PARIS, France - « Terminer troisième n'est pas complètement impossible, ce doit être notre objectif minimal » en 2021, estime le dirigeants de l'écurie Ferrari Mattia Binotto à l'issue de la saison 2020, la « pire depuis 1980 » pour la Scuderia, avec une 6e place chez les constructeurs.

« Dire que nous pourrons nous battre pour le championnat serait irréaliste », a reconnu Binotto vendredi, lors d'une visio-conférence de presse depuis l'usine de Maranello (Italie) qui l'a vu s'excuser pour les résultats de cette année, « insuffisants » pour l'écurie au cheval cabré.

En effet, « l'écart est énorme » avec Mercedes, championne du monde des pilotes et des constructeurs depuis 2014. « Ils n'ont pas amené beaucoup de développements sur leur voiture en 2020 car ils étaient déjà concentrés sur 2021, donc je m'attends à ce qu'ils soient plus forts encore l'an prochain », anticipe le dirigeant.

« Mais si l'on regarde les cinq saisons précédant 2020, nous avons fini quatre fois 2e et une fois 3e, rappelle l'ingénieur italien. Nous avons été la seule écurie en mesure de rivaliser avec Mercedes, au moins pendant quelque temps. Un tel objectif n'est donc pas impossible pour la même écurie. »

Il pointe toutefois plusieurs écueils, à commencer par le gel des châssis entre la saison qui se termine et la suivante, et des essais en soufflerie réduits par mesure d'économie suite à la crise du coronavirus. Le moteur italien, par contre, « progresse bien », dit Binotto.

« Répartir nos efforts » entre 2021 et 2022

Celui qui dirige la Scuderia depuis 2019, après avoir été responsable de son département technique, s'attend aussi à voir Racing Point « de nouveau performante » car le règlement lui autorise plus de changements sur sa monoplace que la concurrence, ainsi que McLaren, qui adopte un moteur Mercedes, le plus rapide du plateau.

Avec un important changement de réglementation technique – et donc des F1 totalement différentes – la saison suivante, il faudra également « comprendre comment répartir nos efforts entre 2021 et 2022 », remarque-t-il. Pour Ferrari, « cela dépendra beaucoup de notre compétitivité lors des essais hivernaux », début mars.

La saison qui vient verra aussi l'entrée en vigueur d'un plafond de dépenses annuel de 145 millions de dollars (120 millions d'euros) par écurie, soit entre trois et quatre fois moins que le budget estimé de la Scuderia. 

Celle-ci est donc contrainte de « faire chuter les coûts de développement » et de « se réorganiser efficacement ». Cela passe notamment par le transfert d'une partie de ses techniciens vers son écurie cliente Haas. « Je préfère que ces gars la renforcent plutôt que de les savoir disponibles à la concurrence », explique Binotto, âgé de 51 ans.

Le départ inattendu début décembre du patron de la marque Ferrari Louis Camilleri, par contre, « ne change pas nos plans », ajoute-t-il.

Leclerc, « une référence pour le futur »

L'Italien assume aussi son nouveau duo de pilotes, le plus jeune pour la Scuderia depuis 1968. Le Monégasque Charles Leclerc (23 ans) sort d'une année « fantastique », malgré les déboires de son écurie, et s'est « développé humainement et en tant que leader ». « Aujourd'hui, toute l'équie voit en lui une référence pour le futur », assure le dirigeant.

Quand à Carlos Sainz Jr (26 ans), recruté chez McLaren pour remplacer l'Allemand Sebastian Vettel et qui découvrait Maranello vendredi avant des essais privés au volant de la Ferrari de 2018 en janvier, « il s'est amélioré en qualifications, ce qui n'avait pas l'air d'être son point fort, et il est toujours aussi bon en course ».

« Je m'attends donc à ce qu'il apporte une contribution essentielle pour le championnat constructeurs, qui est vital à nos yeux, dès 2021 », affirme Binotto, qui voit aussi l'Espagnol aider à « développer l'équipe » grâce à ses expériences chez Toro Rosso, Renault et McLaren.

Engagé pour 2021 et 2022, Sainz doit être amené à rester au-delà, estime son patron: « il est jeune. Quand on fait ce genre de changement, c'est pour plus que deux ans. J'espère qu'il sera prolongé. » 

L'Italien a enfin évoqué le cas de Mick Schumacher, qui fait partie de la filière de jeunes pilotes de Ferrari et fera ses débuts en F1 chez Haas en 2021. Binotto veut laisser du temps au fils de Michael et rappelle qu'« au vu de son parcours ces dernières années, il ne devient vraiment très bon que dans la 2e partie de sa 2e saison ». Rendez-vous est donc pris mi-2022.