MONACO - Des métropoles du monde entier veulent accueillir une épreuve de Formule 1 et sont prêtes à verser des sommes astronomiques à la série reine du sport automobile pour y parvenir. C'est ce qui met en péril l'avenir du Grand Prix de Monaco, l'une des courses les plus prestigieuses du calendrier.

Impossible, pourrait-on croire.

Après tout, la F1 fait partie du paysage de la petite principauté autant que Grace Kelly et le légendaire casino de Monte-Carlo. Le Grand Prix fait aussi partie de la prestigieuse Triple couronne du sport automobile, avec l'Indianapolis 500 et les 24 Heures du Mans.

Certes, les organisateurs du Grand Prix de Monaco versent un certain montant à la F1, mais celui-ci serait symbolique et avoisinerait les 15 millions $. Certaines villes paieraient jusqu'à 60 millions $ par année, le Grand Prix du Canada faisant plutôt bonne figure à ce niveau, avec un montant oscillant vraisemblablement entre 18 et 19 millions $.

La F1 écoule cependant la dernière année de son entente avec le Grand Prix de Monaco, et si les pourparlers ne progressent pas rapidement, alors le circuit monégasque pourrait être exclu du calendrier 2023. De son côté, la F1 et les trois ordres de gouvernement ont un contrat valide pour présenter le Grand Prix du Canada à Montréal jusqu'en 2029.

« Je crois que Monaco a toujours disposé d'une entente commerciale très avantageuse avec la F1, et je crois que la série tente de conclure une entente qui soit comparable à celles des autres circuits, tout en reconnaissant son importance au calendrier », a commenté le directeur de McLaren Zak Brown.

 « Je crois que la Formule 1 est maintenant suffisamment solide pour ne pas être à la merci d'une équipe, d'un pilote ou des organisateurs d'une course. Évidemment, personne ne veut que Monaco disparaisse, mais on doit aussi comprendre les actionnaires, qui doivent conclure une entente commerciale similaire à celles des autres circuits, à cause de la demande en hausse pour l'obtention d'un Grand Prix. »

Alors, est-ce que Monaco est remplaçable dans le paysage de la F1?

« Ce serait très mauvais. La F1 sans Monaco, ce n'est pas la F1, a dit Charles Leclerc, un pilote Ferrari originaire de Monaco. La F1 compte certains circuits historiques tels que Silverstone et Monza, et je crois qu'ils devraient tous demeurer (au calendrier). »

Après tous, les résidents de Monaco observent les voitures en piste de leur balcon, les personnes plus aisées se réunissent sur les terrasses qui surplombent les deux derniers virages, La Rascasse et Antony Noghes, baptisés en l'honneur des cofondateurs de la course.

Chaque année, des célébrités des quatre coins du monde se réunissent dans la principauté pour l'occasion, et des acteurs font le trajet depuis le Festival du film de Cannes. Et samedi, le pilote Mercedes Lewis Hamilton est arrivé au circuit en bateau de course.

« C'est l'un des week-ends les plus spectaculaires, sinon le plus spectaculaire », a-t-il reconnu.

Pour sa part, Leclerc a grandi dans un appartement qui surplombe le circuit, et il jouait avec de petites voitures Ferrari lorsqu'il était gamin. Le double champion du monde de F1, Fernando Alonso, qui a triomphé à deux reprises à Monaco, a déclaré que ce serait absurde de remplacer cet arrêt au calendrier simplement parce que les dépassements en piste sont pratiquement impossibles.

« Il doit être au calendrier, a martelé l'Espagnol âgé de 40 ans. Avant 2011 ou quelque chose comme ça, il n'y avait aucun dépassementà Budapest, à Barcelone et à Singapour, et ils (les dirigeants) n'ont jamais envisagé d'éliminer ces courses. »