Voilà, on y arrive, à cette fin de saison en Formule 1. On termine tout ça avec deux Grands Prix en deux semaines. Le premier à Jeddah, en Arabie Saoudite, sur un circuit qui vient à peine d’être terminé. Le deuxième à Abou Dhabi, sur un tracé modifié à plusieurs endroits.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je vais assurément m’ennuyer de cette saison 2021. Au moins, il y aura la série Netflix à visionner avant le début de la prochaine saison, et qui sait, peut-être un film un jour !

Parce que oui, la saison 2021 méritera sans doute un film dans quelques années. Je crois qu’on a assisté cette année à l’une des meilleures saisons de l’histoire de la Formule 1.

Bien sûr, ce n’est pas la première fois qu’on assiste à une lutte aussi serrée. Plusieurs nous reviennent rapidement en tête. Je pense notamment à la saison 2010, où Sebastian Vettel avait remporté son premier titre mondial alors qu’il était troisième au classement des pilotes au départ de la dernière course de la saison.

On pense aussi à la saison 2012, où Vettel a dû remonter le peloton au Brésil pour soutirer le titre à Fernando Alonso.

Impossible d’oublier le dépassement de Lewis Hamilton sur Timo Glock au dernier virage en 2008 alors qu’on célébrait déjà le titre de Felipe Massa chez Ferrari. Et ça, ce n’est qu’au cours des 13 dernières années. On ne parle même pas des luttes Schumacher-Villeneuve, Prost-Senna, Hunt-Lauda… et toutes les autres.

Mais il reste que cette saison demeurera spéciale pour plusieurs raisons.

La première, c’est bien sûr la rivalité naissante entre deux pilotes d’exception.

C’est un cliché qui a fait le succès de tous les films de sports. D’un côté, la légende, l’athlète au sommet de son art, celui qui semble impossible à arrêter alors qu’il tente de devenir le plus grand de l’histoire. Et de l’autre, le jeune prodige, la nouvelle saveur qui ne recule devant rien, celui dont le potentiel fait rêver aux plus grands sommets, mais qui veut prouver qu’il peut être à la hauteur des attentes.

L’objectif de Lewis Hamilton cette saison est loin d’être anodin. Le Britannique veut devenir le pilote le plus titré de l’histoire de la Formule 1. Et cette année semblait l’année parfaite pour y parvenir.

Depuis 2014 et l’arrivée des moteurs hybrides, aucune autre écurie n’a réussi à s’approcher assez de Mercedes afin d’offrir une véritable opposition dans la course au titre. Les flèches d’argent ont dominé outrageusement cette ère de la Formule 1. On le sait, 2021 est la dernière saison de cette ère. Les moteurs hybrides ne changent pas, mais les changements aux voitures marquent tout de même le début d’un nouveau chapitre. Qui sait si Mercedes sera encore une fois au sommet l’an prochain? Qui sait si George Russell viendra embêter Hamilton davantage que l’aider? Je ne vous dis pas d’exclure Hamilton trop vite, loin de là, mais il reste qu’il y aura davantage d’incertitudes.  

Je ne sais pas ce que les deux prochaines courses nous réservent. À voir ses performances au Brésil et au Qatar, Hamilton pourrait très bien aller chercher ce titre tant convoité, et ce, malgré son retard de huit points.

Depuis quelques semaines, on voit bien sûr une écurie qui a trouvé beaucoup de vitesse de pointe, mais j’aime aussi ce que je vois de Hamilton. On voit un pilote qui refuse de baisser les bras, qui refuse de s’avouer vaincu et qui continue de croire en lui et surtout, en son équipe. Ce n’est pas étranger non plus aux récents succès de l’écurie. L’expérience, la maturité, la confiance, c’est lorsque les temps sont plus difficiles et plus tendus qu’ils font une différence. Hamilton a toutes ces qualités.

