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Les F1 version 2022, des promesses partiellement tenues

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ABOU DHABI, Émirats arabes unis – Des courses « plus passionnantes » mais des écarts encore trop élevés: la nouvelle réglementation technique arrivée cette saison en Formule 1, censée pimenter le championnat, a conquis le paddock même si les fortes disparités entre écuries subsistent.

Cette « révolution » réglementaire a vu débarquer sur la grille des bolides totalement repensés dans leur conception aérodynamique pour leur permettre de se suivre plus facilement et de se dépasser pour créer des courses plus animées.

« Avec le changement de règlement technique, les voitures peuvent vraiment avoir un combat roue contre roue sur la piste », se félicitait en octobre le patron de la F1, Stefano Domenicali, dans un entretien à l'AFP.

Le profil de ces monoplaces semble avoir conquis les pilotes : « les courses se sont nettement améliorées », reconnaît le double champion du monde néerlandais Max Verstappen (Red Bull), pour qui le changement de règlement a été bénéfique, avec 14 victoires sur 21 courses avant l'ultime Grand Prix dimanche à Abou Dhabi.

Plutôt que de créer de l'appui avec des ailerons avant et arrière très travaillés et de nombreux appendices sur le châssis, les F1 2022 utilisent l'effet de sol, comparable à un effet de ventouse sous la voiture.

Ainsi, quand deux monoplaces se suivent, la seconde n'est plus autant gênée qu'auparavant par les turbulences produites par sa devancière.

« Ces nouvelles voitures nous ont permis de courir plus proches, d'être en mesure de doubler dans des endroits et des virages ou sur des circuits où, auparavant, c'était toujours plus difficile », explique l'Espagnol Carlos Sainz (Ferrari). « Les courses sont donc plus passionnantes. »

Gasly : « J'espérais plus de diversité »

Si, en piste, les nouvelles voitures permettent davantage de spectacle, la théorie voulait aussi qu'elles réduisent les écarts de performance entre les écuries.

Si l'on « regarde les podiums de cette année (...) j'espérais voir un peu plus de diversité dans l'ordre d'arrivée (...) avec peut-être plus d'équipes du milieu de classement à la lutte pour le podium », regrette le Français Pierre Gasly (AlphaTauri).

Avant le GP d'Abou Dhabi, seules Red Bull, Ferrari et Mercedes sont montées sur le podium – hormis McLaren, 3e au GP d'Émilie-Romagne en avril avec Lando Norris.

Derrière, les sept autres équipes sont dans « une mégabataille », savoure tout de même Frédéric Vasseur, patron d'Alfa Romeo.

« Chaque fin de semaine, on ne sait pas si on sera 7e sur la grille ou 19-20e. Et c'est très passionnant », poursuit-il, tout en regrettant la domination des trois premières écuries.

Pour l'heure, 159 points séparent la 4e écurie (Alpine/167 pts) de la dernière (Williams/8 pts), contre 338 unités entre Alpine (4e) et Mercedes (3e), au championnat des constructeurs.

Red Bull, devenue championne du monde chez les écuries il y a un mois, a quant à elle rapidement pris le large et pointe aujourd'hui à plus de... 550 longueurs d'Alpine! Et à 195 de Ferrari, 2e écurie. Hors d'atteinte.

Travailler l'aérodynamisme

« Si d'autres équipes avaient fait moins d'erreurs, on aurait eu une situation très différente », veut croire Domenicali, sans viser directement Ferrari, dont il a été le dirigeant.

La Scuderia avait le potentiel initial pour lutter, avec de belles batailles entre Verstappen et Leclerc en début de saison, mais elle n'a pas tenu la cadence, notamment stratégiquement.

« Ce n'est pas un problème de règlement », continue le PDG de la F1. « Je suis sûr que l'année prochaine, on aura un championnat très serré », en comptant notamment sur le retour en forme de Mercedes en cette fin d'année.

Dans le paddock, on espère aussi que le temps fera son oeuvre : « avec le temps passé en soufflerie (...) au fil des années, cela va tendre vers un même niveau de performance pour la plupart des équipes, ce qui, en tant que pilote, sera le mieux pour nous donner la chance de nous battre au sommet », avance Gasly, qui rejoindra Alpine l'an prochain.

Pour faire converger les niveaux de performances, le temps passé au développement de la monoplace en soufflerie, primordial pour travailler l'aérodynamisme de la voiture, est aujourd'hui inversement proportionnel au classement des écuries. Ainsi, plus une écurie termine loin au classement, plus elle peut passer de temps à perfectionner son aérodynamisme.

De plus, Red Bull, première cette saison, verra son temps réduit de 10 % supplémentaire pendant un an pour avoir dépassé le plafond budgétaire de 2021, année d'entrée en vigueur de ce mécanisme censé, lui aussi, réduire les écarts.