Lewis Hamilton n’a mis que deux petites séances d’essais privés à ses débuts en Formule 1 il y a un peu moins d’une quinzaine d’années pour montrer à ses futurs rivaux qu’il représenterait un « important problème », a révélé son ex-coéquipier Pedro de la Rosa dans une longue entrevue.

Le Britannique a effectué ses premiers tours de piste au volant d’une McLaren en septembre 2006 à Silverstone, quelques jours seulement après avoir gagné le championnat des pilotes en GP2, l’antichambre de la Formule 1, 12 points seulement devant le Brésilien Nelson Piquet fils.

À cette époque, de la Rosa souhaitait conserver son baquet après avoir remplacé Juan Pablo Montoya au milieu de la saison. Mais l’Espagnol a très vite compris que les dirigeants de l’écurie n’auraient d’autre choix que de se tourner vers l’impressionnante recrue alors âgée de 21 ans.

De la Rosa a en effet avoué que son opinion sur Hamilton a complètement changé à la suite de la deuxième séance en piste de celui qui allait éventuellement devenir sextuple champion du monde en 2008 avec McLaren ainsi qu’en 2014, 2015, 2017, 2018 et 2019 avec Mercedes.

« C’est à ce moment-là que j’ai tout compris, a mentionné de la Rose au balado Beyond the Grid.

« Nous étions tous les deux en piste et il s’agissait de sa première expérience en Formule 1. Il effectuait sa première séance d’essais privés, et comment dire, il s’en allait vraiment nulle part...

« Je me rappelle très bien avoir regardé ses temps avec Philip Prew, mon ingénieur de piste à ce moment-là. Philip m’avait dit : "ce garçon va devoir s’améliorer considérablement au cours des prochaines années. C’est un long processus et il deviendra bon, mais nous devons être patient."

« Je me suis alors dit : "c’est ça". Je suis ensuite retourné en piste pour rapidement réaliser que Lewis avait été plus rapide que moi... après seulement deux séances! J’ai immédiatement demandé ce qui s’était passé et l’équipe m’a répondu qu’elle lui avait donné de nouveaux pneus.

« J’ai regardé plus attentivement les données et il était tellement rapide dans l’enchaînement des virages Copse, Maggots et Becketts... c’est là que j’ai pleinement compris l’étendue de son potentiel. C’est là que j’ai réalisé que les pilotes du plateau auraient un important problème. »

Dès lors, de la Rosa se doutait que Hamilton serait choisi pour épauler le nouveau venu Fernando Alonso en vue de la saison 2007. Même si cela le privait de son volant, il ne pouvait pas lui en vouloir.

« J’ai côtoyé plusieurs bons pilotes au cours de ma carrière, a rappelé de la Rosa. Je suis très honoré de cela, mais dès que j’ai vu Lewis, je savais que c’était quelqu’un de très, très spécial.

« Si j’avais été dans les souliers de Ron Dennis ou Martin Whitmarsh à ce moment-là, j’aurais exactement pris la même décision, étant donné que Lewis était incroyablement rapide. »