NEW YORK – Bisping qui parle, St-Pierre qui rit. La dynamique n’avait pas vraiment changé jeudi alors que le champion des poids moyens de l’UFC et l’aspirant québécois avaient l’occasion de piquer un dernier brin de jasette avant d’en découdre une fois pour toute dans la cage du Madison Square Garden.

Si Michael Bisping sort les poings avec autant d’efficacité qu’il enfile les insultes, Georges St-Pierre n’aura pas l’ombre d’une chance lorsque les deux hommes croiseront le fer en finale de l’UFC 217, samedi soir.

Vêtu d’un manteau de cuir, les yeux couverts par des verres fumés, le moulin à paroles britannique a une fois de plus monopolisé la scène lors d’une conférence de presse propice à la censure. Arrivé sur scène au son de quelques « GSP! » bien sentis, Bisping a saisi la première occasion de répliquer en brandissant un morceau de tissu et en l’enroulant autour de sa tête, un clin d’œil mesquin aux supporteurs de son adversaire.

« Ce sont tes fans, Georges, ils ont tous l’air de putains d’idiots », s’est moqué Bisping, plaçant rapidement la barre à une hauteur qu’il s’assurerait de ne pas dépasser.

« Si tu as encore une voix rendu là, tu vas pleurer à chaudes larmes samedi soir », allait-il crier à un autre gueulard quelques minutes plus tard.

Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il avait un plan de contingence dans l’éventualité où St-Pierre débutait le combat d’une façon inattendue, Bisping a aussitôt tourné la question en dérision.

« Tu veux dire, comme s’il se positionnait en gaucher? C’est ça, sa grosse surprise? Ou peut-être qu’il veut m’attaquer avec des clés de jambes? Je n’en ai rien à cirer! Qu’il fasse ce qu’il veut, ça ne changera rien, je vais le détruire. Avez-vous vu son entraînement public? Il allait au ralenti. Moi? C’est comme si j’avançais en accéléré. »

St-Pierre, visiblement, appréciait le spectacle, prêtant l’oreille aux pitreries du champion sans démontrer le moindre signe d’impatience. « Je ne sais pas quoi dire, a-t-il placé avant d’être interrompu par son rival. C’est exactement ce que je voulais et je vais l’avoir samedi soir. »

Sans surprise, l'ancien champion a fait dans la redondance lorsque des questions étaient posées à son intention. Il a sorti sa bonne vieille cassette sans même tenter d’embarquer dans le jeu de son interlocuteur. Quand il a tenté de placer l’une de ses répliques favorites, où il prétend que Bisping est terrorisé à l’idée de goûter à sa lutte, il n’a pas eu le temps de se rendre à la moitié de sa phrase avant d’être forcé de céder la parole.

« T’es-tu regardé dans le miroir, Georges? Il n’y a rien d’épeurant chez toi. Tu sonnes comme un professeur d’histoire et tu as l’air d’un vendeur d’assurances », a crié Bisping.

Du Bisping en français

Les rares occasions où St-Pierre a été invité à s’exprimer dans sa langue maternelle ont rapidement tourné au folklore.

« Sacrebleu! », s’est exclamé Bisping avant même que le natif de Saint-Isidore ait le temps de répondre convenablement à la première question du collègue Benoît Beaudoin.

« Bisping peut dire ce qu'il veut »

« Est-ce qu’il est en train de m’insulter en français? Est-ce qu’il est plus intéressant en français? », a ensuite questionné l’Anglais dès l’occasion suivante.

Bisping a trouvé le moyen de continuer son travail de promotion même quand personne ne lui demandait son avis.

« Tu vois Georges, c’est comme ça que ça fonctionne. Ça s’appelle une conversation », a-t-il lancé après un échange enflammé entre Cody Garbrandt et T.J. Dillashaw, qui feront les frais de la demi-finale du gala.

« Est-ce que quelqu’un a des questions pour Georges?, a plus tard demandé Bisping sur un ton de dérision. Ça fait quatre ans qu’il ne s’est pas retrouvé dans cette position. Pourquoi tout le monde n’en a absolument rien à foutre? »

Devant ces questions rhétoriques, St-Pierre n’a jamais bronché, se contentant de rigoler calmement face au spectacle qui se déroulait à sa droite.

« Ma seule crainte, c’est de me faire caresser jusqu’à ce que mort s’en suive samedi soir », a réagi Bisping devant cette paisible indifférence.

« C’est parfait comme ça, c’est le calme avant la tempête, a fini par dire GSP. S’il veut dépenser son énergie de cette façon, qu’il le fasse. »  

Avare de paroles, St-Pierre a été étonnamment loquace par ses gestes lorsqu’est venu le temps d’opposer les combattants dans un face-à-face à la fin de la séance de questions. Le Québécois s’est avancé d’un pas sûr, en riant, et a rapidement dressé les poings vers Bisping, qui n’a pas daigné lever les poings. Avant de briser la pose, St-Pierre a tiré la langue à son vis-à-vis, qui a gracieusement répondu en lui montrant son majeur.

La bonne nouvelle, c’est que le cirque tire à sa fin. Vendredi matin, les deux rivaux tenteront de faire osciller la balance à 185 livres avant de retourner dans leurs quartiers. St-Pierre réfléchira peut-être à tout le chemin parcouru au cours des quatre dernières années. Bisping se promettra de tout faire pour garder une ceinture qu’il a gagnée à sang et à sueur.  

Puis ce sera le temps de se battre, finalement. Ne reste qu’à espérer que le combat saura s’élever au-delà de la mascarade qui l’a précédé.  

La guerre psychologique se poursuit
Face-à-face : GSP-Bisping
« Je ne serai pas une victime samedi »

 

« Bisping nous sous-estime »