La saison de Formule 1 a été pour le moins intense, avec un calendrier de 17 Grands Prix en à peine 23 semaines. Dans cette saison unique où l’adaptation était la clé, qui sont les pilotes qui ont le mieux réussi à tirer leur épingle du jeu? Qui sont ceux qui ont déçu? Comment nos pilotes canadiens se sont-ils débrouillés? Je vous propose mes choix au terme de cette saison.

L’étoile à Sergio Perez

Difficile de s’arrêter sur un seul choix pour décerner mon étoile de la saison. Le nom de Lewis Hamilton nous vient naturellement en tête. Par contre, puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’une surprise, mais surtout, parce que j’ai déjà résumé la saison du pilote Mercedes dans ma dernière chronique, je prends une autre direction.

Depuis quelques années, il est vraiment intéressant de voir qui est le pilote qui est en mesure de s’élever au-dessus de la féroce compétition qui fait rage en milieu de peloton. L’an dernier, c’était Carlos Sainz. Cette année, ce titre revient à Sergio Perez, et c’est pourquoi il mérite mon étoile de la saison. Même en ratant deux Grands Prix en raison de la COVID-19, il est parvenu à prendre le 4e rang au classement des pilotes derrière Hamilton, Valtteri Bottas et Max Verstappen. Il a récolté la première victoire de sa carrière à Sakhir et une 2e place en Turquie. Il a aussi été très constant, terminant toutes les courses auxquelles il a participé dans les points, à l’exception des Grands Prix de Bahreïn et d’Abou Dhabi lors desquels sa voiture a rendu l’âme. Il a aussi réalisé quelques belles remontées, notamment lors de sa victoire après un contact au premier tour. 

À 30 ans, Perez a démontré toute sa maturité et son expérience en cette saison peu ordinaire. Il s’agit de la meilleure saison de sa carrière en termes de points, et ce, malgré un calendrier écourté. 

De plus, Perez avait la pression de se battre pour un volant pour 2021. Son avenir est toujours incertain, mais chose certaine, il a fait tout ce qu’il pouvait pour prouver qu’il mérite toujours sa place en Formule 1. 

Parmi les autres qui m’ont impressionné cette saison, voici quelques noms en rafales. Pierre Gasly est un incontournable, surtout après sa saison difficile de l’an dernier. Il a rebondi de façon spectaculaire en dominant son coéquipier, et en récoltant une victoire au passage. On peut aussi penser à Daniel Ricciardo, aux deux pilotes McLaren qui ont permis à l’équipe de terminer au 3e rang, à Charles Leclerc et aussi, à George Russell. 

Un partenariat qui se termine mal

Lors de ma chronique en début de saison, j’ai écrit ceci à propos de la passation des pouvoirs chez Ferrari entre Charles Leclerc et Sebastian Vettel : 

« Est-ce que cela écarte Vettel de l’équation pour la course au titre cette saison? Pas du tout. Toujours sans contrat pour l’an prochain, Vettel sait qu’il s’agit peut-être de sa dernière chance d’aller chercher un cinquième titre mondial. Il n’a plus rien à perdre avec Ferrari et cela pourrait lui enlever une dose de pression qui a semblé l’affecter ces dernières années. »

Bon, je vais vous avouer que je ne suis pas particulièrement fier de moi sur ce coup, mais ça fait partie du jeu des prédictions. Ceci dit, vous comprendrez facilement qu’il faut regarder vers Sebastian Vettel et Ferrari pour découvrir ma déception de la saison.

On se doutait après les essais de Barcelone que Ferrari n’était peut-être pas au sommet de son art. On se demandait si Red Bull n’allait pas passer devant la Scuderia au classement des constructeurs. Mais franchement, je ne m’attendais pas à une saison aussi catastrophique pour les Rouges. Ferrari termine 2020 au 6e rang des constructeurs, son pire résultat depuis 1980. L’unité de puissance avait un retard considérable, ce qui a aussi affecté Haas et Alfa Romeo. 

Malgré tout, Charles Leclerc est parvenu à en tirer le maximum avec deux podiums et une récolte de 98 points.

Pour Sebastian Vettel, cela a été plus compliqué. Battu 14 fois en qualifications par Leclerc, Vettel n’a récolté que 33 points (dont 15 proviennent d’un podium en Turquie). Treizième au classement des pilotes, ce n’est certes pas de cette façon que je voyais l’Allemand faire ses adieux à la Scuderia. 

