BROOKLYN, New York – Khabib Nurmagomedov a des comptes à régler avec quelques rivaux. Tony Ferguson, qu’il devait affronter en finale de l’UFC 223 avant que la carte de l’événement ne s’émiette, apparaît évidemment comme un adversaire logique. Conor McGregor, qui a semé la pagaille en tentant de s’attaquer à l’entourage du Russe cette semaine à Brooklyn, a certainement sa place sur cette liste.

 

Mais ce n’est pas à « El Cucuy », ni au « Notorious » que Nurmagomedov a lancé un défi après sa victoire sans équivoque aux dépens d’Al Iaquinta samedi soir au Barclays Center.

 

« Comme l’a déjà dit Georges St-Pierre, même si on est une ceinture noire, on doit toujours penser comme une ceinture blanche. Et maintenant, je veux me battre contre Georges St-Pierre au mois de novembre au Madison Square Garden », a proposé Nurmagomedov samedi après avoir remporté la ceinture de champion de la division des poids légers.

 

Plusieurs heures après son triomphe, Nurmagomedov a précisé sa pensée en conférence de presse.

 

« J’en parlais avec mon père l’année dernière et il me disait que son combat de rêve pour moi, c’était contre Georges St-Pierre. Il y a 11 ou 12 ans, alors que je faisais des compétitions en lutte Sambo, GSP se battait déjà pour le titre. Je suivais sa carrière quand j’étais jeune. Il est le plus grand athlète que l’UFC a connu. Champion à 170, champion à 185 et j’entends dire qu’il veut écrire l’histoire en gagnant une troisième ceinture. Pourquoi pas? »

 

À son tour au podium, Dana White a affirmé ne pas avoir eu vent du souhait de son nouveau champion. « Je n’ai plus la force d’avoir une opinion sur quoi que ce soit après la semaine qu’on vient de traverser, a soupiré le président de l’UFC. Mon cerveau est en compote et mon corps tombe en ruine. »

 

Iaquinta, un aspirant de dernière minute que l’UFC a jeté aux fauves après les forfaits successifs des deux premiers combattants qui avaient été pressentis pour affronter Nurmagomedov, devait se dire la même chose après avoir passé 25 minutes dans une cage avec la terreur du Daghestan. Les cartes rendues par les juges étaient d’ailleurs un bon indicateur du calvaire qu’il avait dû endurer « Raging Al ». Elles se lisaient comme suit : 50-44, 50-43, 50-4.

 

Les deux premiers rounds ont suivi le script imaginé. Iaquinta sur le dos, Khabib en bourreau. Le combat était tout, sauf destiné à atteindre la limite.

 

Au troisième, Nurmagomedov a décidé de s’amuser à la verticale. Les crochets désespérés d’Iaquinta ne faisaient que fendre l’air tandis que Khabib poinçonnait son visage ensanglanté avec son jab. Mais à son arrivée dans son coin, Iaquinta a été accueilli par une équipe enflammée. « Fuck yeah, Raging Al! », lui a crié Matt Serra.

 

Dix pénibles minutes plus tard, Iaquinta quittait l’octogone sur son bouclier tandis que Nurmagomedov en redemandait.

 

« Donnez-moi 20 minutes et un peu d’eau et je serai prêt à affronter n’importe qui », a blagué le nouveau champion, qui montre maintenant une fiche de 26-0 et qui est invaincu en dix combats à l’UFC.

 

Le temps d’une Rose

 

Rose Namajunas a passé son message samedi soir à l’UFC 223 : la première fois n’avait rien d’un coup de chance.

 

Namajunas a conservé la ceinture qu’elle avait ravie à Joanna Jedrzejczyk en novembre dernier, arrachant une spectaculaire victoire par décision unanime à sa grande rivale polonaise dans la clameur du Barclays Center de Brooklyn.

 

La championne, qui s’était emparée du titre avec un expéditif K.-O. lors de son premier rendez-vous avec la gloire, a cette fois fait durer le suspense. Sa domination n’a toutefois jamais été remise en doute. Les trois juges ont rendu le même pointage de 49-46 en sa faveur.

 

« Je m’attendais à gagner par décision partagée, mais quand j’ai entendu Bruce Buffer annoncer les pointages, je me suis dit ‘Ok, on va gagner facilement’. Ça a été une grande surprise. Les chiffres ne mentent pas », a prétendu Jedrzejczyk en conférence de presse.

 

Selon FightMetric, Jedrzejczyk a touché la cible avec 145 frappes significatives contre 105 pour Namajunas. La Polonaise a aussi affiché un taux de précision de 41% contre 35% pour sa tombeuse.    

