Vous n’avez peut-être pas vu Pierre Gasly souvent à l’écran dimanche dernier lors du Grand Prix du Mexique.

 

Pourtant, le Français a connu une autre excellente course.

 

Ce n’était pas flamboyant, ce n’était pas parsemé de dépassements, mais c’était drôlement efficace. Gasly a été le « meilleur des autres » avec une quatrième place, le tout en gardant les deux Ferrari loin derrière lui.

 

D’ailleurs, si vous allez jeter un coup d’œil au « power ranking » de la Formule 1, c’est Pierre Gasly qui se trouve au premier rang présentement, notamment en raison d’une note de 10 sur 10 qu’on lui a attribué pour sa performance au Mexique


« C’était une bonne course. C’était vraiment important de faire le travail le samedi en se qualifiant juste derrière les deux équipes de pointe afin d’avoir de l’air libre dans la course, ce qui fait une grande différence. [...] Tout s’est bien passé, que ce soit pour la voiture et les stratégies, alors j’ai pu pousser pour aller chercher cette 4e place » a expliqué le pilote français lors de la conférence de presse précédant le Grand Prix du Brésil, jeudi.

 

Ce n’est pas pour rien que le pilote AlphaTauri évoque la séance de qualifications immédiatement lorsqu’on lui demande d’expliquer ses succès. Cette saison, Gasly n’est rien de moins qu’impressionnant lors de cet exercice, terminant devant des écuries avec de meilleures voitures avec une constance déconcertante.

 

En fait, depuis le début de la saison, en 18 Grands Prix, Gasly s’est qualifié au sein du top-6 pas moins de 13 fois. (4e à Bakou et Pays-Bas, 5e au Bahreïn, à Imola, en Hongrie, en Turquie et au Mexique, et 6e à Monaco, en France, en Styrie, en Autriche, en Belgique et à Monza).

 

À titre comparatif, Carlos Sainz et Charles Leclerc, sur Ferrari, se sont qualifiés au sein du top-6 neuf fois chacun. Norris, qui connaît aussi une excellente saison avec McLaren, a réussi ce fait d’armes huit fois. On est quand même loin des 13 de Gasly!

 

Et si on compare avec le pilote qui a la même voiture, la comparaison est encore plus frappante, puisque jamais Yuki Tsunoda ne s’est qualifié dans le top-6. Évidemment, les deux pilotes n’ont pas la même expérience en Formule 1, alors que Tsunoda est une recrue, mais quand même.

 

Petite note avant de continuer, ces résultats comprennent toutes les séances de qualifications classiques avec le format des Q1, Q2 et Q3, et non pas les résultats des courses qualificatives. Voilà pour la méthodologie.

 

Ces bonnes performances en qualifications facilitent bien sûr le travail du pilote de 25 ans en course, comme on a pu le voir au Mexique. Gasly a terminé dans les points 12 fois cette saison et il est bien installé au neuvième rang au classement des pilotes. Neuvième n’est peut-être pas un résultat aussi éclatant si on le compare à ses 13 présences dans le top-6 en qualifications, mais c’est un résultat somme tout assez logique, puisqu’il a devant lui les pilotes Mercedes, Red Bull, McLaren et Ferrari qui peuvent compter sur de plus grandes équipes.

 

Les performances de Gasly se font aussi ressentir au classement des constructeurs. En arrivant au Brésil, AlphaTauri est à égalité au cinquième rang avec Alpine avec 106 points.

 

La différence, c’est que Gasly est presque le seul à porter AlphaTauri sur ses épaules. Avec 86 des 106 points de son équipe, il a amassé 81% des points de l’écurie. C’est le deuxième pourcentage le plus élevé présentement en F1, après celui de Kimi Räikkönen chez Alfa Romeo (10 points pour Kimi contre un pour Antonio Giovinazzi).

 

Bref, si AlphaTauri peut encore se battre pour cette cinquième place, c’est grâce au travail de son pilote français. Sinon, on parlerait sans aucun doute du sixième rang, et peut-être même du septième. Une différence qui pourrait valoir plusieurs millions de dollars à l’écurie en fin de saison.

 

Évidemment, en plus des statistiques, il y a aussi l’histoire de Pierre Gasly. J’ai souvent fait mention de son parcours dans mes chroniques. Je me répète... mais c’est un exemple parfait de résilience et persévérance. De voir un pilote se relever après une période difficile chez Red Bull, après que ses patrons ont décidé de lancer la serviette dans son cas, est inspirant.

 

C’est justement au Brésil, en 2019, que Gasly avait prouvé qu’il était toujours à prendre au sérieux en allant chercher son premier podium en F1 avec une deuxième place. C’était seulement le deuxième podium de l’histoire de Toro Rosso. Depuis, Gasly a réussi trois podiums en trois ans, dont une victoire. C’est un autre signe du travail exceptionnel qu’il fait pour l’écurie sœur de Red Bull.


Gasly sera de retour avec AlphaTauri en 2022, mais qui sait ce que l’avenir lui réserve par la suite? Chose certaine, c’est que le travail qu’il accomplit attire assurément l’attention. Parions que l’écurie avec qui AlphaTauri lutte au classement présentement prend des notes... mais choses certaines, le Français mérite un volant à la hauteur de ce qu’il démontre depuis deux ans.