C’est avec beaucoup de fébrilité que nous anticipons le début de notre 26e saison de couverture du Championnat du monde de Formule 1, à l’antenne de RDS. En effet, tout a commencé pour nous le 14 mars 1993, avec la diffusion du Grand Prix d’Afrique du Sud, au circuit de Kyalami. Depuis ce temps, nous avons eu l’immense plaisir de partager avec vous quantité de grands exploits, dont les multiples conquêtes de Michael Schumacher, celle de Jacques Villeneuve en 1997, des batailles mémorables en piste et aussi, malheureusement, quelques moments tragiques.

Pour nous, comme pour tous les amateurs de la discipline, un début de saison en F1, c’est comme un retour en classe! On a hâte de voir enfin en piste les nouvelles voitures, les nouvelles couleurs, les nouveaux pilotes. On anticipe avec plaisir de renouer avec ceux qui sont de retour et bien sûr, de retrouver les grands champions qui nous ont éblouis au cours des récentes saisons.

Le début d’une nouvelle saison de F1, c’est aussi le seul moment de l’année où toutes les écuries et tous les pilotes sont égaux au classement! Même si on suit avec intérêt les essais hivernaux et qu’on peut en venir à déduire l’ordre des forces en présence, on ne peut échapper, non sans une certaine naïveté, au rêve de voir des surprises dès les premiers tours de roue ou à tout le moins d’assister à un resserrement entre les équipes et ce, le plus loin possible au cours de ce long calendrier.

Certes, comme la plupart des observateurs sérieux le disent depuis plusieurs jours, il y a tout lieu de favoriser à nouveau Lewis Hamilton et Mercedes pour décrocher les deux titres. À n’en pas douter, tous les indicateurs mènent vers cette conclusion, tant à l’issue des essais de Barcelone que compte tenu des rigueurs du règlement technique qui imposera, entre autres mesures, l’utilisation de seulement trois composantes principales du groupe propulseur pour toute la saison. Plus que jamais, la fiabilité sera essentielle et c’est sur ce terrain que Mercedes a pris le dessus sur Ferrari dans le dernier tiers de la saison 2017.

Mais autant chez Ferrari que chez Red Bull, on mise sur le talent des pilotes et des ingénieurs pour combler le retard existant par rapport à Mercedes au cours des dernières années. Fiabilité accrue, certes, mais aussi gains en performance purs et pilotage sans bavure sont autant de facteurs qui seront prioritaires à différents niveaux pour l’un ou l’autre des poursuivants dans la quête de rivaliser sérieusement avec l’équipe championne.

Pour les écuries indépendantes, la bonne nouvelle vient de l’imposition aux motoristes de fournir des groupes propulseurs identiques à ceux utilisés par l’écurie officielle, ce qui inclut les petits « surplus » que se gardaient jalousement les constructeurs pour accroître leur niveau de performance. Ce n’est pas un signe de victoires pour autant pour les Williams, Haas, Force India et autres, mais au moins d’un certain resserrement grandement souhaité par tous.

Le rapprochement avec les amateurs en priorité

Mais 2018 marque aussi la première véritable saison de F1 sous le contrôle commercial de Liberty Media. Si la fin de 2016 fut marquée par l’amorce du grand virage, 2017 aura été une année « d’installation » pour le groupe américain qui, au fil du calendrier, a présenté différentes innovations intéressantes pour les spectateurs et téléspectateurs. À compter de ce weekend cependant, on verra beaucoup plus la mainmise de Liberty sur la structure globale de chaque Grand Prix.

La base même de la démarche du nouveau groupe de contrôle de la F1 est fort simple : se rapprocher des amateurs de la discipline, autant sur les circuits que par le truchement de la télévision et des médias sociaux (ce à quoi Bernie Ecclestone ne croyait pas vraiment).