Il reste cependant que Lewis n’a pas été parfait cette saison. L’image de sa Mercedes, les roues bloquées, au premier virage lors de la relance à Bakou, prend un autre sens lorsqu’on voit à quel point la lutte est serrée. Une erreur si vite arrivée, un bouton actionné par accident, sans même s’en rendre compte, est vraiment venu chambouler le championnat. La porte était ouverte après l’abandon de Verstappen… et Lewis aurait 17 points d’avance s’il avait été cherché la victoire.

Mais on peut refaire beaucoup de scénarios avec des « si », et ce, des deux côtés de la médaille. Verstappen et Red Bull doivent assurément se dire que si l’accident à Silverstone n’avait pas eu lieu, Verstappen serait en bien meilleure position pour aller chercher le titre, par exemple.

Cette année, je crois que le Néerlandais a trouvé un équilibre qu’il cherchait depuis son entrée en Formule 1. Il parvient à marcher sur la ligne entre cette agressivité qui lui est propre, sa personnalité sans compromis, et une maturité qui lui permet de se battre pour le championnat.

Personne ne veut d’un Max Verstappen terne qui refoule son côté un peu têtu, sa confiance en lui, et qui répond la cassette aux journalistes. On veut un Max Verstappen sans filtre, autant en piste qu’à l’extérieur. C’est comme ça qu’il est à l’aise et c’est ce qui fait son succès.

Mais cette année, on a aussi vu un Verstappen capable de penser au portrait global. Capable d’accepter qu’une deuxième position pouvait être une opération réussie pour la suite du championnat. Capable de ne rien laisser en piste à Hamilton, mais de bien gérer ses dépassements face aux autres pilotes et de se montrer patient.

Cette année, c’est lui qui a été le plus constant et qui a évité les erreurs. Hamilton a fait des gaffes à Imola et à Bakou, mais le pilote Red Bull, honnêtement, n’en a pas fait. Sa gestion était parfaite, son pilotage à la hauteur, bref… c’est une saison digne d’un champion du monde. Il arrive à Jeddah en tête et il le mérite amplement. Et si ça ne devait ne pas se passer cette année… il est assez évident que ce ne sera que partie remise. 

Un autre aspect qui rend cette course au titre si spéciale, c’est la lutte entre les deux écuries, Mercedes et Red Bull. Il y a la course au titre des constructeurs qui est serrée, mais surtout, Toto Wolff et Christian Horner savent comment mettre un peu d’huile sur le feu. Ils ont tous les deux des personnalités fortes et ils ne détestent pas utiliser les médias pour se passer des messages.

Dans cette époque marquée par les réseaux sociaux et par la série Netflix, les patrons d’écuries sont encore plus connus du grand public qu’auparavant. Ils sont devenus des personnages importants dans le produit que la Formule 1 propose aux amateurs. Aujourd’hui, les jeux de coulisses sont aussi suivis que ce qui se passe en piste.

Ce n’est donc pas une lutte seulement entre deux pilotes. Ce sont deux écuries qui s’affrontent, avec tout ce que cela implique en coulisses. On a vu des réclamations, des pénalités, des disqualifications, des demandes de révision, bref, les deux écuries vont tout faire afin d’avoir le dessus une fois le championnat terminé. Ça ajoute un peu d’épices à une recette déjà relevée.

Bref, apprécions le spectacle qui nous est offert pour encore deux épreuves. Que vous soyez partisan de Lewis ou de Max importe peu. Il est temps de laisser les chicanes de côté et de profiter de ce que la Formule 1 a de mieux à offrir. Deux excellents pilotes, deux grandes équipes, qui se livrent une lutte de tous les instants jusqu’à la toute fin de la saison… c’est pour cela qu’on aime la Formule 1!

Alors, est-ce que Lewis Hamilton deviendra le pilote le plus titré de l’histoire de la Formule 1, ou est-ce que Max Verstappen tiendra bon et remportera le premier titre de sa carrière? Super Max pourrait d’ailleurs mettre fin au débat dès cette fin de semaine, mais il aura besoin d’une contre-performance d’Hamilton. Si le Britannique termine dans le top-5, Verstappen ne pourra être champion à Jeddah.

Et entre vous et moi, on aimerait bien mieux voir tout cela se régler à Abou Dhabi, n’est-ce pas ?