Cela fait deux ans que la municipalité de Saint-Isidore, dans la Montérégie, souhaite rendre hommage à l'un de ses plus illustres citoyens, Georges St-Pierre. Mais le combattant d'arts martiaux mixtes éprouvait quelques réticences.

« Ça fait environ un an et demi, deux ans, qu'on m'a approché. C'est le maire de Saint-Isidore, Sylvain Payant, qui caressait ce projet, a raconté St-Pierre à La Presse Canadienne mercredi, alors qu'étaient dévoilées la Place GSP et la statue à son effigie. J'étais un peu hésitant, car j'étais dans une business où le but c'est de gagner, et pour gagner, il faut que tu fasses mal à l'autre. Il y a souvent des tactiques d'intimidation d'impliquées là-dedans. Les combattants disent des choses pour provoquer, blesser leurs adversaires. »

Ce n'est pas pour lui que St-Pierre hésitait.

« J'ai un bon bouclier et rien ne m'atteint au plan personnel, mais je savais que si (j'allais de l'avant avec ce projet), j'allais exposer ma famille, d'où je viens, et que ça pourrait donner l'occasion à mes adversaires de s'attaquer à ceux que j'aime pour s'attaquer à moi. C'est pourquoi j'étais réticent au début.

« Mais rendu à 40 ans, tu commences à penser à quelle marque tu pourrais laisser sur le monde. Pas de façon égoïste: ce que je pouvais laisser comme marque positive pour les gens, ajoute celui qui a mis quelques semaines à se décider. Je pense que cette statue, c'est un peu le symbole du petit gars qui a grandi, qui avait un rêve qu'il n'avait pas beaucoup de chances de réussir. Peu de gens croyaient en lui, mais il avait sa passion, sa famille et sa communauté derrière lui. Contre toute attente, il a réussi à accomplir son rêve C'est un symbole de réussite, de persévérance et la place est un endroit où les gens pourront se réunir. J'espère que ça pourra influencer plusieurs générations à venir.

« J'ai pensé à long terme. Mes parents et mes amis en sont fiers. Pour ma part, c'est un honneur. C'est plus important cette statue que d'avoir été intronisé au Temple de la renommée de mon sport. [...] Le Temple, c'est davantage pour moi. »

La statue est l'oeuvre de Tali Levesque. On le voit quelques années plus jeune, il a eu 40 ans le mois dernier, en position de combat, comme il l'a fait des centaines de fois dans sa vie.

« Tali est une artiste incroyable. Je faisais des blagues en voyant la statue: je disais qu'elle est la représentation du Georges sans cheveux, donc du Georges méchant, celui qui embarquait dans l'octogone quand j'étais à mon meilleur, a dit St-Pierre Celui que vous voyez aujourd'hui avec des cheveux, c'est la version gentille! Mais je pense que la plupart des gens, ce qu'ils veulent, c'est d'avoir une photo avec la version de GSP au sommet! »

Admis au Temple de la renommée de l'UFC en 2020, St-Pierre a de nouveau confirmé que sa carrière dans l'octogone est belle et bien terminée.

« J'ai d'autres projets. Ça fait deux ans que je travaille sur mon jeu (d'acteur), a souligné celui que l'on peut voir dans The Falcon and the Winter Soldier, série tirée de l'univers Marvel sur Disney+. Je le faisais auparavant, mais je n'avais pas le temps de me concentrer sur mon jeu, car j'avais des combats. Je prends maintenant des cours d'acting chaque semaine.

« Je vais toujours être dans le milieu du divertissement, mais je ne retournerai pas tenter d'être le plus fort au monde à l'UFC. Je ne dis pas que je ferai plus compétition: ça pourrait être pour une oeuvre caritative ou un combat d'exhibition, mais ma carrière sérieuse d'athkète est terminée. Je suis à une autre étape de ma vie. »

En attendant son prochain rôle, il attend l'allègement des règles sanitaires afin de pouvoir retourner manger chez ses parents, qui habitent toujours Saint-Isidor, chaque semaine, comme il le faisait avant, en plus de s'occuper de la Fondation GSP, qui a pour objectif de mettre un terme à l'intimidation chez les jeunes et de promouvoir l'activité physique en milieu scolaire.

« La fondation donne de l'argent à d'autres organismes qui aident les jeunes en sports-études ou encore en voie de se tailler une place aux Olympiques, et aussi pour ceux qui sont victimes d'intimidation. On travaille pour les générations futures », a-t-il conclu.