MONTRÉAL – Olivier Aubin-Mercier a été clair dès le début. Bien sûr, il voulait atteindre tous ces buts pour lesquels on le croyait destiné. Évidemment qu’il rêvait de devenir un jour champion du monde. Mais il y arriverait à sa manière.

Alors âgé de 25 ans, avec seulement une poignée de combats dans son bagage, il n’avait aucune raison de vouloir précipiter les choses.

Aujourd’hui, près de deux ans après avoir amorcé sa carrière à l’UFC avec une défaite contre Chad Laprise, Aubin-Mercier est non seulement satisfait du travail qu’il a accompli, mais il n’entend pas changer son plan de match d’un iota.  

« Je vais prendre mon temps, a réitéré le jeune combattant mercredi. Je pense qu’il me reste encore cinq ans minimum dans le sport, alors pour moi, ça n’aurait pas vraiment de sens de me battre tout de suite contre des gars du top-15. J’aimerais peut-être commencer à penser à la ceinture dans deux ans. Mais avant ça, je pense que ça ne serait pas la meilleure idée. »

Aubin-Mercier a aligné trois victoires depuis qu’ont séché les larmes qui coulaient sur son visage après sa défaite en finale de l’émission de téléréalité l’Ultime Combattant. Après avoir réussi une soumission mémorable contre Jake Lindsey pour conclure son « année recrue » du bon pied, il a enchaîné avec des victoires relativement faciles contre les Américains David Michaud et Tony Sims.

Pour 2016, le « Québec Kid » se souhaite une année plus occupée, mais sous le signe de la continuation.  

« J’aimerais me battre trois fois par année, mais contre des gars de ma bracket. Des gars avec la même expérience et qui font partie de la même échelle salariale. Pas des gars avec 15 combats dans l’UFC », précise-t-il.

Mais la prudence d’Aubin-Mercier ne doit pas être confondue pour de l’insécurité. Même si le top-15 de la division des légers est probablement celui qui jouit de la plus belle profondeur au sein de l’effectif de l’UFC, l’athlète de Saint-Bruno-de-Montarville, en se basant sur ses nombreuses séances d’entraînement avec ses coéquipiers réputés du Tristar Gym, prétend qu’il pourrait déjà s’y faire justice. C’est plutôt en pensant à d’autres chiffres que ceux indiquant les victoires et les défaites qu’il tente d’orienter sa carrière.  

« Je pense que je peux être compétitif, mais présentement, ça ne serait pas intelligent que j’y aille. Je regarde comment ces gars-là sont payés comparativement à moi. Si je gagne, qu’est-ce qui va arriver? Je vais continuer à me battre contre des top-15 même si je suis payé la même chose. Pour moi, c’est de la business. Et en plus, je ne suis pas le plus expérimenté. J’ai plus de combats dans l’UFC qu’à l’extérieur de l'organisation. Je pense encore qu’il faut que je m’habitue à rester dans la cage. »

Aubin-Mercier (7-1) poursuivra donc sa progression contre Diego Ferreira, qu’il affrontera le 30 janvier à Newark, au New Jersey, en sous-carte du gala qui mettra en vedette les mi-lourds Anthony Johnson et Ryan Bader. Le profil de Ferreira (11-2), qui a quatre combats d’expérience à l’UFC, s’apparente à ceux des adversaires précédents d’Aubin-Mercier, mais le Brésilien se démarque en ce sens qu’il a déjà affronté quelques-uns des grosses pointures à 155 livres. Beneil Dariush et Dustin Poirier, deux combattants classés dans le top-15, lui ont infligé ses deux plus récentes défaites.

« Debout, je crois que mes deux derniers rivaux étaient meilleurs que lui. Mais au sol, c’est sûr que c’est le meilleur contre qui je vais m’être battu », évalue Aubin-Mercier, qui a décroché six de ses sept victoires chez les pros par voie de soumission.

« Je me suis toujours battu contre des cogneurs ou des lutteurs qui aimaient rester debout. Ça va être la première fois que je vais avoir quelqu’un qui veut vraiment aller au sol, pour qui c’est une spécialité. C’est une ceinture noire de jiu-jitsu, il l’a obtenue au Brésil en plus. Pour moi, c’est motivant parce que c’est différent. »

Nouveaux partenaires, nouvelles expériences

Toujours loyal à son entraîneur original Richard Ho, du gymnase H2O de Montréal, et à l’équipe de Firas Zahabi, Aubin-Mercier a dévié un peu de sa routine avant d’amorcer son camp d’entraînement. À la demande de Zahabi, le Québécois est allé passer une dizaine de jours au Texas pour prêter main forte à l’étoile montante de l’UFC Sage Northcutt. Les deux jeunes hommes s’étaient bien entendus lors d’un séjour préalable de « Super Sage » au Tristar et l’Américain était à la recherche d’un bon lutteur pour se préparer en vue de son combat contre Cody Pfister.

« On est BFF (N.D.L.R. Best Friends Forever)! », a rigolé le toujours sympathique judoka quand on l’a questionné sur son expérience au pays de l’Oncle Sam.

« Personnellement, c’est sûr que j’aime mieux m’entraîner ici avec tous mes partenaires, mais c’était une super belle expérience. On approche tous les deux l’entraînement de façon très différente. Il est plus basé sur le conditionnement physique que moi. C’était intéressant de voir comment il faisait ses affaires et je me suis bien entendu avec toute sa famille. »

De retour à Montréal, Aubin-Mercier a fait une autre rencontre inspirante alors que le Belge Tarec Saffiedine est débarqué au Tristar pour y tenir son camp d’entraînement. Inactif depuis sa défaite par K.-O. technique contre Rory MacDonald il y a plus d’un an, le mi-moyen reprendra le collier contre Jake Ellenberger sur la même carte qu’Aubin-Mercier.

« C’est cool parce que ce gars-là, quand j’ai commencé les arts martiaux mixtes, je regardais comment il faisait ses coups de pied justement pour étudier sa technique. Aujourd’hui, de m’entraîner avec lui, c’est quand même quelque chose de spécial. »