MONTRÉAL – On comprendrait si Alex Morgan était à prendre avec des pincettes ces jours-ci. Forcé à l’inactivité depuis bientôt deux ans, l’ancien champion des poids plumes de l’organisation TKO observe sur les lignes de côté pendant que ses anciens rivaux s’épanouissent dans l’atteinte de leurs ambitions.

Charles Jourdain, le dernier à l’avoir battu, disputera bientôt son quatrième combat à l’UFC alors qu’il affrontera l’Australien Josh Culibao en octobre à Abou Dabi. Pire encore : la semaine dernière, l’Ontarien T.J. Laramie, que Morgan a battu deux fois de façon décisive au cours des dernières années, a appris qu'il fera ses débuts officiels dans les ligues majeures avant la fin du mois à Las Vegas. 

Pendant ce temps, Morgan ronge son frein dans l’ombre, sans plateforme ni but précis. Il ne laisse toutefois pas l’amertume le gagner, confiant que son tour s’en vient. 

« C’est sûr que quand tu vois quelqu’un que tu as planté deux fois, chaque fois par K.-O., signer avec l’UFC et que tu entends Dana White dire de lui : "Laramie, c’est un sauvage, il est vraiment solide"... J’aimerais bien qu’il voit le dernier combat entre nous deux pour voir qui est le vrai sauvage », concède le volubile combattant, de bien bonne humeur lorsqu’il a pris l’appel de RDS cette semaine. 

« Mais je ne suis pas quelqu’un jaloux, je suis content pour lui, précise-t-il sans attendre. Tant mieux s’il est là. Ça fait juste me prouver que j’ai ma place. Je le sais que je l’ai. Le monde me pose souvent la question. Je dis que c’est une question de temps. Il faut juste que je me remette dans le bain. » 

Morgan se dit victime d’un simple concours de circonstances depuis sa défaite crève-cœur contre Jourdain sur les planches du Centre Bell en décembre 2018. Dans les mois qui ont suivi la perte de son titre, il a ouvert son propre gymnase à Mirabel, sur la Rive-Nord de Montréal. Il devait ensuite affronter Nathan Maness – qui a depuis été mis sous contrat par l’UFC - avant que TKO n’annonce l’annulation de ses deux événements de fin d’année. Et disons que jusqu’ici, 2020 ne s’est pas avérée propice à la réalisation de grands projets. 

L’élève du Tristar Gym n’a toutefois pas fait une croix sur sa carrière de pugiliste. 

« J’espère vraiment faire mon retour à la compétition le plus tôt possible, question de revenir sur la mappe et faire mon chemin vers les grosses promotions. Je pense que j’ai le talent et l’éthique de travail pour y arriver. Ma place est là. Faut juste que je refasse mes preuves un peu. Juste battre quelqu’un ben comme il faut pour que le monde dise : "Ok, Morgan est encore là". Moi je le sais que je suis encore là, mes coaches le savent, on y croit tous. C’est juste d’avoir l’opportunité de pouvoir le montrer. » 

« Le monde qui pense que je suis out, ils se trompent, insiste-t-il. Je vais finir par revenir et ils vont le voir. Je vais être capable de sortir une grosse bombe et vous aller me voir dans les grosses organisations en 2021. »

Détour vers la France?

Sans options concrètes sur la scène locale, Alex Morgan a préparé un plan de relance qui passerait par l’Europe et l’Asie. Il affirme avoir signé un contrat de trois combats avec Duel Promotion, une organisation française de kickboxing qui désire se lancer dans la promotion des arts martiaux mixtes. Le Québécois croit qu’il pourrait se battre à Dubaï en novembre. 

« Je trouve ça plate qu’il n’y ait pas de show au Québec, mais personnellement, je pense que j’ai fait le tour. Je me suis battu devant mon monde plusieurs fois, je me suis battu au Centre Bell, j’ai fait des gros galas. Ce que j’ai maintenant envie de faire, c’est me concentrer sur moi, sur mon entraînement. Aller me battre ailleurs et ne pas avoir à me casser la tête à propos de qui va être là et combien de billets j’aurai à vendre. La dernière fois, on a vendu 478 billets. Je m’en allais au gala et j’étais déjà brûlé. Mentalement, ça avait pris toute mon énergie. Là je me concentre, je m’entraîne et je n’ai plus ce souci-là. Je pense que j’ai besoin de ça en ce moment. »

Avec une fiche de 9-4, Morgan estime s’être bâti une bonne base sur laquelle poursuivre l’écriture de sa feuille de route. S’il parvient à coller quelques performances positives à son retour dans la cage, le jeune homme d’affaires est confiant qu’il attirera l’attention des bonnes personnes. 

« L’UFC signe plein de nouveaux gars et moi, j’ai juste besoin d’une petite séquence de victoires pour revenir sur leur radar. Je pense que j’ai pas mal le niveau. Les gars contre qui je me suis battu sont là. Des gars contre qui j'étais supposé me battre aussi. Je m’entraîne deux fois par jour, je suis tout le temps avec les gars au Tristar, je les aide à se préparer pour des combats au UFC. Je suis prêt à me battre contre n’importe qui. J’attendais juste l’opportunité qui valait la peine pour moi. Là, je suis prêt. »