 

Au-delà des statistiques, Jedrzejczyk aura été une aspirante fière et tenace. L’état de son visage au terme des 25 minutes infernales qu’a duré la bataille ne devrait pas être interprété comme le symbole de son infériorité, mais plutôt comme la preuve de sa grande valeur.

 

« Du début à la fin de mon camp d’entraînement, je n’ai pas arrêté de me demander comment elle avait bien pu faire ça cinq fois de suite, a dit Namajunas en faisant référence à la longueur du règne de celle qu’elle a détrônée. J’ai un grand respect pour elle. »

 

Dès le début du deuxième round, Jedrzejczyk montrait les signes de son destin. Les marques sur le côté droit de son visage criaient l’évidence : le crochet de gauche qui avait causé la première défaite de sa carrière lui causait encore des problèmes. Chaque fois qu’elle décochait un jab, chaque fois qu’elle fouettait son tibia sur la cuisse de Namajunas, une violente riposte l’attendait. Le sourire de Joanna à la sortie de chaque échange, ne vous méprenez pas, en était un de résignation.

 

Au troisième round, l’intérieur de la cuisse gauche de Namajunas avait changé de couleur et Jedrzejczyk, toujours confiante, continuait d’appliquer la pression. Elle agitait les bras vers les cieux au son de la sirène, faisant savoir à tout le monde qu’elle était encore capable d’en prendre.

 

Au quatrième, on s’est demandé si « Thug Rose », moins proactive et moins cinglante dans ses répliques, n’était pas en train de faner. Mais son retour en force au dernier round s’est matérialisé sous la forme de petites gouttelettes rouges qui ont commencé à colorer le visage de l’aspirante. Jedrzejczyk avait du cœur pour dix, mais ça ne suffirait pas.

 

Elle avait dominé la division sans trop de résistance pendant près de trois ans. Mais contre Rose, il n’y avait rien à faire.

 

Le reste de la carte principale

 

Dans le dernier combat de trois rounds de la soirée, le Brésilien Renato Carneiro (12-1-1) est revenu sur le sentier de la victoire en défaisant Calvin Kattar (18-3) par décision unanime. Kattar avait gagné ses dix batailles précédentes et était invaincu à ses deux premières sorties dans l’octogone.

 

Olivier Aubin-Mercier spectaculaire!

L’espoir russe Zabit Magomedsharipov (15-1) est demeuré parfait en trois apparitions à l’UFC, ayant le dernier mot sur Kyle Bochniak (8-3) dans un combat qui a enflammé  le Barclays Center.

 

En lever de rideau de la carte principale, le vétéran Joe Lauzon (27-15) n’a pas été en mesure de sortir de son coin pour le début du troisième ronde et a concédé la victoire à Chris Gruetzmacher (14-3).

 

L’un des combats de la carte préliminaire impliquait par ailleurs le Québécois Olivier Aubin-Mercier.

Il a signé une quatrième victoire consécutive contre l’Américain Evan Dunham.

La carte du gala

Combat

Catégorie

Verdict

Carte principale

Khabib Nurmagomedov c. Al Iaquinta

Légers

Nurmagomedov par décision unanime (50-44, 50-43 x 2).

Rose Namajunas c. Joanna Jedrzejczyk

Pailles

Namajunas par décision unanime (49-46 x 3)

Renato Moicano c. Calvin Kattar

Plumes

Moicano par décision unanime (29-28, 30-27, 30-27)

Zabit Magomedsharipov c. Kyle Bochniak

Plumes

Magomedsharipov par décision unanime (29-28, 30-27 x 2)

Joe Lauzon c. Chris Gruetzmacher

Légers

Gruetzmacher par abandon de Lauzon à la fin du 2e round

Carte préliminaire

Karolina Kowalkiewicz c. Felice Herrig

Pailles

Kowalkiewicz par décision partagée 29-28, 28-29, 29-28

Evan Dunham c. Olivier Aubin-Mercier

Légers

Aubin-Mercier par K.-O. technique au 1er round

Bec Rawlings c. Ashlee Evans-Smith

Mouches

Evans-Smith par décision unanime (30-27 x 3)

Devin Clark c. Mike Rodrigue

Mi-lourds

Clark par décision unanime (29-28, 30-27 x 2)

Vidéos de la soirée

Une première victoire par K.-O. pour Aubin-Mercier
« C'est un bon feeling! »
Un nouveau surnom et une entrevue magique!