La carte complète de l'UFC Fight Night : Eye vs Calvillo

MONTRÉAL – Charles Jourdain opère sur deux fronts à l’aube de son retour dans l’octogone. Pendant qu’une partie de son cerveau est consacrée à la préparation de son prochain combat, l’athlète de Beloeil se permet de rêver aux portes que pourrait lui ouvrir une deuxième victoire consécutive.  

« Les gens disent que c’est important d’aborder les combats un à la fois. Oui, mais c’est aussi important d’avoir une vision plus large de ce qu’on veut accomplir », soupèse Jourdain de sa chambre d’hôtel de Las Vegas, où il affrontera samedi (RDS et RDS Direct à 19h) l’Américain Andre Fili. Georges St-Pierre disait tout le temps de ne pas regarder trop en avant, mais lui, il était champion. Tu ne peux pas regarder plus loin qu’être champion. Mais quand, comme moi, ta situation est de conquérir et non de défendre, j’aime voir loin. Ça me motive encore plus. »

Derrière l’une de ces portes se cache l’adversaire de ses rêves. Il y a six mois, après sa fracassante victoire sur Doo Ho Choi en Corée, Jourdain avait manifesté son désir d’affronter le vétéran Cub Swanson. Ce dernier, qui se remet d’une opération à un genou, a signifié sur les réseaux sociaux qu’il avait bien reçu l’invitation. 

Ni le temps, ni les plans divergents de l’UFC n’ont éloigné Jourdain de son objectif. Selon son raisonnement, non seulement la concrétisation du duel est toujours d’actualité, mais elle repose maintenant entièrement entre ses mains.

« Je pense que c’est la première chose que je vais dire au micro après avoir fini Andre Fili. Cub a tweeté qu’il allait regarder le combat, que j’étais mieux d’avoir une bonne performance. Ça fait comme générer un intérêt. [...] Quand je vais être dans l’octogone contre Fili, je vais penser à Cub. Ça va être pour lui dire : "Regarde ce qui va t’arriver si tu te retrouves devant moi." »

« C'est important d'accepter la peur »

Le scénario idéal de Jourdain ne s’arrête pas là. L’ancien champion de l’organisation TKO, qui s’est battu deux fois au Centre Bell au fil de son ascension sur la scène locale, aimerait s’armer d’arguments afin de convaincre l’UFC de revenir produire un événement au Québec. Le dernier passage de l’organisation à Montréal remonte à 2015 et Jourdain a fait de la fin de cette disette l’une de ses missions. 

« Avec une victoire de Marc-André Barriault la semaine prochaine et mon frère qui combat à Abou Dabi en juillet – avec une victoire je pense que l’UFC aimerait l’avoir – si toutes les cartes sont bien jouées, on aurait tout ce qu’il faut pour dire à l’UFC : "Hey, revenez au Québec". Je crois qu’on serait capable de remplir un aréna. Surtout si vous me mettez contre Cub Swanson », insiste Jourdain.

Pas besoin des juges

Les ambitieux projets de Jourdain ne devraient pas être interprétés comme du relâchement devant le prochain obstacle à se dresser devant lui. Andre Fili (20-7) est un adversaire dangereux, il le sait. Mais c’est surtout un adversaire dont le style se marie bien au sien, un pugiliste qui possède lui aussi un sens du spectacle bien développé.

« Dans le premier message texte qu’on avait envoyé [au matchmaker de l’UFC] Sean Shelby pour proposer des adversaires potentiels, Andre Fili en faisait partie parce que je sais qu’il va me donner un combat spectaculaire », affirme Jourdain, qui avait mentionné parmi ses préférences les noms d’Edson Barboza et Yair Rodriguez dans une entrevue précédente avec RDS. « Tous les noms que j’ai envoyés, ce n’est pas par manque de respect ou quoi que ce soit. C’est parce que je le sais que tu nous mets les deux dans un octogone et c’est une recette gagnante. »

Fili, un poids plume de 29 ans qui s’entraîne au sein du Team Alpha Male en Californie, en sera déjà à son 15e combat au sein de l’UFC. Il a affronté sa part de gros noms, mais n’a jamais été en mesure de coller plus de deux victoires consécutives depuis qu’il est à l’emploi de l’organisation. Il a remporté quatre de ses six derniers duels, mais a été battu à sa dernière sortie, une défaite par décision unanime contre son compatriote Sodiq Yusuff. 

« C’est un combattant très spectaculaire, évalue Jourdain. Il donne tout le temps des combats excitants. C’est un gars qui aime donner un show, comme moi. Il n’y a aucune raison pourquoi ce combat-là serait plate. Du début à la fin, ça va être moi qui vais essayer de passer au travers. Les juges pourront aller se faire un café pendant ce combat-là. On n’aura pas besoin d’eux. » 

Fili n’a pas subi la défaite avant la limite en plus de quatre ans. Le dernier homme à l’avoir éliminé avant la dernière cloche est Yair Rodriguez, aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs combattants à 145 livres. 

« Je sais qu’il est difficile à finir, mais il a été difficile à finir pour des fighters qui ne veulent pas finir un combat autant que moi, insiste Jourdain, dont les dix victoires sont survenues après un arrêt de l’arbitre. Il y a des gens qui aiment gagner, moi j’aime finir mon adversaire. Gagner par décision pour moi, ça n’a jamais été mon but. J’ai quinze minutes pour finir l’adversaire, pas quinze minutes pour gagner. »

Une opportunité de briller pour Jourdain