Chaque année, certains Grands Prix nous laissent sur notre appétit. C’est tout à fait normal et cela ne démontre pas qu’un sport prend une mauvaise direction. Peu importe le sport, certains matchs sont meilleurs que d’autres. C’est le cas au hockey, au soccer, au tennis, eh oui, il y a aura quelques matchs décevants parmi les 162 par saisons des futurs Expos/Rays. Ça ne nous empêche pas d’apprécier ces sports à leur juste valeur.

 

Par contre, soyons honnêtes, le dernier Grand Prix de France n’était assurément pas le plus excitant, et surtout, il a mis en relief plusieurs des grands problèmes de la Formule 1 moderne. Sans être trop pessimiste pour le futur de la Formule 1, il y a sans aucun doute des leçons à tirer pour l’avenir, surtout en vue des changements de règlements de 2021.

 

Tout d’abord, il faut réfléchir aux tracés qui accueillent le grand cirque de la Formule 1. Il n’y a aucun doute que la France, grande nation dans l’histoire du sport automobile, mérite son Grand Prix de la Formule 1. Sauf que le circuit Paul-Ricard n’est pas le plus vendeur, avec ses lignes bleues et rouges et ses nombreux embranchements qui peuvent parfois laisser perplexe. Ses immenses zones de dégagement, toutes asphaltées, permettent aux pilotes de pousser sans vraiment subir les conséquences de leurs erreurs. Il n’y a pas beaucoup d’opportunités de dépassements, à l’exception de ligne droite et de sa chicane. Bref, ce genre de circuits ne plaît pas vraiment aux partisans, et les pilotes aussi ne le cachent pas. Sebastian Vettel a notamment évoqué un stationnement avec des lignes pour tourner. Ce n’était pas un compliment.

 

Plusieurs pays dans le monde démontrent chaque année leur intérêt pour organiser des épreuves. La Formule 1 doit prendre le temps de choisir les tracés qui l’intéressent et ne pas seulement choisir ceux qui offrent le plus monétairement. Il faudra peut-être laisser de l’argent sur la table pour courir sur des circuits reconnus pour le spectacle. À la fin, si le produit en piste s’améliore, c’est la Formule 1 qui en bénéficiera en visibilité, publicité, droit de diffusion, etc.

 

Bien sûr, les problèmes vont plus loin. Même un circuit réputé pour son côté spectaculaire comme celui de Bakou n’a pas répondu aux attentes cette année.

 

L’éléphant dans la pièce, c’est bien sûr les grandes disparités entre les écuries. Encore une fois, le dernier Grand Prix a fait la démonstration de la domination sans merci de Mercedes, qui a remporté un 8e Grand Prix en autant d’épreuves cette saison. Après la course, Lewis Hamilton a d’ailleurs suggéré aux partisans de blâmer les dirigeants de la Formule 1 pour la domination de Mercedes. Il pointait alors du doigt les partages des revenus totalement inéquitables que la Formule 1 fait avec les différentes équipes. Pour en connaître davantage à ce sujet, je vous invite à visionner l’intervention de Bertrand Houle à Sports 30.

 

Heureusement, il semblerait que les équipes démontrent enfin un peu d’ouverture à un partage des revenus plus équitables, mais aussi, à l’imposition d’un plafond salarial pour 2021. Il faudra voir l’impact que cela pourrait avoir sur les résultats en piste... mais assurément, ça ne peut pas nuire.

 

Espérons que ce plafond permettra de voir des répercussions sur la piste avec des luttes plus serrées. Toutefois, il faudra aussi laisser les pilotes se battre et assurer le spectacle... et peut-être décerner moins de pénalités. Voici un autre aspect du sport qu’on a bien vu en France. Lors du dernier tour, on a eu droit à une des seules bagarres en piste de la course impliquant Lando Norris, Kimi Räikkönen, Nico Hulkenberg et Daniel Ricciardo. Résultat de tout ça? DEUX pénalités à Daniel Ricciardo.

 

Le problème n’est pas l’application des règlements par les commissaires. Selon le livre des règlements et les décisions antérieures, il ne fait aucun doute que Ricciardo méritait ses deux pénalités. Le problème, ce sont les règles qui ne laissent aucune place à interprétation. Presque chaque Grand Prix est marqué par une ou plusieurs pénalités. Alors qu’on fait tout pour tenter d’augmenter le nombre de dépassements, la solution serait peut-être simplement de laisser les pilotes se battre entre eux. Difficile de tenter une manœuvre le moindrement risquée quand une pénalité de temps vous attend. Il faut bien sûr des règles pour éviter les débordements et les manœuvres tout simplement antisportives. Mais est-ce que le dépassement de Ricciardo sur Räikkönen dépassait vraiment les bornes? Il ne faudrait pas non plus que les pilotes ne tentent de dépasser qu’en bénéficiant du DRS afin de ne pas risquer de pénalités.

 

Ce sont là quelques-uns des enjeux sur lesquels la Formule 1 doit se pencher. Il y en a d’autres, bien sûr. Heureusement, Liberty Media semble vouloir se regarder dans le miroir et tenter, à tout de moins, de changer les choses. Il y a du talent en Formule 1, avec les Hamilton et Vettel, mais aussi avec les jeunes Verstappen, Leclerc, Norris et les autres. Il y en a aussi dans les garages qui confectionnent des voitures magnifiques. Au fond, ce qu’on souhaite, c’est de leur donner une plateforme afin qu’ils puissent exprimer leur talent et animer le spectacle. Comme Hamilton le mentionnait lors de la conférence de presse à Montréal, les pilotes ont envie de s’exprimer sur l’avenir de leur sport. Il faudra aussi prendre le temps de les écouter. Au fond, ce sont eux qui ont le succès de la Formule 1 entre les mains. Lance Stroll aussi a fait entendre son point de vue cette semaine et réclame davantage de parité en Formule 1.

 

Espérons maintenant que le Grand Prix d’Autriche saura nous montrer le meilleur de la Formule 1. L’an dernier, Max Verstappen s’était imposé sur les terres de Red Bull grâce à un double abandon des Mercedes. Le tout petit tracé du Red Bull Ring nous a offert de bons moments au cours des dernières années et on peut s’attendre à une bonne course ce week-end. On vous invite donc à être des nôtres samedi matin pour la séance de qualifications à 8 h 45 sur RDS et dimanche, l’avant-course sera présentée à 8 h 30.