On n’a plus le choix d’admettre que Georges St-Pierre est le meilleur combattant de l’histoire. Le roi est de retour!

Toute la semaine, Georges avait été dans un bon état d’esprit, ça s'est bien passé. Il était de bonne humeur, il faisait des blagues avec les dirigeants et les employés de l’UFC. Lorsqu'il a grimpé dans l'octogone, il nous a regardés moi et mon collègue Jean-Paul Chartrand aux abords de la cage en nous faisant un petit clin d’œil. Il était conscient de ce qui se passait autour, il était content et ça paraissait. Il allait là pour s’amuser et je pense que ça a paru dans la performance incroyable et historique qu’il a offerte face à Michael Bisping pour s'emparer de la ceinture des poids moyens. Surtout comparativement à ses dernières performances où il ne semblait plus avoir autant de plaisir, où sa mission semblait de tout simplement faire le travail, sans plus.

Le plan est clair pour White : GSP-Whittaker

Au premier round, je pense que Bisping avait extrêmement peur de la lutte de Georges, et c’est pour ça qu’il est resté un peu plus timide dans ses attaques. Je pensais qu’il allait l’attaquer et essayer de le rendre inconfortable au départ. Mais en même temps, c’était aussi un danger, car si tu fonces trop tête première, tu peux donner des amenées au sol gratuites et plus faciles à ton adversaire. Sérieusement, je pense qu’il avait vraiment peur, et quand Georges décidait d’amener ça au sol, il le faisait. C’est sûr que c’est compliqué de maintenir Bisping au plancher, il est bon pour se relever et c’est ce qui est arrivé, mais ça a donné une chance à Georges en début de combat de retrouver les sensations et les repères qu’il avait il y a quatre ans. Son jab était assez efficace, comme avant qu’il parte, mais on a aussi vu de nouvelles armes avec son crochet de la gauche qui lui a même permis de terminer éventuellement le combat.

Au deuxième round, c’était encore assez égal, mais c’est sûr que Georges a subi beaucoup de dommages en étant entre autres coupé au visage. Le Québécois a amené le combat au sol mais ce n’est pas lui qui avait l’avantage. Même si Bisping était en dessous, c’est lui qui a fait le plus de dégâts. C’est sûr qu'il n’allait pas se laisser faire et qu’il allait revenir. C’est un gars super résilient et il l’a démontré durant sa carrière. Georges s’est fait cogner solidement deux fois, et il a bien encaissé le tout, mais on commençait à le voir ralentir un peu et être un peu plus fatigué. Bisping avait réussi à résister à ses amenées au sol et finalement ça avait demandé beaucoup d’énergie à Georges. Oui, il avait un 15 livres de plus à transporter, mais il y a aussi toute la nervosité et toute l’excitation qui entrent en ligne de compte. Il y en a qui se batte tous les quatre mois et ils manquent d’énergie après le premier round, alors imaginez à quel point c’est difficile de gérer tout ça après quatre ans d'absence. En plus, ajoutons à ça son nouveau poids, puis le fait que Bisping est un gros bonhomme et qu’il s’était bien préparé.

Enfin, au troisième, Georges a à nouveau dépensé énormément d’énergie sur sa dernière projection. Ça a été difficile mais il a réussi à l’avoir. Il n'est pas parvenu à faire beaucoup de dommages, mais il était actif quand même sur le dessus. Bisping a encore une fois réussi à se relever et ils sont revenus debout. Georges a commencé à placer son jab, il était super efficace. Il a suivi ça avec de belles combinaisons, jusqu’à ce qu’il y aille d'une frappe au corps suivie d’un crochet à la tête qui a fait chuter l'Anglais. Georges a repris la position de dessus, et lorsque tu es ébranlé comme c'était le cas de Bisping, c’est difficile de s’en défaire car GSP a un bon ground and pound, il est actif. À un moment donné, il a voulu se faire de l’espace, Bisping lui a donné le dos, il l'a pris, et ce n’était plus qu'une question de temps avant que ça se termine.

Nous étions situés tout près du clan de GSP, qui comprend son entraîneur principal Firas Zahabi, Freddie Roach, John Danaher et Jorge Blanco. Au niveau du combat debout, on lui demandait de travailler latéralement, de ne pas rester une cible fixe, d’aller de gauche à droite. On voulait qu’il travaille en angle pour forcer Bisping à aller vers le côté droit de Georges, passer l’overhand. On voulait qu’il travaille aussi beaucoup sur son jab. Même entre le deuxième et le troisième round, on entendait Firas lui dire : "si tu veux te faire plus d’espace, tourne gaucher". C'est quelque chose qu'ils avaient beaucoup pratiqué, mais finalement il n’en a pas eu besoin.

GSP a dit avant l'affrontement qu'il était encore meilleur que par le passé. C’est vrai que c’était une meilleure version de lui-même qu’on a vue. Ça a été un combat comme on le souhaitait. Il a fait taire plusieurs critiques, parce qu’il n’y en a pas beaucoup qui comprenaient son retour. Il voulait revenir pour des raisons personnelles, il voulait passer à l’histoire et devenir champion du monde dans deux catégories de poids différentes. C’est ce qu’il a fait et il a ainsi rejoint trois autres combattants en BJ Penn, Randy Couture et Conor McGregor à ce chapitre. Il fait partie de l’histoire maintenant. Revenir après quatre ans comme ça, c’est phénoménal. Je pense que c’est le plus grand retour dans toute l’histoire du sport. GSP fait partie de l’élite mondiale, c’est une icône. C’est dur de croire ce qui arrive, et en plus, il a réussi à finir le combat avant la limite. C’est encore un autre exploit. Il n’avait pas réussi à faire ça depuis son K.-O. aux dépens de BJ Penn en 2009. Dans le cas d'une soumission, la dernière était survenue face à Matt Hughes en 2007.

Donc, l'UFC compte trois nouveaux champions avec GSP, TJ Dillashaw et Rose Namajunas. Pour deux athlètes qui ont été déchus, Cody Garbrandt et Joanna Jedrzejczyk, il s'agissait d'une première défaite en carrière. Ça a été une soirée spectaculaire, historique, avec notamment quatre K.-O. en cinq combats sur la carte principale. C'est parmi le top-3 des meilleurs évènements qui ont eu lieu en compagnie de l’UFC 189 et de l’UFC 100.

Une performance historique pour GSP
GSP cimente sa place parmi les plus grands