Reconnu par son côté extravagant et prestigieux, le Grand Prix de Monaco prendra aussi une autre signification cette année. Ce sera d’abord et avant tout une occasion de saluer pour une dernière fois une légende de la Formule 1 et de célébrer sa grande carrière, mais surtout son incroyable contribution à la F1.

 

Niki Lauda était bien plus qu’un simple pilote. Triple champion du monde (1975, 1977 et 1984), Lauda est devenu un modèle de persévérance, de courage et de résilience en revenant à la compétition après son tragique accident sur le circuit du Nurburgring, en 1976. Il a réalisé ce qu’on peut probablement considérer comme le plus grand retour de l’histoire du sport. Son histoire est connue à travers le monde, par les partisans de Formule 1 ou non, notamment grâce au film Rush qui met en scène son accident et sa rivalité avec James Hunt.

 

Aucun doute, l’Autrichien a marqué tous ceux qui ont eu la chance de le connaître de près ou de loin. On le verra cette fin de semaine, alors que les équipes comme les pilotes multiplient les hommages. Mercedes, Haas et Red Bull, pour ne nommer que ceux-là, ont notamment souligné le départ de Lauda sur leur voiture. Un des beaux hommages vient de Sebastian Vettel, qui portera un casque inspiré par celui de Lauda. C’est magnifique et parfaitement réussi.

 

Niki LaudaMême ici, à RDS, plusieurs garderont de précieux souvenirs de Niki. À commencer par l’auteur de ces lignes. J’ai eu la chance de rencontrer Lauda une fois et ce moment demeure gravé dans ma mémoire. C’était en 2016, alors que j’avais la chance de couvrir le Grand Prix du Canada pour la première fois de ma carrière. Mon collègue, Patrick Friolet, avait une entrevue prévue avec lui, et j’ai immédiatement voulu l’accompagner. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance d’entendre un monument de la Formule 1 raconter son histoire, sa carrière et ses anecdotes, et je n’allais pas laisser filer cette chance. Même si ce n’est pas moi qui faisais l’entrevue, je pouvais ressentir d’abord le côté sympathique de l’homme, mais aussi ce sentiment, cette ambiance qu’il se passe quelque chose d’unique. Quand Niki Lauda parlait, tous les yeux étaient rivés sur lui, mais surtout, tous ceux qui l’entourent vont assurément tendre l’oreille.

 

Évidemment, si cette rencontre était spéciale pour moi, elle l’était encore plus pour Patrick, qui avait la chance de discuter avec lui pendant une dizaine de minutes. « J’anticipais l’entrevue, car c’est un grand homme, une grande personne. Bien sûr, j’étais nerveux. Je me mettais moi-même beaucoup de pression. Je ne voulais pas mal paraître, je voulais poser les bonnes questions. Par contre, après quelques minutes, j’ai vu que ce serait plus décontracté. Il était très sympathique et il m’a rapidement mis à l’aise » s’est-il souvenu lorsque je lui ai parlé, cette semaine. « Deux choses m’ont particulièrement marqué. La première, c’est son sens de l’humour, qui était assez direct. La deuxième, c’est son regard. Ses yeux bleus qui nous faisaient sentir tout son vécu et sa sagesse. Vraiment, ses yeux parlaient beaucoup. C’était un grand personnage, un grand champion. »

 

Niki LaudaPatrick n’est pas le seul de mes collègues à avoir pu discuter avec Lauda. Bertrand Houle aussi a eu cette chance peu de temps après la sortie du film Rush. Il en a parlé lors de son passage au 5 à 7, mercredi. « C’était un grand personnage, très sympathique, et c’était monsieur “no bullshit”. Lui, il disait tout ce qu’il pensait. Ça, c’est rare maintenant », a-t-il notamment expliqué. Vous pouvez d’ailleurs visionner l’intervention complète de Bertrand, où il est aussi question de sa première retraite en tant que pilote qu’il a prise immédiatement après les essais libres à Montréal, en 1979. Une anecdote assez particulière qui en dit long sur le personnage! 

 

Il était très direct donc, mais il pouvait se le permettre. Lauda était vraiment respecté dans les paddocks, que ce soit par ceux qui travaillaient avec lui chez Mercedes ou non. Il y avait une aura qui l’entourait, partout où il allait. Patrick Friolet m’a aussi raconté la première fois qu’il a croisé le triple champion du monde dans les paddocks, à Montréal. « La première fois que je l’ai vu, j’ai eu le souffle coupé. C’est Niki Lauda! Après un certain temps, on finit par réaliser que c’est la routine, qu’il est là de Grand Prix en Grand Prix, d’année en année. Il a toujours été dans l’environnement de la F1. »

 

Mon collègue a ainsi mis des mots sur le sentiment que j’ai eu, moi aussi à mon tour, la première fois que j’ai croisé Lauda. Le souffle coupé. Et franchement, après trois couvertures du Grand Prix, je ne me serai jamais habitué. Chaque fois que je le voyais, la voix du petit gars amateur de Formule 1 me criait dans ma tête : « Wow, c’est Niki Lauda! » Chaque fois.

 

C’est l’effet qu’ont les légendes sur nous.

                                                                                              

Bon repos Niki. Merci pour ton courage et ta passion.

 

Merci pour les souvenirs.