MONTRÉAL – Alexander Hernandez était un parfait inconnu il y a environ quatre mois. Il a 25 ans, n’a que dix combats à son actif et son expérience à l’UFC est une histoire de 42 secondes très exactement. Malgré tout, il est avantageusement positionné au 14e rang du classement de la division des poids légers de l’organisation.

Bref, son profil est contraire en tous points à celui du vétéran aguerri qu’Olivier Aubin-Mercier et ses entraîneurs avaient en tête quand ils se sont mis à réfléchir à un futur adversaire après la victoire expéditive du Québécois en avril dernier.

Mais la confrontation est cohérente et elle stimule au plus haut point l’équipe du sympathique gaucher.

« Tous les deux, on est un peu dans la même situation, dans le sens qu’on a remplacé quelqu’un à la dernière minute à notre dernier combat, qu’on a affronté un adversaire du top-15 et gagné de façon expéditive, énumérait OAM avant son départ pour Calgary, où il tentera ce week-end d’aligner une cinquième victoire de suite. Je pense donc que c’était logique de faire ce combat. Bien sûr que j’aurais aimé qu’on m’offre quelqu’un avec plus de vécu dans l’UFC, mais c’est probablement la raison pour laquelle Alexander est aussi dangereux, parce qu’il a juste eu un combat. »

Hernandez ne s’est effectivement battu qu’une fois dans les ligues majeures, mais c’en est toute une. Avec une seule semaine de préparation, le Texan a passé le K.-O. au vétéran Beneil Dariush en moins d’une minute à l’UFC 222. La plupart des qualificatifs qui viennent en tête à la vue de ce bref échantillonnage ne sont pas nécessairement propres à être publiés.

« C’est un mystère, ce gars-là, résume diplomatiquement Aubin-Mercier. On l’a vu pendant 42 secondes et on a vu que c’est un fou dans la tête. »

Des débuts fracassants pour Hernandez

Un « fou dans la tête » peut ici être défini comme un gars qui sort de son coin comme un fauve à qui on vient de lancer un steak et qui tend amicalement la main à son adversaire avant de lui enfoncer un coup de pied dans la poitrine. Ou un gars qui bouge comme s’il marchait sur des charbons ardents et qui peut vous geler avec une seule gauche bien placée. Ou un gars qui déclare, après sa victoire, être là pour avoir « un violent impact sur cette organisation ».

Hernandez a fait tout ça à son baptême dans l’UFC. Clairement, le jeune homme déborde de confiance et peut être franchement intimidant. Mais Aubin-Mercier ne tremble pas. Pour lui, son prochain adversaire n’est qu’un problème auquel personne n’a encore trouvé de solution.

« Je pense que c’est le genre de combattant qui va être très dangereux dans ses premiers combats, jusqu’à ce que quelqu’un trouve la solution à son style, qui est super explosif et un peu fou. Mais je pense que dès qu’on va avoir trouvé le bon plan, ça va être assez facile de le battre. »

Voici donc les options qui se présentent au « Canadian Gangster » : résoudre au plus vite l’énigme personnifiée par ce petit nouveau ou courir le risque de faire l’étoile au centre de l’octogone, les yeux dans la graisse de bine.

Le Dillashaw des poids légers

L’imprévisibilité entourant Hernandez a forcément influencé le camp d’entraînement qui s’est mis en branle il y a deux mois. De l’aveu d’Aubin-Mercier, il a été difficile de trouver des partenaires capables d’imiter le mouvement et la dégaine de l’obscur Américain.

Hernandez compte T.J. Dillashaw parmi ses muses et sa façon de se déplacer dans l’octogone semble fortement inspirée du champion des poids coqs de l’UFC. Contre Dariush, « The Great » est sorti de son coin dans une posture orthodoxe, mais a changé sa main arrière après ses premières attaques. C’est avec sa gauche qu’il a assommé sa victime.

« Je crois que c’est l’avantage qu’on a comparativement à Dariush, affirme Richard Ho, l’un des entraîneurs de l’Équipe OAM. Dans ses combats précédents, je ne crois pas qu’Hernandez avait démontré cette tendance à changer de position. Même si on n’a pas énormément de vidéo sur lui, on en a assez pour éviter l’effet de surprise. »

Mais des inconnues demeurent, note Aubin-Mercier. Toute la vidéo du monde ne l’aidera pas à prendre la véritable mesure de la vitesse avec laquelle Hernandez bouge à l’intérieur des grillages. C’est toutefois une donnée qu’il devra obtenir rapidement puisque lorsque ce dernier apparaît dans votre champ de vision, c’est généralement pour appliquer du cuir sur vos joues.

« On sait qu’il est super explosif, mais je n’ai pas l’impression qu’il est si rapide, devine Aubin-Mercier. Donc on a beaucoup pratiqué nos déplacements. Ce n’est pas comme en boxe, on ne peut pas rester devant lui et le laisser s’essouffler. Il faut vraiment que ma tête bouge et que j’évite les coups. Si je bloque juste avec mes gants, les coups vont passer. »

« Depuis le début du camp, Olivier s’entraîne contre des gars qui foncent sur lui à pleine vitesse, qui modifient leur posture, qui simulent la folie, le chaos. On est prêts pour ça. Rien ne nous surprendra », garantit Richard Ho.