À 39 ans, Patrick Carpentier en a vu de toutes les couleurs dans le milieu de la course automobile, mais il ne s'attendait jamais à vivre une expérience aussi rocambolesque que celle de la dernière journée.

Samedi, le vétéran pilote profitait confortablement du beau temps à sa résidence de Las Vegas quand le téléphone a sonné.

«J'étais dans la piscine avec les enfants vers 14h quand Jay Penske, le fils de Roger, m'a appelé pour me dire qu'il avait besoin d'un pilote et qu'il était plus ou moins certain de leur coup avec Scott (Speed). Il m'a demandé si je pouvais me rendre à Indianapolis et tenter ma chance», a raconté Carpentier au RDS.ca.

Ne manquant pas d'audace en tant que coureur automobile, Carpentier a décidé d'accepter l'offre pour participer aux qualifications des prestigieux 500 milles d'Indianapolis.

«J'en ai discuté avec ma femme Anick et je me suis dit : pourquoi pas? on va l'essayer même si ça fait longtemps. C'était vraiment risqué, ma dernière présence dans une telle voiture remontait à 2005!», explique-t-il.

«Je ne dois pas habiter à Las Vegas pour rien, on dirait que j'aime ça prendre des paris risqués parfois», a blagué Carpentier.

Grâce à la recommandation de son ancien coéquipier Paul Tracy, Carpentier se retrouvait en l'espace de quelques heures dans un avion en direction du circuit mythique. Avant de décoller, le Québécois a cependant réfléchi à sa décision une dernière fois.

«Une fois rendu à l'aéroport, j'ai rappelé l'équipe pour leur dire que c'était audacieux. J'aurais seulement quelques heures pour dormir et sauter dans une voiture sans un siège adapté à mon physique ni un casque… Mais ils ont insisté et j'ai accepté», a dévoilé le pilote d'expérience.

La décision s'est vraiment prise sur un coup de tête.

«Personne ne le savait, même pas mes parents à qui je raconte tout où mon agent Robert Desrosiers», ajoute-t-il.

Le pari se transforme en accident

Au volant de la voiture numéro 20 de Dragon Racing, Carpentier a rapidement enregistré des chronos intéressants. L'expérience a toutefois mal tournée à son 24e tour quand son bolide est allé percuter un mur à vive allure.

«Je poussais à fond et ça allait bien; la voiture était stable. Alex Tagliani - son ami de longue date qui s'est qualifié en première position - est venu me donner un coup de main. Mon équipe m'a enlevé de l'aileron à l'arrière pour la dernière sortie et j'étais sous l'impression que j'étais sur des pneus neufs, mais ce n'était pas le cas. Malheureusement, tu ne peux pas enlever autant d'aileron sur des vieux pneus et le derrière de ma voiture est parti quand je suis rentré dans le virage 1», a raconté le sympathique pilote.

En l'espace de quelques secondes, l'espoir de Carpentier de qualifier la voiture s'est envolé en fumée. Heureusement, il a été en mesure d'éviter une grave blessure, mais il se rappellera de son pari au cours des prochains jours.

«J'ai mal aux côtes. En fait, le siège me rentrait déjà dans les côtes avant de foncer dans le mur», a-t-il précisé en trouvant le moyen d'en rire.

Durant sa carrière, Carpentier s'est forgé une belle réputation en Champ Car, en IndyCar et en NASCAR. Malgré sa grande expérience, cette journée restera la plus particulière.

«Ah oui, c'était l'expérience la plus spéciale de ma carrière. Après être arrivé durant la nuit, je me suis présenté au circuit pour une équipe avec laquelle je ne connaissais personne, j'ai embarqué dans l'auto pour quelques tours, ensuite il y eu l'accident et le retour à la maison…», s'est remémoré celui qui pilotera une voiture NASCAR à Montréal cet été.

«Je n'ai jamais vécu cela dans ma vie, mais je me suis dit : on va gambler! C'était bien spécial, mais je ne voulais pas refuser et me dire que j'aurais pu le faire.»

Ce retour aux sources n'a pas permis à Carpentier de remporter le gros lot à Indianapolis, mais il pourrait lui ouvrir quelques portes.

«Je pense que certaines personnes ont été impressionnées que je puisse rouler à fond comme cela aussi rapidement. C'est vrai qu'ils devaient l'être moins après l'accident, mais je pense que je pourrais le faire sauf que ça prend des essais et du temps.»

«Si jamais je participe à une course d'ici la fin de l'année, il faudra que ce soit mieux préparé. Après tout, ce sont des voitures très rapides et très dangeureuses, mais pour les tours que j'ai effectués, j'ai adoré en conduire une», a-t-il conclu.