La Formule 1 est de retour aux États-Unis pour le Grand Prix d’Austin cette fin de semaine. On sait à quel point la F1 souhaite conquérir le cœur des Américains depuis si longtemps. On le voit d’ailleurs avec l’ajout d’un deuxième Grand Prix dans le pays de l’Oncle Sam, l’an prochain, à Miami.

Mais au cœur même de la Formule 1, la présence américaine est encore mince, et ce, même si le sport est maintenant géré par Liberty Media, une société américaine.

Pour voir le dernier pilote américain au volant en Formule 1, il faut remonter en 2015 avec Alexander Rossi et une modeste Marussia... pour seulement cinq courses. Le dernier pilote régulier, c’est Scott Speed pour une saison et demie en 2006 et 2007.

Mais parmi les dirigeants, on en retrouve un qui fait présentement beaucoup de bruit et qui est l’architecte du grand retour de McLaren, Zak Brown.La progression de McLaren

À son arrivée comme directeur exécutif en 2016, mais surtout comme PDG du groupe McLaren en 2018, Brown avait tout un défi devant lui. L’écurie britannique avait vécu une période sombre avec le passage de Honda. L’écurie avait terminé neuvième au classement des constructeurs en 2015 et 2017. Même en 2018, avec le passage au moteur Renault, les résultats n’étaient pas toujours à la hauteur des ambitions de McLaren, et l’écurie devait se trouver un nouveau leader après le départ de Fernando Alonso.

Mais depuis, McLaren remonte la pente de belle façon. Évidemment, les changements de motoristes, d’abord de Honda à Renault, puis de Renault à Mercedes, y sont pour quelque chose. Mais le travail de Zak Brown n’est pas étranger aux succès de l’écurie non plus.

L’une des plus grandes qualités de Brown, c’est sa capacité à attirer des commanditaires. C’est ce qui en a fait un homme d’affaires prolifique avant d’arriver au sein de McLaren, et c’est aussi ce qui a permis à sa nouvelle formation de se relancer.

Il a justement amené à bord plusieurs compagnies américaines, comme Coca-Cola, Dell, la chaîne hôtelière Hilton et la pétrolière Gulf.

Brown a aussi su s’entourer de bonnes personnes. En 2018, le départ d’Éric Boullier comme chef d’équipe avait de quoi surprendre, mais l’arrivée d’Andreas Seidl a fait un grand bien à l’équipe et rapporte aujourd’hui des dividendes.

Sa relation avec ses pilotes est aussi une de ses grandes forces. Brown a rapidement fait confiance à Lando Norris, qui arrivait de la F2. Malgré son jeune âge, Norris est devenu une pièce maîtresse de cette renaissance chez McLaren.

Avec Daniel Ricciardo, Brown s’est également amusé à faire un petit pari amical avec son nouveau pilote, un peu comme l’avait fait Cyril Abiteboul avant lui chez Renault. À l’enjeu, si Ricciardo montait sur un podium cette saison, il allait avoir la chance de piloter une ancienne voiture de Nascar de 1984 ayant appartenu à un des idoles de l’Australien, Dale Earnhardt.

On connaît la suite. Ricciardo s’est imposé en Italie, et Brown, en plus de « subir » un traditionnel « shoey », doit maintenant honorer son pari.

C’est d’ailleurs dans le cadre du Grand Prix cette fin de semaine à Austin que Ricciardo pourra vivre un rêve d’enfant en pilotant cette voiture qui fait partie de la collection personnelle de Brown (collection qui est digne d’un musée, soit dit en passant).

Les différentes qualités du patron ont permis à McLaren de revenir à l’avant du plateau. L’équipe se bat maintenant pour des podiums, voire des victoires comme en Italie, et lutte pour terminer au troisième rang des constructeurs, devant Ferrari, pour une deuxième année de suite.

Bien plus que la Formule 1

Sauf que Brown n’a pas seulement relancé McLaren dans le cercle de la F1. Grâce à lui, le nom de l’écurie recommencer à briller un peu partout dans le monde de la course automobile.

Par exemple, certains se demandent peut-être pourquoi Brown n’était pas présent en Russie lorsque Norris a signé sa première position de tête et a mené la majorité du Grand Prix.

La raison, c’est parce qu’il était du côté de Long Beach, en Californie, pour la dernière course de la saison d’Indycar. Un pilote McLaren, Patricio O’Ward, était l’un des trois prétendants au titre chez les pilotes.

En effet, McLaren a effectué son grand retour en Indycar au cours des dernières saisons. L’écurie avait traversé l’Atlantique dans les années 1970 afin de participer au championnat américain, mais s’était retirée en 1979.

En 2017 et 2019, McLaren est revenu aux États-Unis, mais seulement pour une course, afin d’appuyer Fernando Alonso dans sa tentative de récolter la triple couronne lors de l’Indy 500.

Mais depuis 2020, sous la gouverne de Brown, c’est un programme complet qui se met en place en Indycar. McLaren s’est associé à l’écurie Schmidt Peterson Motorsports pour former Arrow McLaren SP. McLaren va même augmenter sa participation pour posséder 75% de l’équipe l’an prochain.

Les résultats ont été immédiats. O’Ward a pris le 4e rang au classement en 2020 et s’est battu pour le titre jusqu’à la dernière course cette année, mais un incident au premier tour est venu ruiner sa course.

En plus de Pato O’ward et Felix Rosenqvist, l’écurie vise même à introduire une troisième voiture dans les prochaines années. À cet effet, on a appris cette semaine que lundi prochain, soit le 25 octobre, l’ancien pilote de Formule 1, Nico Hulkenberg, obtiendra une journée de test avec l’écurie.

Et parlant d’Indycar et de Pato O’ward, il y a un autre bon exemple de la relation que Brown entretient avec ses pilotes. Brown a aussi fait un pari en début de saison avec son pilote Indycar, lui promettant une journée de tests avec l’écurie de Formule 1 s’il remportait une course cette saison. O’Ward a réussi cet objectif, et il était de passage la semaine dernière dans l’usine de McLaren afin de mouler son siège pour la voiture de Formule 1. Il effectuera une journée de tests lors des essais d’après-saison, à Abou Dhabi.

Le retour de McLaren en Indycar est donc une réussite, et Brown et McLaren ont maintenant d’autres idées de grandeur. En 2022, McLaren mettra sur pied une écurie dans la série Extreme E. Cette série, avec des pilotes mixtes, met en vedette des SUV électriques en terrain hostile. La première saison du championnat est toujours en cours.

Parmi les autres avenues, McLaren avait signé une option afin de joindre le championnat de Formule électrique, mais le retrait d’autres constructeurs importants, comme Audi et BMW, semble avoir refroidi Brown et son groupe.

Quant au championnat du monde d’endurance, Brown a déjà fermé la porte d’ici 2023, mais avoue du même souffle suivre l’évolution du championnat et l’arrivée des Hypercars. Il ne faudrait pas se surprendre si McLaren décide de tenter le coup à plus long terme…

Mais d’ici là, le Groupe McLaren se concentre surtout sur ses opérations en F1 et en Indycar. Si la tendance se maintient et si l’arrivée de la nouvelle réglementation l’an prochain ne cause pas trop d’embûches, on peut s’attendre à de belles choses pour cette écurie qui veut retrouver sa gloire d’antan.