Pour une équipe de Formule 1, le Grand Prix national est toujours une date bien particulière au calendrier. Évidemment, peu importe le sport, on veut toujours bien faire à la maison. C’est aussi l’occasion de permettre à plusieurs employés de l’usine d’assister à la course, ce qui ajoute à la volonté de connaître de bons résultats.

Surtout, ça permet aux équipes de vivre des moments importants et de repartir avec des souvenirs qui pourront inspirer l’écurie dans le futur. Une victoire Ferrari à Monza marque toujours les esprits… comme une victoire Red Bull en Autriche, d’ailleurs! C’est exactement ce qu’a réussi à faire Max Verstappen la semaine dernière, procurant au taureau rouge une première victoire sur ses terres.

Toutefois, on ne peut pas dire que la course à Silverstone s’annonce très inspirante pour les deux écuries britanniques du plateau, Williams et McLaren. Ces deux équipes ont pourtant connu leurs heures de gloire, Williams venant au 2e rang des constructeurs les plus couronnés de l’histoire avec 9 titres des constructeurs, soit un de plus que McLaren.

Les points récoltés par McLaren avant l'arrivée de HondaMais les temps ont changé, et chez McLaren, on a l’impression que le château de cartes s’écroule après le départ inattendu du directeur de l’équipe, Éric Boullier. Quand le grand patron démissionne en plein milieu d’une séquence de cinq Grands Prix en six semaines et à quelques jours seulement de l’épreuve à domicile de son équipe, c’est que les choses ne vont pas très bien.

L’année 2018 devait marquer un renouveau pour McLaren, avec l’arrivée du motoriste Renault pour remplacer Honda, avec qui le partenariat s’était soldé par un échec. Le problème, c’est qu’au cours des trois dernières saisons, McLaren a peut-être tout mis sur le dos de Honda, évitant de se regarder dans le miroir. Boullier n’hésitait d’ailleurs pas, l’an dernier, à qualifier le châssis de la McLaren comme étant le meilleur du plateau. Au sein de l’écurie britannique, on semblait convaincu d’avoir la meilleure voiture et que tout était gâché par Honda. L’arrivée de Renault démontre que les problèmes étaient bien plus complexes.

D’ailleurs, la chute de McLaren a commencé bien avant l’arrivée de Honda. Lors des dernières saisons du partenariat entre McLaren et Mercedes, la récolte de points a chuté de 378 en 2012 à 181 en 2014 (en 2013, c’était seulement 122 points). L’écurie n’a obtenu que deux podiums au total en 2013 et 2014, les deux lors du tout premier Grand Prix de 2014. Ce fut d’ailleurs le dernier podium de l’écurie à ce jour. Bien sûr, l’arrivée de Honda a accentué la descente aux enfers, mais déjà, la tendance était négative et la chute était entamée… et ça, ce n’était pas la faute de Honda.

Les derniers résultats de l’écurie ont finalement eu raison de Boullier, qui clairement, voyait son équipe d’un œil un peu trop optimiste. La double élimination de Fernando Alonso et Stoffel Vandoorne en Q1 en France était notamment un dur coup pour les voitures orange. Le Belge n’a récolté que deux points lors des sept dernières épreuves, alors qu’Alonso, lui, multiplie les messages assassins à la radio lors des courses et il semble être beaucoup plus motivé par la triple couronne que par ses résultats en Formule 1. Difficile toutefois de lui en vouloir, puisque l’Espagnol porte cette équipe à bout de bras avec ses résultats.

Le grand patron du groupe McLaren, Zack Brown, prévoit d’autres changements à son écurie qu’il souhaite ramener au sommet. Il faudra être patient, et pour l’instant, il n’y a pas de quoi fêter à Silverstone pour McLaren.

Tout n’est pas noir

Le moral est donc bas au sein de la formation britannique, mais il y a plusieurs points positifs chez McLaren. C’est pourquoi le départ de Boullier me surprend. L’écurie progresse et il y a des raisons de voir l’avenir avec espoir.

Les résultats de Fernando Alonso ne sont pas du tout à négliger. Alonso a inscrit des points lors des cinq premières courses de la saison. Il figure présentement au 8e rang du classement des pilotes, un seul point derrière Kevin Magnussen. C’est donc dire qu’Alonso est l’un des pilotes qui se débrouillent le mieux derrière ceux des trois grandes écuries.

En tant qu’équipe, McLaren est présentement sixième, à 18 points de Renault et du quatrième rang des constructeurs. Je ne vois pas vraiment l’écurie devancer Renault et Haas au classement, mais reste qu’elle est toujours dans la course pour atteindre l’objectif qu’elle s’était fixée en début de saison.

De plus, McLaren compte dans ses rangs un jeune pilote très prometteur en Lando Norris. Ce dernier est présentement deuxième au classement des pilotes en F2. Plusieurs équipes ont déjà approché McLaren pour obtenir ses services, ce à quoi l’écurie de Woking a refusé.

Bref, l’avenir ne s’annonce pas si noir pour McLaren, qui devra continuer à progresser au cours des prochaines années. Il faut simplement être plus patient et pragmatique. Persuadés d’avoir une des meilleures voitures du plateau, les attentes de l’écurie et de Boullier cette saison étaient sans doute trop élevées. Mais avec un peu temps et beaucoup de travail, il n’y a pas de raison pour McLaren de ne pas revenir au sommet.

Finalement, chez Williams, le Grand Prix à domicile s’annonce comme tous les autres de la saison jusqu’à présent. La voiture manque de rythme et de puissance et les points sont denrées rares. Le plan de recouvrement promis par Paddy Lowe se fait attendre. Au moins, la présence en Q2 de Stroll en Autriche donne un peu d’espoir et d’optimisme. C’est au moins ça.

D’ailleurs, parlant de Stroll, il est important de noter qu’il a reçu une pénalité de 10 secondes en Autriche pour avoir ignoré des drapeaux bleus en fin de course. Une pénalité qui aura quand même une influence, puisqu’il perd un rang et termine donc derrière Sergey Sirotkin, son coéquipier et principale source de comparaison. Le Canadien a eu le meilleur en course sur son coéquipier lors des cinq premières courses de la saison… mais le Russe a devancé Stroll lors des quatre dernières épreuves.