La F1 Academy débarque au Canada
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Mélanie l'admet volontiers: elle aurait aimé faire de la course automobile, comme son papa, Gilles Villeneuve. Mais à une époque où les rôles traditionnels étaient encore bien implantés dans les mœurs, elle n'a pas pu suivre les traces de son père et de son frère Jacques.
« Moi, je suis toute pour le fait que les femmes puissent piloter, a lancé Mélanie Villeneuve. J'aurais aimé être pilote quand j'étais jeune, mais on poussait Jacques, et à un moment donné, je me suis fâchée et je me suis dit "Je vais faire autre chose de ma vie. »
« Aujourd'hui, au moins, les femmes ont un accès à la course automobile, même si c'est difficile d'arriver au top du top. »
Cet accès s'est concrétisé au cours des dernières années avec la création de la F1 Academy, une série réservée aux femmes inscrite à l'horaire de certains Grands Prix de Formule 1. Des épreuves seront présentées pour la toute première fois sur le circuit Gilles-Villeneuve, cette fin de semaine.
« Ça donne la possibilité aux filles d'entrer dans ce milieu qui est clos, qui est fermé aux femmes, a lancé Joann Villeneuve, veuve de Gilles et mère de Mélanie et Jacques. Il y a très, très peu de femmes qui ont réussi à y entrer. »
Cette série, qui permet aux femmes de se faire valoir au volant de monoplaces de F4, a toutefois été la cible de certaines critiques. Pour certains, la séparation des genres empêche la comparaison directe avec leurs homologues masculins.
Pour Joann, la F1 Academy demeure toutefois essentielle pour aider les femmes à percer dans le sport automobile. Chaque écurie de F1 doit par ailleurs parrainer une pilote de la série, ce qui pourrait faciliter la transition vers l'antichambre de la F1, soit la F2 et la F3.
Mais tout n'est pas gagné pour autant.
« Ça donne la possibilité d'entrer dans ce monde, a dit Joann, qui suit avec intérêt la série. Ensuite, une fois que tu es rentrée, une fois que tu as performé, une fois que tu as été recrutée par Mercedes ou Red Bull, ou autre, à ce moment-là, tu dois entrer dans la cour des grands avec les hommes et quand même rester performante.
« Mais au moins, ça donne un coup de pouce à ces filles qui ont un talent fou, mais qui étaient toujours bloquées avant de pouvoir arriver à la Formule 3. (…) S'il n'y a pas cette porte pour permettre aux filles de briller et de montrer leur talent, elles ne pourront pas accéder [à la F2 ou la F3] parce que c'est complètement clos. »
Des modèles pour les plus jeunes
En 2023, More than Equal, une organisation indépendante à but non lucratif créée notamment par l'ancien pilote de F1 David Coulthard, révélait que seuls 13% des pilotes de karting étaient des filles. La proportion de femmes diminuait à 7% dans toutes les autres catégories de course supérieures.
Dans son rapport, l'organisation a identifié plusieurs barrières exclusives aux femmes dans la course automobile. On peut notamment lire que « le manque de modèles féminins constitue un frein à la croissance de la participation. »
La F1 Academy pourrait faire tomber cette barrière en mettant de l'avant plusieurs modèles. Cette nouvelle réalité pourrait encourager celles qui souhaitent déjà faire de la course automobile à se lancer, ou encore donner la piqûre à celles qui n'avaient jamais envisagé cette profession.
Aux yeux de Bertrand Godin, qui animera avec Joann Villeneuve une conférence-causerie à propos de Gilles à Trois-Rivières au mois d'août, cette série, qui fait l'objet d'une série télévisée de Netfilx semblable à « Drive to Survive », remplit un rôle important à cet égard.
« Les filles peuvent être l'égal des garçons en termes de performance, mais de donner un maximum de chances au plus grand nombre de filles de pouvoir se faire valoir, c'est comme ça qu'on va réussir un jour à avoir une fille en Formule 1 », a dit Godin.
D'aucuns pourraient considérer que l'arrivée de F1 Academy en 2023 – et de sa prédécesseure de 2019 à 2021, la W Series – est survenue tardivement, alors que plusieurs autres sports ont fait place aux femmes avant le tournant du 21e siècle.
C'est le cas de Joann Villeneuve, qui croit que le destin de sa fille Mélanie aurait pu être bien différent si une série comme la F1 Academy avait existé 50 ans plus tôt.
« Gilles faisait partie de cette vieille génération où ce sont les hommes qui devaient travailler, a commencé par dire Joann. Mais les gens évoluent. Gilles est décédé quand Mélanie était toute petite. Lui aussi aurait évolué dans le temps.
« Je crois qu'il aurait eu cette évolution personnelle parce que j'étais là. Il aurait été obligé d'évoluer! » a-t-elle conclu avant de rire de bon cœur.
Faute de voir un membre de la famille Villeneuve en action, cette fin de semaine sur l'île Notre-Dame, les amateurs de course canadiens pourront voir en action la Britanno-Colombienne de 19 ans Nicole Havrda en piste, à bord d'une monoplace de l'écurie Hitech.
La Néerlandaise Maya Weug (MP) mène au classement avec 64 points, soit un de plus que la Française Doriane Pin (Prema). Trois courses auront lieu en fin de semaine: les deux premières samedi et la troisième dimanche.
Les événements à suivre sur RDS cette semaine au GP
Vendredi 13 h 15 : 1re séance d'essais libres
Vendredi 16 h 45 : 2e séance d'essais libres
Samedi 9 h : F1 Academy - course
Samedi 12 h 15 : 3e séance d'essais libres
Samedi 14 h 30 : F1 Academy - course
Samedi 15 h 30 : Qualifications du GP du Canada
Dimanche 10 h 45 : F1 Academy - course
Dimanche 13 h : course du Grand Prix du Canada
Samedi (19 h) et dimanche (18 h 30) on vous présente aussi une émission spéciale pour revenir sur les événements de la journée au Grand Prix.