MONZA, Italie - Vainqueur de sa première course en F1 la semaine dernière en Belgique, la première victoire cette saison pour Ferrari, Charles Leclerc peut réitérer dès ce week-end au Grand Prix d'Italie, devant des tifosi comme toujours survoltés.

Un succès à domicile, le cheval cabré n'en a plus connu depuis celui de l'Espagnol Fernando Alonso en 2010.

Qui de mieux pour rompre le sort qu'un discret mais charismatique jeune homme de 21 ans qui assure que, s'il n'était pas Monégasque, il serait Italien?

« La première victoire est toujours la plus dure. Cela enlève un poids de vos épaules et vous donne confiance », constate le jeune homme. « Maintenant, je peux me concentrer sur l'avenir et j'espère que d'autres viendront. »

« Après un premier succès, il est plus facile, en surfant sur cette lancée, de réussir un doublé, surtout quand les courses s'enchaînent d'un dimanche sur l'autre sur des pistes assez similaires », confirme le quintuple champion du monde Lewis Hamilton.

Le circuit de Monza, comme celui de Spa-Francorchamps, valorise en effet la vitesse en ligne droite, rare avantage dont la Scuderia peut se prévaloir cette saison. Et les pilotes Ferrari bénéficient ce week-end d'une version améliorée de leur moteur.

Le Britannique de Mercedes, par ailleurs, sait de quoi il parle: il a remporté ses deux premières victoires en F1 à sept jours d'intervalle en 2007.

« Prédestiné »

Sa fraîcheur et son parcours, de la filière de jeunes pilotes de la Scuderia à la F1, de la cruelle panne qui l'a privé du triomphe à Bahreïn à son succès en Belgique, ont forgé l'image de Leclerc.

À Spa, sa pole position conquise avec pas moins de 7/10es d'avance puis sa résistance devant Hamilton ont impressionné.

Mais l'on retiendra surtout sa force de caractère au lendemain de l'accident mortel du pilote français de Formule 2 Anthoine Hubert, son « ami » depuis leurs débuts en karting, auquel il a dédié sa victoire.

S'il a encore été moins applaudi que son équipier Sebastian Vettel par les 10 000 fans réunis à Milan mercredi pour célébrer les 90 ans de Ferrari, le Monégasque est d'ores et déjà l'élu de la presse italienne.

Pour le Corriere dello Sport, « après 13 GP, Ferrari s'est rendu compte que Charles Leclerc est le prédestiné qui doit recevoir l'héritage vainqueur de Maranello ».

L'équilibre des forces penche de plus en plus en faveur du jeune premier face au quadruple champion du monde Vettel, dominé une victoire à zéro et trois pole positions à une.

Faut-il s'attendre à un sursaut d'orgueil de l'Allemand, qui n'a plus gagné depuis la Belgique l'an dernier et a accepté de se sacrifier pour assurer la victoire de Leclerc? Et si oui, sous quelle forme?

« À la perfection »

On le sait imprévisible quand il est agacé ou sous pression, à l'image de son GP d'Italie 2018. Contrarié d'avoir été battu en qualifications par son équipier d'alors Kimi Räikkönen, il avait accroché Hamilton dans le premier tour pour partir en tête-à-queue, se condamnant à remonter de l'arrière du peloton à la 4e place.

Alors que la Scuderia a commis cette saison – et les précédentes – des erreurs qui l'ont privée du succès, « nous avons vu en Belgique que, pour gagner, nous devons tout exécuter à la perfection et c'est ce que nous visons également à Monza », martèle le patron Mattia Binotto.

« Si les Ferrari sont très performantes sur les circuits rapides le samedi (en qualifications), elles ne le sont pas autant le dimanche » en course, rappelle pour sa part Toto Wolff, son homologue chez Mercedes. « Nous ne sommes pas favoris mais nous ferons tout pour défier les Rouges. »

Un second succès de l'écurie italienne ne remettrait toutefois pas en question l'issue quasi-inéluctable du Championnat: un sixième sacre consécutif pour Mercedes chez les pilotes et les constructeurs.

À huit courses du terme, Hamilton compte 65 points d'avance sur son équipier finlandais Valtteri Bottas, 87 sur le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), 99 sur Vettel et 111 sur Leclerc. Chez les constructeurs, les Flèches d'argent ont 145 longueurs d'avance sur Ferrari et 217 sur Red Bull.

La lutte s'annonce tout de même intéressante entre Verstappen, contraint à l'abandon dès le premier tour en Belgique à la suite d'un accrochage et pénalisé sur la grille ce week-end pour un changement de moteur au-delà du quota autorisé par saison, et les deux pilotes Ferrari.

Le temps, qui s'annonce pluvieux, pourrait aussi jouer les arbitres entre tous ceux-là.

Stroll raffole du circuit de Monza