon plaisir. Mais à un certain moment, la pression a pris toute la place. J’avais oublié pourquoi je pratiquais ce sport. » Quelques mois plus tard, la quête de bonheur de Ngannou passe de nouveau par l’octogone, le gymnase et les tatamis de jiu-jitsu.

Apprenez-en plus sur le parcours personnel de Francis Ngannou

Il a fait un pas dans la bonne direction en novembre dernier. Après ses défaites contre Stipe Miocic (pour le titre des poids lourds de l’UFC) et Derrick Lewis, il est revenu sur le chemin de la victoire avec un terrifiant K.-O. contre Curtis Blaydes. « Ça m’a fait du bien! Ça m’a permis de reprendre confiance et de me sortir la tête de l’eau », avoue Ngannou. « Ça a fait du bien au niveau de ma santé mentale. »

Maintenant, il souhaite impressionner et prouver qu’il est de retour parmi l’élite contre une sommité des arts martiaux mixtes, l’ancien champion Cain Velasquez. « Ça fait 2 ans que je réclame un combat contre Velasquez et je suis content que l’UFC ait enfin acquiescé à ma demande », indique l’athlète de 6 pieds 5 pouces et 254 livres. Ngannou est toutefois conscient qu’il se met en danger. Velasquez est très bon au sol et a toujours été reconnu pour son cardio extraordinaire, deux faiblesses de Ngannou. « La réputation de Velasquez n’est plus à refaire. Pour moi, c’est l’occasion de démontrer ce que je peux faire. Mon talent n’a pas encore été dévoilé au grand jour », estime le Français d’origine camerounaise.

Velasquez a toutefois été blessé plus souvent qu’à son tour au cours des dernières années et effectuera son retour à la compétition après deux ans et demi d’absence. Plusieurs observateurs doutent de sa forme physique, mais Ngannou ne se laissera pas piéger. « Tout le monde a des blessures dans ce sport. Velasquez a servi de partenaire d’entraînement à Daniel Cormier. Si ça se trouve, il est plus en santé que mes derniers adversaires! »

S’il l’emporte à Phoenix cette fin de semaine (dimanche à 21h sur les ondes de RDS-INFO et sur le RDS.ca), Francis Ngannou croit que son nom sera intégré à la courte liste de candidats potentiels à Daniel Cormier, le champion des poids lourds de l’UFC. Et lorsqu’il obtiendra une autre chance de combattre pour la ceinture, Ngannou sera mieux outillé pour faire face à la pression. Pas question pour lui d’être de nouveau relégué aux oubliettes.