PARIS, France - Rendre une Formule 1 plus rapide grâce aux lubrifiants et autres liquides de refroidissement, c'est possible : dans une discipline où les gains marginaux font la différence, les constructeurs travaillent désormais main dans la main avec leurs fournisseurs pour gagner des millisecondes.

« On est constamment à la recherche de fluides plus efficaces et moins lourds afin d'être plus rapides », résume le directeur de la technologie de Mercedes, Geoff Willis.

Le constructeur allemand et la compagnie nationale pétrolière de Malaisie Petronas développent ensemble monoplaces, carburants et fluides (huile moteur, huile de boîte de vitesses, liquide de refroidissement pour le moteur et ses composants électriques, et liquide de frein).

Cette « co-ingénierie », disent les partenaires, est un des ingrédients qui permettent à l'écurie de dominer la discipline depuis l'introduction en 2014 du moteur V6 turbo hybride, avec à la clé quatre titres consécutifs chez les pilotes et les constructeurs, et peut-être cinq fin 2018.

« Ça n'était pas comme ça avant », se souvient Eric Holthusen, directeur de la technologie chez Petronas, qui a connu la F1 avec Shell dans les années 1990. « J'ai travaillé avec différentes équipes et, par le passé, elles développaient un moteur et nous disaient ensuite : "voici notre nouveau moteur, donnez-nous un lubrifiant qui puisse résoudre tous les problèmes possibles". »

Performance

L'essence joue aujourd'hui plus que jamais un rôle central. Avec un réservoir limité à 105 kg en course, « la quantité d'énergie par kilo de carburant est essentielle », explique Willis. « Une bonne progression en termes de carburant se chiffre en dixièmes de seconde », estime-t-il.

Sous peine de pénalités sur la grille, les équipes sont limitées à trois moteurs par monoplace pour l'ensemble de la saison 2018. Elles ont en revanche toute latitude pour le carburant, les huiles et les lubrifiants. 

Elles utilisent donc ce levier pour gagner régulièrement en performance, sans attendre d'introduire une unité de puissance perfectionnée. Ainsi, en quatre ans, selon Holthusen, Petronas a testé 1000 lubrifiants et développé 500 pour la F1, ainsi que 200 carburants. 

Il n'est pas question uniquement de performance pure mais aussi de poids : une F1, même marginalement plus légère, est plus rapide. Ces quelques millisecondes peuvent peser lourd en qualifications.

« Ces petits changements peuvent en induire de beaucoup plus grands, poursuit le directeur de la technologie de Mercedes. Des liquides de refroidissement ou des lubrifiants plus performants nous permettent de concevoir une voiture plus rapide, par exemple en l'équipant de radiateurs de refroidissement plus petits, ce qui nous permet d'améliorer l'aérodynamique. »

Fiabilité

Chaque moteur devant tenir sept ou huit Grand Prix et chaque boîte de vitesses six, lubrifiants et liquides de refroidissement ont, enfin, un rôle d'entretien crucial. Ils sont aussi analysés scrupuleusement après usage afin de prévenir les défaillances.

« Quand un moteur s'abîme, vous trouvez d'infimes quantités de métal dans les fluides, c'est pourquoi nous les testons, pour empêcher ces métaux d'abîmer le moteur et repérer les zones d'usure », explique Andy Holmes, responsable de la recherche et de la technologie chez Petronas.

En plus d'envoyés spéciaux permanents dans les deux usines Mercedes en Grande-Bretagne, la firme malaisienne, sponsor-titre de l'écurie, dépêche deux ingénieurs lors de chaque Grand Prix, chargés d'effectuer ces analyses au plus près du garage.