MONTRÉAL – Olivier Aubin-Mercier avoue avoir ressenti une nervosité inhabituelle avant son dernier combat, une défaite par décision unanime contre Alexander Hernandez. Avec le recul, il impute cette mauvaise surprise à la quantité insuffisante d’information qu’il avait été en mesure de colliger sur son adversaire en amont du duel.

 

« Il était comme un mystère, a réitéré Aubin-Mercier mercredi. Je ne savais pas contre qui j’allais me battre. »

 

Hernandez n’avait qu’un combat dans l’UFC à son actif avant d’être mis à l’horaire contre le « Canadian Gangster » et celui-ci n’avait duré que 42 secondes. Le problème ne se posera pas contre Gilbert Burns, qu’Aubin-Mercier affrontera le 8 décembre à l’UFC 231. Le Brésilien de 32 ans a presque 90 minutes d’expérience dans l’octogone. Pas besoin de travailler à la NASA pour le trouver sur bandes vidéo.

 

« On a beaucoup de stock sur lui et je pense que c’est un gars beaucoup plus prévisible que Hernandez pouvait l’être pour nous, confirme Lévis Labrie, l’un des entraîneurs d’Aubin-Mercier. Avec tout ce qu’on a sur lui, je ne pense pas qu’il puisse arriver et nous surprendre avec quelque chose qu’on n’a jamais vu. »

 

Labrie décrit Burns, une ceinture noire en jiu-jitsu brésilien, comme « l’un des meilleurs grapplers de la planète ». Sept de ses treize victoires ont été acquises par soumission, dont trois de ses quatre premières à l’UFC. Mais plus récemment, c’est avec la puissance de ses poings que « Durinho » s’amuse à laisser sa marque. Ses deux derniers triomphes ont été scellés par sa main droite, qui lui a chaque fois permis d’assommer ses adversaires en moins de deux rounds.

 

Conforté par ses habiletés supérieures au sol, Burns n’hésite pas à laisser partir ses mains dans le but de faire mal, sachant trop bien que les risques que son adversaire soit tenté de se jeter dans ses jambes sont minimes. Sa force de frappe ne fait aucun doute, mais elle est accompagnée d’un astérisque : elle est généralement déployée sans souci aucun pour la riposte et les ouvertures qui en découlent le rendent vulnérable à la contre-attaque.

 

« Ce n’est pas le gars le plus technique en ville », résume efficacement Aubin-Mercier.

 

« Il est prévisible, approuve Labrie. C’est souvent les mêmes patterns qu’il va lancer. Je ne veux pas trop entrer dans les détails techniques, mais il amorce souvent ses attaques de la même façon, en emmagasinant sa puissance avant d’exploser à l’intérieur. Tu peux le contrer. »

 

« Mais ce qui fait de lui un combattant dangereux, prévient le coach du même souffle, c’est que du point A au point B, il est capable de couper la distance quand même rapidement et de créer une bonne shot. C’est un gars super explosif et puissant. »

 

Addition par soustraction

 

Sans nécessairement aspirer à rivaliser de puissance avec son opposant, Aubin-Mercier s’attend au moins à se présenter devant lui avec une plus belle mine. Celui qui a jadis été connu comme le « Québec Kid » soutient que ses aiguilles pointaient dans le rouge à son dernier combat, un pépin qu’il met sur le dos du surentraînement.

 

« C’est arrivé souvent que [mon entraîneur] Firas [Zahabi] me dise : ‘Olivier, t’es fatigué, retourne chez toi pis repose-toi!’ Il y avait clairement quelque chose qui ne fonctionnait pas. Et ça c’était deux ou trois semaines avant mon combat. »

 

« Disons que des fois, une journée de congé dans ta semaine, ça fait toute la différence pour les autres jours. Et peut-être que pour ce camp d’entraînement là, il ne l’a pas fait, reconnaît Lévis Labrie du bout des lèvres. Il était peut-être plus stressé aussi. Il savait qu’il se battait à Calgary et que s’il l’emportait, son truc du Canadian Gangster, ça aurait vraiment explosé. Il était peut-être plus stressé que ses camps précédents. »

 

Pour s’assurer que l’origine du problème n’était pas plus profonde, Aubin-Mercier s’est payé un séjour à Las Vegas, où il a visité l’imposant complexe d’entraînement que l’UFC met à la disposition de ses combattants.

 

« Je voulais voir si j’avais des problèmes physiques, mais dans tous les tests que j’ai faits, le VO2 max et toutes ces affaires-là, j’ai pété des records. On m’a dit que c’était vraiment très bon, alors j’ai cherché ailleurs. On a adapté des choses pour ce camp-ci, on y est allé un peu plus intelligemment. »

 

Aujourd’hui, autant l’athlète que l’entraîneur promettent que les leçons d’usage ont été apprises. À une dizaine de jours de son retour à la compétition, Aubin-Mercier prétend s’être efficacement mis à l’abri des baisses de régime indésirables.

 

« Mon horaire est plus dispersé. Des fois je faisais peut-être deux entraînements trop difficiles dans la même journée. Qu’on le veuille ou non, en MMA, les athlètes, on a la mentalité qu’il faut toujours y aller à 100 000%, mais ce n’est pas nécessairement la bonne façon de voir les choses. »

 

« On sait qu’on a fait une couple d’erreurs dans les derniers jours, les dernières semaines du dernier camp, répète Labrie avec un peu plus de conviction. Malgré tout, ce n’est pas comme si ce combat-là avait été à sens unique. On a beaucoup plus d’outils après avoir traversé trois rounds de cinq minutes contre Hernandez et ce n’est pas un combat duquel il faut ressortir la tête basse. C’est un combat qui va nous rendre meilleurs. » ​