Carte de l'UFC 217

MONTRÉAL – Comment Georges St-Pierre se tirera-t-il d’affaire contre un adversaire à qui il concédera quelques centimètres, mais surtout plusieurs kilos, lors de son retour dans l’octogone? Il s’agit de l’une des principales questions auxquelles tentent de répondre les observateurs de tout acabit en attendant que l’ancien champion des mi-moyens de l’UFC se retrouve face à face avec l’actuel détenteur du titre des poids moyens Michael Bisping.

Autoéjecté des feux de la rampe après s’être établi comme le combattant le plus dominant de l’histoire de l’UFC dans la division des 170 livres, St-Pierre a décidé de mettre fin à une pause professionnelle de quatre ans, un plan déjà peu banal, en y ajoutant un coefficient de difficulté non négligeable. Pour la première fois de sa carrière, il se battra à un poids officiel de 185 livres.

Au cours des six derniers mois, St-Pierre a travaillé de concert avec Jean-François Gaudreau, un spécialiste en entraînement et en nutrition qui a supervisé sa prise de poids volontaire. Le 4 novembre, c’est un GSP manifestement plus costaud qui renouera avec l’arène. Mais son adversaire, un poids moyen naturel mesurant 6 pieds 2 pouces, le sera encore davantage et d’un point de vue stratégique, il s’agit d’une réalité que son clan a dû mettre à l’avant-plan lors de son camp d’entraînement.

Grand stratège de l’équipe de St-Pierre, Firas Zahabi admet que l’avantage que son élève concédera au niveau du gabarit le forcera à laisser quelques armes dans le fourreau pour son retour à la compétition.

« Quand vous affrontez un adversaire plus imposant, il y a des techniques et des stratégies qui doivent être écartées automatiquement parce que les chances qu’elles portent ses fruits sont largement amoindries, tranche Zahabi. Vous avez donc moins d’outils. Cependant, je crois fermement qu’un combattant plus petit détient l’avantage de la mobilité. Il peut se déplacer et changer de direction plus efficacement et c’est ce dont nous devrons tirer profit. »

Même lorsqu’il se battait dans sa division de poids naturelle, St-Pierre n’était pas considéré comme le plus imposant des mi-moyens. Sa vitesse, son sens de l’anticipation et son intelligence pugilistique sont les principaux atouts qui lui ont permis de soutenir un règne de près de six ans. C’est sur ces mêmes qualités que devraient reposer ses chances de succès contre Bisping.

St-Pierre soutient que les kilos qu’il a ajoutés à sa charpente n’ont pas affecté la fluidité et la rapidité de ses déplacements. « Je suis plus puissant. Je fais mes sprints et mes temps, même si je suis plus gros, sont meilleurs. J’ai plus de muscle, plus de power », assure-t-il.  

Au cours des dernières semaines, Bisping s’est attaqué à la réputation de St-Pierre, celle d’un combattant conservateur et ennuyeux qui a toujours placé sa sécurité avant le spectacle. Son principal argument : le Québécois n’a pas achevé un adversaire depuis sa victoire contre B.J. Penn en 2009. Ses sept victoires suivantes, bien que pour la plupart sans appel, ont toutes nécessité la lecture de la carte des juges.

Au grand dam du Britannique, la logique suggère que St-Pierre restera fidèle à la même formule sous les projecteurs du Madison Square Garden.  

« Dans chaque entrevue qu’il donne, il dit tout le temps la même affaire, fait remarquer St-Pierre. Il me supplie de ne pas lutter avec lui. Il dit que je vais essayer d’éviter le combat, que je vais faire un combat plate. Si tu comprends le message qu’il envoie, il me supplie d’échanger coup pour coup avec lui. Il a peur de ma lutte parce qu’il sait que si je l’emmène au sol et que je le frappe, il va se faire très mal. Il cherche donc à éviter ça en me provoquant, en me disant que je ne suis pas un homme. Si tu comprends l’art de la guerre, la tactique derrière ça, c’est ce qu’il fait. »

« Si Georges essaie d’aller coup pour coup, il va perdre, prédit son entraîneur. Moi je le sais, Georges le sait et Bisping le sait. Ça ne va pas être ça, la stratégie. Mais c’est pour ça que les arts martiaux ont été inventés, c’est pour ça qu’on met autant d’accent sur l’entraînement. Il faut amener Bisping où il est faible, éviter ses coups, le toucher sans se faire toucher. C’est sûr qu’il ne faut pas répliquer coup pour coup. »

Bisping (30-7) est un spécialiste de boxe anglaise qui affectionne particulièrement le combat debout. À l’instar de St-Pierre, sa force de frappe a longtemps fait l’objet de moquerie. Pourtant, 16 de ses 30 victoires ont été acquises par K.-O. C’est de cette façon qu’il a mis la main sur le titre des poids moyens de l’UFC, en juin 2016. Il avait alors éliminé Luke Rockhold en moins de quatre minutes.

« Il veut faire un combat de blood and guts, comme on dit, analyse Firas Zahabi. Il a beaucoup de courage, il peut encaisser beaucoup de coups et il frappe fort. Il a beaucoup de cœur et sa technique est bonne, mais ce n’est pas un gars comme Georges qui a vraiment maîtrisé beaucoup de disciplines. »

Depuis la confirmation de son combat contre St-Pierre, Bisping se plaît à jouer les vierges offensées. Il prétend que le Québécois l’a choisi pour son grand retour parce qu’il voit en lui une cible facile.

Il s’agit d’une théorie à laquelle s’oppose sans surprise Zahabi qui, on vous l’a déjà dit, est un fin stratège.

« Bisping est très dangereux et très compétent. [Depuis le resserrement des tests antidopage à l’UFC], tellement de noms sont tombés alors que celui de Bisping a monté. Ceux qui l’ont battu, dans le temps, avaient tous eu recours à des injections de testostérone ou à des crèmes de je-ne-sais-trop quoi. Ce temps-là est fini, c’est derrière nous et Bisping est champion. Pourquoi? Parce que je crois qu’il a été naturel tout au long de sa carrière et qu’il a toujours été le meilleur. »

« Il a toujours été le meilleur, répète Zahabi, mais on a vu quelques faiblesses et c’est sûr qu’il faut aller là. »

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