RDS2 et RDS Direct présentent la carte préliminaire de l'UFC 254 entre midi et 14 h, samedi.

La carte de l'UFC 254

Avant même d'entrer Khabib Nurmagomedov dans l'équation, le simple fait de présenter un combat mettant en vedette Justin Gaethje est déjà un gage de réussite pour l'UFC, et ce depuis plusieurs années. En plus de s'être élevé au rang des meilleurs athlètes de son sport, l'Américain de 31 ans a toujours été un maître du divertissement depuis qu'il a rejoint les rangs de l'organisation en offrant des prestations qui font bondir les fans de leur siège.

C'est pourquoi on peut comprendre Dana White de s'enthousiasmer lorsqu'il parle presqu'en rêvassant de la finale qu'il a nous a concoctée pour l'UFC 254, disputé ce samedi au Fight Island, à Abou Dabi.

Si les gens pensent que ce sera encore facile pour Nurmagomedov, ils font erreur sur toute la ligne. Gaethje est un guerrier qui va faire tout ce qui est humainement possible pour donner la meilleure opposition qu'il soit au champion en titre. C'est un gars qui carrément se fout de se faire frapper; il continue toujours d'avancer.

Une des facettes qu'il ne nous a pas été donné de voir depuis les débuts de Gaethje dans l'UFC, c'est sa lutte. Il n'est pourtant pas mauvais dans cette phase du combat, loin de là, ayant évolué en division 1 dans la NCAA. Il ne l'a pas utilisée, sa lutte, car il préfère le combat debout et échanger coup pour coup, et parce qu'il considère que ça lui fait dépenser trop d'énergies. Est-ce que c'est la formule pour avoir une longue carrière? On peut en débattre!

Chaque fois qu'il se fait ébranler, il revient plus fort... C'est assez fascinant. Mais dans ce combat, je crois qu'il n'aura pas le choix de démontrer qu'il peut tenir son bout au sol et se défendre contre les amenées du champion, car il y aura beaucoup de corps-à-corps.

Maintenant, Gaethje a-t-il la capacité d'éteindre les lumières avec un seul bon coup porté à la perfection? Absolument, et c'est là que réside l'intérêt dans cet affrontement. L'Américain n'a pas besoin de porter une tonne de coups en puissance pour l'emporter. Il l'a déjà démontré à de nombreuses reprises avec ses 19 K.-O. en 22 victoires : une seule frappe peut être dévastatrice. Et de l'autre côté, on s'imagine que Nurmagomedov va faire son dommage avec la lutte, et c'est vrai que c'est la partie la plus magistrale de son coffre à outils, mais n'oublions pas qu'il avait ébranlé Connor McGregor à plusieurs reprises avec sa boxe.

J'avoue que je serai très curieux de voir si le décès du père de Khabib à l'âge de 57 ans des suites de complications liées à la COVID-19 aura changé quelque chose dans sa préparation. De ses propres dires, rien n'aura changé, mais on n'en aura pas la certitude tant que le premier son de cloche ne sera pas fait entendre. Clairement, il passera par toute une gamme d'émotions dans ce premier combat depuis la perte du paternel.

Khabib rebondit toujours après un moins bon round

Traditionnellement, la meilleure façon pour un aspirant de se préparer à affronter un athlète d'exception est de décortiquer ce qu'ont réussi les rares adversaires ayant réussi à lui causer des ennuis, ne serait-ce que pendant un round. Le problème avec Nurmagomedov, c'est qu'il n'a à peu près jamais perdu un round dans l'UFC. Même lorsqu'il a connu un round un peu plus chancelant ou effacé dans ses 28 combats, il a apporté sur-le-champ les correctifs nécessaires. Il n'essaie pas non plus de se racheter pour oublier un moins bon round; il revient simplement à son plan de match initial sans démontrer la moindre once de panique. C'est un des signes qu'on a affaire à un grand combattant (ou à un grand sportif en général), cette capacité de faire la part des choses même dans le feu de l'action, malgré l'adrénaline, et de garder la tête froide.

Si Nurmagomedov devait se faire toucher solidement cependant, ce serait la première fois de sa carière. À ce moment, il entrera en territoire inconnu et il faudra voir si sa manière de se comporter dans la cage est différente. Si ce n'est pas le cas, je crois qu'il saura comment réagir devant toute autre éventualité.

Du côté de Gaethje, ses deux défaites dans l'UFC sont survenues contre Dustin Poirier et Eddie Alvarez, deux combattants prêts tout comme lui à s'embarquer dans une guerre sans merci en combat debout. Ces duels de brawlers peuvent aller d'un côté comme de l'autre lorsqu'on a des athlètes aussi talentueux au milieu de l'octogne. Lorsque tu affrontes des combattants alliant talent et expérience, ceux-ci arrivent à apporter les ajustements techniques pour profiter de la moindre lacune. 

Contre le champion russe cependant, il y a une chance que j'estime équivalente à zéro que Khabib se laisse piéger à entrer dans ce genre de bagarre de rue qu'ont donné les combats Gaethje-Poirier et Gaethje-Alvarez par le passé. Ce n'est pas son style; il préfère te briser mentalement. Mais comme on l'a vu à répétition, Gaethje est très difficile à ébranler mentalement. On l'a vu à maintes reprises se sortir de situations qui avaient pourtant l'air sans issue pour finalement en sortir vainqueur.

Sans nécessairement y aller d'une prédiction précise pour le dénouement de ce méga combat, une partie de moi souhaite tout de même que Nurmagomedov l'emporte et prenne le micro et en profite pour défier notre Québécois Georges St-Pierre. C'est que GSP sera en studio avec nous, alors ce serait assez extraordinaire comme moment de télé si on pouvait avoir sa réaction en direct!

En conclusion, j'ai aussi bien hâte de voir le combat de demi-finale opposant l'Australien Robert Whittaker à l'Américain Jared Cannonier. À mon sens, c'est le combat que Cannonier ne peut se permettre d'échapper s'il veut continuer de bâtir sa notoriété. On a ici un excellent combattant, ultra talentueux, mais qui doit ajouter des grosses pointures parmi ses victimes avant d'obtenir sa chance en combat de championnat. C'est exactement ce qu'il a devant lui en Whittaker, l'ex-champion des poids moyens. À Cannonier de saisir l'occasion samedi!

* propos recueillis par Maxime Desroches