Lance Stroll est excité pour la rentrée F1

Dès Melbourne, on verra des changements significatifs. Chaque Grand Prix sera dorénavant lancé 10 minutes après l’heure, permettant ainsi la présentation d’un court segment d’avant-course pour les réseaux se joignant à l’évènement à l’heure pile. Cela peut sembler banal, mais il s’agit d’une occasion très importante de mieux promouvoir la course qui suit et de mettre davantage l’emphase sur les pilotes et leur entourage.

Par ailleurs, dès Barcelone, les 12 et 13 mai prochains ainsi que pour la plupart des Grands Prix présentés sur le continent européen, on assistera aux qualifications et à la course une heure plus tard que les traditionnels standards horaires établis depuis longtemps. En clair, cela veut dire des lancements de qualifs et de course à 9 heures du matin au lieu de 8 heures, pour les téléspectateurs de RDS. Là encore, ce changement peut paraître anodin, mais soyons honnêtes, le potentiel d’écoute sera ainsi beaucoup plus élevé non seulement pour nous, mais aussi, à travers l’Amérique. Il est d’ailleurs important de noter que la F1 sera dorénavant présentée à ESPN, aux États-Unis et que l’ajustement des horaires tient largement compte de ce passage vers le grand réseau de sports américain.

Signe de la reconnaissance de la tradition européenne sur laquelle repose la F1, Liberty accueillera avec joie le retour des Grands Prix de France et d’Allemagne dès cette saison. C’était tout simplement un non-sens que ces deux pays ne figurent plus au calendrier, peu importe les raisons. Le retour au Paul-Ricard et à Hockenheim devrait avoir un sérieux effet de levier dans deux marchés absolument prioritaires pour le F1, des marchés qui commençaient dangereusement à s’effriter au cours des dernières années. « Loin des yeux, loin du cœur » dit le vieil adage et Liberty Media l’a parfaitement compris dans le cas de ces deux pays jadis foyers d’une gigantesque passion pour la F1! Une belle grande chaîne de sept Grands Prix sur le vieux continent est maintenant bien ancrée dans le calendrier, entre le 24 juin et le 26 août et c’est tant mieux. Un seul bémol existe cependant dans ce tableau autrement parfait: la tenue de trois évènements en trois weekends (France, Autriche, Grande-Bretagne), ce qui se veut un pari fort audacieux pour l’univers de la F1. Ce sera, à n’en pas douter, de la très haute voltige sur le plan de la logistique.

Montréal : installations en transition

Un mot en terminant sur le Grand Prix du Canada.

« J'espère qu'on est dans la lutte pour la 4e place »

Il suffit de converser avec le promoteur François Dumontier au cours d’un lunch rapide pour saisir son enthousiasme de faire dorénavant affaire avec le clan Liberty Media. Pour chaque question, chaque idée, chaque dossier, il y a au moins un intervenant clairement identifié au sein du nouveau groupe de contrôle. Personne ne mettra en doute l’apport gigantesque de Bernie Ecclestone à l’évolution de la F1, bien sûr, mais comme Bernie le disait si bien lui-même, il aimait bien la « démocratie autocratique ». Le moindre détail devait filtrer par son bureau, ce qui retardait souvent l’avancement des choses mêmes les plus banales, de façon parfois exagérée.

Par ailleurs, les visiteurs au circuit Gilles-Villeneuve verront déjà les premiers jalons du plan de rénovation ambitieux touchant les infrastructures permanentes de la portion ouest du circuit. Le travail se passe surtout derrière les garages cette année, ce qui touchera principalement l’ère de séjour et d’hospitalité pour les écuries. La portion la plus visible des travaux, touchant l’immense structure des garages, s’amorcera après la présentation de l’évènement les 8, 9 et 10 juin prochains.

Soulignons en terminant que la prévente de billets a connu jusqu’ici un rythme plus que satisfaisant et qu’il y a tout lieu de croire que le GP du Canada affichera complet!

Là-dessus mes amis, je vous souhaite une excellente saison et au plaisir de vous retrouver dans la nuit de samedi à dimanche, sur notre plateau de diffusion, dès minuit 30!