Il faut maintenant se demander comment Vettel pourra se relever lors de son prochain défi avec Aston Martin. Est-ce que ce nouveau départ lui permettra de faire le vide et rebâtir sur de nouvelles bases? Reverra-t-on le Sebastian Vettel qu’on a connu chez Red Bull, mais aussi chez Ferrari lors de ses premières saisons?

Parce que oui, les dernières années ont été plus difficiles, mais le passage de Vettel chez Ferrari n’est pas que négatif, au contraire. Vettel s’est hissé au 3e rang pour le nombre de victoires et de podiums chez Ferrari derrière Michael Schumacher et Niki Lauda. Deux fois, il a terminé au 2e rang du classement des pilotes derrière Hamilton et Mercedes. Bref, il y a beaucoup de positif à retenir de son séjour de six saisons. 

Mais malheureusement, ce qui reste en tête, du moins pour l’instant, ce sont ces dernières années difficiles et surtout le fait que Vettel n’a jamais atteint l’objectif ultime avec Ferrari, soit de remporter le titre mondial. 

Parmi les autres déceptions, je note notamment Esteban Ocon, en qui j’avais peut-être davantage d’attentes, mais qui a mieux fait en fin de saison avec un podium, et Alexander Albon, dont on ne sait toujours pas s’il pourra conserver son volant l’an prochain...

Une année en deux temps pour Lance Stroll

Dans le cas de Lance Stroll, il faut éviter de regarder simplement le classement afin d’expliquer tout ce qui s’est passé cette saison. Il a fait mieux que le suggère sa 11e place au classement. Le Canadien a progressé cette année et il a accompli quelques petits exploits. Si on vous avait dit en début de saison que Stroll allait obtenir deux podiums et une position de tête, l’auriez-vous cru? 

Ceci dit, est-ce qu’il a fait une saison parfaite? Bien sûr que non. Quelques petites erreurs de pilotage, quelques roues bloquées à de mauvais moments lui ont coûté des points, voire peut-être une victoire à Monza. 

Il reste qu’après son podium à Monza, Stroll figurait au 4e échelon du classement. Une mauvaise séquence, ponctuée parfois de malchances et d’une infection à la COVID-19, l’a fait dégringoler au classement. Dans une lutte aussi serrée, c’est ce qui a fait la différence.

Au cours des prochaines saisons, le pilote de 22 ans devra être en mesure d’être plus constant et d’éviter les mauvaises séquences comme celle de cette saison. Toutefois, lors de ses bons week-ends, il a prouvé qu’il pouvait être rapide et même, mener plus de la moitié d’un Grand Prix comme il l’a fait en Turquie...

Quant à Nicholas Latifi, il fallait s’attendre à ce genre de saison. Le Canadien n’a pas vraiment pu se faire justice au volant d’une Williams qui en arrache encore. Surtout, le fait d’être le coéquipier d’un pilote talentueux comme George Russell n’aide pas sa cause. Jamais il n’a réussi à battre Russell en qualifications, ce qui ne paraît pas très bien.

En course, il a tout de même maintenu un rythme décent et il parvenait souvent à suivre la cadence de Russell. Deux fois, il a raté les points de peu, terminant 11e à Monza et à Imola. Bref, une année d’apprentissage pour Latifi qui devra maintenant commencer à réaliser quelques petits coups d’éclat l’an prochain. Je pense notamment à quelques présences sporadiques en Q2, par exemple, ou encore une récolte de quelques points. 

Bravo à la F1

En terminant, je veux aussi souligner le travail de tout le monde de la Formule 1 afin de tenir une saison en 2020. La F1 a mal paru en Australie en mars, annulant le Grand Prix à la dernière minute.

Toutefois, on s’est repris de brillante façon avec un protocole qui a tenu le coup malgré quelques cas ici et là. Cela a demandé des efforts financiers et humains considérables de la part des équipes qui ont travaillé d’arrache-pied dans un calendrier très condensé. 

Cela a toutefois valu la peine pour les amateurs. Même si la course au titre n’était pas la plus corsée, la Formule 1 a fait vivre de belles émotions à ses partisans. On a eu droit à des courses mouvementées, des vainqueurs inattendus, plusieurs pilotes différents sur les podiums, et des records parmi les plus prestigieux réécrits par Lewis Hamilton.

Surtout, en cette année difficile, les amateurs ont pu, pendant 17 dimanches de 2020, avoir un semblant de normalité en encourageant leur pilote favori. Au bout du compte, c’est à ça que sert le sport. Finalement, merci à ceux qui ont suivi ses chroniques tout au long de la saison, j’espère que vous avez apprécié. Et vous, quelles sont vos étoiles et vos déceptions de cette saison 2020?