MONTRÉAL – Quand la nouvelle du forfait de Rafael Dos Anjos a fait surface, la semaine dernière, un pan considérable de la confrérie des combattants de l’UFC s’est porté volontaire pour prendre sa place et affronter Conor McGregor à moins de deux semaines d’avis.

Nordine Taleb, lui, s’est gardé une petite gêne. Bien sûr, chez lui comme chez tous les autres, l’appât d’un combat aussi lucratif fait naître des idées de grandeur. Mais pour l’instant, le cogneur d’origine française en a bien assez sur les bras avec Erick Silva, qu’il affrontera samedi, sur les ondes de RDS2, en sous-carte de l’événement qui mettra en vedette McGregor à son nouvel adversaire, Nate Diaz.   

« Pour être franc, je ne suis pas très excité par tout ce qui se passe autour, a laissé tomber Taleb lors d’un récent entretien. Je suis vraiment concentré sur moi. Dans ma tête, je suis le seul combat sur la carte. »

Plusieurs observateurs ont froncé les sourcils quand l’UFC a fait l’annonce du combat entre Taleb (11-3) et Silva (18-6). Les deux mi-moyens se remettent chacun d’une défaite, mais c’est à peu près là que s’arrête la recherche de points en commun. Silva, un Brésilien de 31 ans, a un profil plus en vogue et a affronté une brochette d’adversaires qui ne se compare pas à celle qu’on retrouve à la fiche de Taleb.

Mais le membre de l’équipe du Tristar Gym n’est pas impressionné par son prochain adversaire.

« Pour moi, c’est juste du hype, explique le Montréalais d’adoption. C’est pas la big shot, tu vois? En fait oui, je le vois gros parce qu’il a beaucoup de visibilité, une bonne réputation. Alors quand je vais le battre, ça va me faire un bon tremplin, je serai sur la mappe. Mais en tant qu’athlète, je pense que j’ai affronté plus féroce. »

Il est vrai que Taleb compte quelques adversaires de renom à son palmarès. Le premier qui lui vient en tête est Mariusz Zaromskis, un vieux loup aguerri qui lui a infligé la défaite à son dernier combat chez Bellator en 2012. Il pense ensuite à Mike King, qu’il a affronté lors des auditions de la 19e saison de The Ultimate Fighter.

« Même s’il s’est fait prendre sur le juice par la suite, on va tourner la page là-dessus et prendre seulement la performance. Il avait fini tout le monde au premier round et je l’ai poussé jusqu’au troisième avec une décision super serrée », se remémore celui qui avait finalement accédé à l’UFC après sa présence à l’émission TUF Nations.

Taleb inclut également dans le lot sa victoire par K.-O. contre Pete Sell, un vétéran de l’UFC qu’il avait affronté dans un combat de l’organisation Ring of Combat en 2011.

« À l’époque, il était encore fort, il avait plus d’expérience et je l’affrontais chez lui, je me suis fait huer par tous les Américains là-bas. Je ne l’avais pas eu facile dans les vestiaires, en plus, il s’était passé plein de choses. On a essayé de me faire la vie dure, mais j’ai tout surmonté. »

Tout ça pour dire que Taleb n’a rien à cirer de la réputation d’Erick Silva, de ses 15 victoires avant la limite et de la guerre mémorable qu’il a livrée à Matt Brown.

« Mon cheminement fait en sorte que je ne suis pas du tout intimidé. Je suis simplement excité et impatient de mettre toute mon expérience à l’œuvre. Avec un K.-O. au premier round, je pense que mon nom sera fait. »

Nordine TalebProvoquer l’hésitation

Justement, à propos de ce premier round.

Battu par Neil Magny l’été dernier, Silva a ses défauts et il est loin de montrer un parcours sans faute, mais on ne peut lui reprocher d’attendre que l’action vienne à lui. Ses six victoires au sein de l’UFC ont toutes été acquises avant la fin de la première reprise. Plus précisément, il a réussi deux K.-O. en moins d’une minute et complété quatre soumissions avant la première pause.  

Taleb devra donc être alerte et prêt à se battre dès le signal de l’arbitre.

« Même s’il s’est soldé par une défaite, je vais prendre l’exemple de mon dernier combat, réplique celui qui s’est incliné devant Warlley Alves en août. On me disait sans cesse que le gars commençait fort, mais moi, ce n’est pas l’effet que je donne à mes adversaires quand je suis en face d’eux. C’est peut-être dans le déplacement, dans l’attitude que j’amène dans la cage, mais les gars ont une petite phase d’hésitation et ne savent pas trop s’ils doivent exploser tout de suite ou quoi que ce soit. Après, je n’ai pas été chanceux, je me suis fait prendre dans une guillotine. Mais par rapport à ce que le gars devait amener en premier, il ne l’a pas fait avec moi. »

Taleb compte quant à lui cinq victoires avant la limite, tous des K.-O., depuis le début de sa carrière. Son dernier triomphe au premier round remonte toutefois à l’époque où il fourbissait ses armes sur la scène locale montréalaise.

« Qu’est-ce que Silva fera, qu’est-ce qu’il ne fera pas? Je suis prêt à toute éventualité », dit-il sur un ton indifférent.