MONTMELO, Espagne – Erreurs stratégiques, pannes, nervosité : Ferrari dispose, de l'avis général, de la F1 la plus rapide et pourtant, en deux Grands Prix, la Scuderia, retombée dans ses travers, a perdu la tête du Championnat du monde des pilotes et des constructeurs.

À l'issue du GP d'Espagne dimanche, bouclé sur une quatrième place pour l'Allemand Sebastian Vettel, un abandon pour le Finlandais Kimi Räikkönen et un doublé pour Mercedes, les comptes sont sans appel.

Lewis Hamilton, vainqueur des deux dernières courses, voit son avance sur Vettel passer de 4 à 17 points. Räikkönen, quatrième, est relégué à 47 longueurs du Britannique et 10 du coéquipier finlandais de celui-ci, Valtteri Bottas. Chez les constructeurs, l'addition se porte à 27 unités de retard sur les Flèches d'argent.

En Catalogne, c'est une stratégie trop agressive qui a privé Vettel de podium. Pour mettre la pression sur Bottas, auquel l'Allemand avait chipé la deuxième place au premier virage, la Scuderia a très tôt appelé son pilote aux puits. Malheureusement, les pneus chaussés n'ont pas tenu la distance et celui-ci a dû s'arrêter une seconde fois, quand le Finlandais, lui, restait en piste.

Räikkönen, lui, a été stoppé par une perte soudaine de puissance, alors qu'il jouait également un podium et qu'il avait déjà été contraint de changer de moteur entre vendredi et samedi.

« De bien des façons, rien ne s'est passé comme il le fallait cette fin de semaine, a reconnu dimanche soir le patron de la Scuderia, Maurizio Arrivabene. Maintenant, calmement et avec précision, nous devons analyser les raisons nombreuses qui nous ont empêchés d'exploiter le potentiel montré lors des courses précédentes. »

Ferrari a certes prouvé (avec trois positions de tête en cinq GP) qu'elle avait comblé cet hiver son dernier retard sur Mercedes, dans l'exercice des qualifications, mais les racines des maux mis au jour en Espagne semblent profondes. Et rappellent les déboires de la mi-saison dernière (ennuis mécaniques en Malaisie et au Japon, accrochage au départ à Singapour), qui ont coûté les titres à la Scuderia et à Vettel.

« Vettel optimiste »

Pour preuve, avant même le contre-coup espagnol, les rouges n'ont pas capitalisé autant qu'ils l'auraient pu sur les difficultés de Mercedes avec ses pneumatiques et sur le défaut de « synchronisation » d'Hamilton avec sa monoplace.

Outre l'Australie, où un bug de logiciel a faussé les calculs stratégiques de l'écurie championne du monde en titre, offrant la victoire à Vettel, la Scuderia a perdu de gros points à Bahreïn avec un désastreux arrêt aux puits de Räikkönen qui, libéré trop tôt, a roulé sur la jambe d'un de ses mécaniciens et dû abandonner.

En Chine, Ferrari – comme Mercedes d'ailleurs – s'est fait surprendre par Red Bull, seule écurie de pointe à avoir, à l'entrée de la voiture de sécurité, rappelé aux puits ses pilotes pour un deuxième changement de pneus qui a assuré la victoire à l'Australien Daniel Ricciardo.

À Bakou, ce sont ses nerfs qui ont coûté cher à Vettel, qui a perdu trois places dans une tentative trop impatiente de dépassement sur Bottas dans les derniers tours.

« Aujourd'hui, nous n'avions tout simplement pas le bon rythme. Mercedes était plus rapide et nous n'avions pas tellement nos chances, minimisait l'Allemand dimanche soir. Nous avons fait de notre mieux, mais quelque chose manquait et va falloir travailler là-dessus (...) Mais je ne vois aucune raison de ne pas être optimiste pour la prochaine course », à Monaco le 27 mai.

Espérons pour le suspense que la Scuderia et son pilote phare sauront aussi exorciser leurs démons.