ISTANBUL – Il a remporté six de ses sept titres mondiaux – un record qu'il partage avec Michael Schumacher – depuis 2014 avec Mercedes : la suprématie de Lewis Hamilton en Formule 1 semble ne pas devoir connaître de fin, sauf si...

Encore une fois en 2020, les statistiques du pilote sont affolantes : sacré à 3 courses du terme avec 110 points d'avance, il a remporté 10 Grands Prix sur 14 et décroché 9 positions de tête.

« Ces dernières années, j'ai été capable de vraiment hausser mon niveau, de faire de grandes avancées dans plusieurs domaines. C'est venu avec l'âge, explique l'intéressé. Je vieillis sans laisser mon physique me lâcher, au contraire. »

« Cette année, j'ai eu l'impression de devenir de plus en plus fort, poursuit-il. Je suis très fier de ces performances mais je n'aurais pas pu le faire sans ces gens formidables qui travaillent en coulisses pour nous fournir des bases solides, une voiture fiable et rapide. »

Indubitablement, sa monoplace et son écurie ont une grande part dans ses succès : depuis l'introduction des moteurs hybrides en 2014, les Flèches d'argent ont gagné plus des deux tiers des courses (101 sur 135) et tous les titres constructeurs et pilotes, ce qui constitue un autre record.

Son équipier est donc le mieux placé pour le détrôner : le seul titre qu'Hamilton a concédé depuis sept ans, en 2016, l'ancien pilote Mercedes Nico Rosberg l'a décroché.

« Être à 100 % tout le temps »

« La seule façon de battre Lewis est d'être à 100 % tout le temps et de faire une saison parfaite », confie l'Allemand, qui ajoute qu'il faut aussi capitaliser sur les « passages à vide » du Britannique.

Or ceux-ci sont de plus en rares et son actuel équipier Valtteri Bottas n'en profite pas nécessairement. Le plus mauvais résultat d'Hamilton cette saison est une 7e place en Italie. De l'autre côté du garage, le Finlandais n'a pas fait mieux que 5e lors de cette course.

Pour le pilote britannique Jenson Button, son règne se poursuivra donc « jusqu'à ce que Lewis arrête ou qu'il ait un équipier qui le défie véritablement ».

Parmi ses autres adversaires, on a vu le quadruple champion du monde 2010-2013 Sebastian Vettel, au volant d'une F1 au niveau comparable, échouer par deux fois à le battre en 2017 et 2018.

Pour mettre fin à la domination du désormais septuple champion du monde, on se tourne donc vers la jeunesse : le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), 23 ans et déjà six saisons en F1, et le Monégasque Charles Leclerc (Ferrari), 23 ans également et trois saisons parmi l'élite.

Troisième du classement des pilotes, Verstappen aurait plus longtemps été un caillou dans la botte d'Hamilton cette année s'il n'avait pas subi quatre abandons, trois provoqués par une mécanique défaillante.

Point d'interrogation sur la route du plus jeune vainqueur de GP, à 18 ans, son motoriste Honda lâchera Red Bull à partir de 2022. L'écurie autrichienne doit rapidement trouver une solution, dans l'espoir qu'elle lui permettre enfin de faire mieux que titiller Mercedes.

« Tout pour nous arrêter »

Beaucoup repose aussi sur Leclerc, vainqueur de ses deux premiers GP en 2019. Mais depuis l'accord secret du début d'année entre la Scuderia et la Fédération internationale de l'automobile (FIA) sur le moteur des Ferrari, sa monoplace n'avance plus.

Les évolutions étant en grande partie gelées en 2021 par mesure d'économie face à la crise du coronavirus, l'équipe italienne ne cache pas miser déjà sur 2022.

À cette date, les adversaires des Flèches d'argent bénéficieront aussi d'un coup de pouce réglementaire : l'aérodynamique des monoplaces change et il faudra la développer avec un budget annuel de moins de 145 millions de dollars (132 millions d'euros), entre deux et trois fois moins que ce que dépensent aujourd'hui Mercedes, Ferrari ou Red Bull.

Cette mesure, ainsi que la limitation des essais à l'usine pour les mieux classés, doit réduire les écarts de performance.

« Tout a été fait pour nous arrêter », estime le patron de l'équipe allemande, Toto Wolff, qui veut en faire une source de motivation. « J'aimerais nous voir demeurer performants à travers le plus grand changement réglementaire de l'histoire de la F1 », exhorte l'Autrichien.

Mercedes a déjà montré qu'elle avait de la ressource en survivant en 2017 à une refonte moins importante du règlement technique.

Tout ceci, toutefois, ne reste que conjectures tant qu'Hamilton, 35 ans, n'a pas commencé à renégocier son contrat, qui expire en fin de saison, avec Mercedes. Le titre en poche, il est temps de le faire. « Je veux oeuvrer à rendre la F1 plus vertueuse (pour l'environnement et en termes de diversité, NDLR) et pourquoi pas courir pendant mon temps libre », a plaisanté l'intéressé dimanche.