Ce n’est pas un début de saison facile pour l’écurie Williams, et par conséquent, pour le Canadien Lance Stroll. L’écurie anglaise est la seule à ne pas avoir récolté de points après trois Grands Prix. C’est la première fois depuis 2013 que l’équipe ne récolte aucun point après les trois premières manches de la saison. En comparaison, l’an dernier, Williams avait 16 points au compteur après les Grands Prix d’Australie, de Bahreïn et de Chine grâce à deux 6e places de Felipe Massa.

 

Lors des qualifications de la dernière épreuve, en Chine, j’ai été surpris de voir que le temps de Lance Stroll était plus lent que celui enregistré l’an dernier. Je me suis alors demandé si Williams était la seule équipe à être plus lente que la saison précédente en termes de temps au tour. On pouvait croire que Williams s’améliorait plus lentement que les autres, ce qui explique son manque de compétitivité, mais s’améliore-t-elle vraiment? J’ai donc fait des calculs pour vous, et les résultats sont éloquents.

 

J’ai comparé les meilleurs temps en qualifications (peu importe qu’ils aient été enregistrés en Q1, Q2 ou Q3) de tous les pilotes qui étaient présents l’an dernier et qui n’ont pas changé d’équipe.

 

Commençons par la dernière épreuve, celle de Chine. Seulement deux pilotes ont fait un temps plus lent que celui de l’an dernier. Il s’agit de Marcus Ericsson, chez Sauber (+0,022), et de Lance Stroll, chez Williams (+0,299). Le Québécois est donc le seul à avoir fait un recul plus marqué, Ericsson ayant fait un temps presque identique à l’année précédente.

 

Une séance de qualification, c’est un échantillon bien petit. J’ai donc refait l’exercice avec la qualification de Bahreïn. Encore là, Stroll a été plus lent que l’an dernier (+0,335), mais surtout, il est le seul à ne pas avoir amélioré son temps.

 

En moyenne lors de ces deux épreuves, Stroll a donc perdu 317 millièmes de seconde. Vous aurez compris qu’il est le seul à avoir une moyenne négative. Lorsqu’on compare avec les autres équipes de milieu de peloton, on voit vraiment le retard de Williams. Par exemple, en moyenne, l’écurie Haas s’est améliorée de plus d’une seconde et demie au tour en qualifications (-1,830). Parmi les autres équipes, Renault (-0,852), Force India (-1,840) et McLaren (-1,584) peuvent aussi servir de comparatif. Bien sûr, plusieurs facteurs peuvent influencer les résultats. Par exemple, une séance de qualification difficile l’an dernier va accentuer les écarts, un changement de moteur aussi, comme dans le cas de McLaren. Mais la tendance, elle, est indéniable, Williams est la seule équipe à perdre du terrain.

 

Autrement dit, pendant que ses rivaux font de grands pas en avant, Williams recule. Pourtant, Stroll a maintenant une année d’expérience en Formule 1 alors qu’il en était à ses tout débuts l’an dernier. On peut donc s’imaginer que le retard s’explique surtout par les performances de la monoplace. La saison est encore jeune et Williams pourra faire du développement sur cette voiture, et peut-être, espérer combler le retard. Mais disons que pour la première voiture sous l’ère du directeur technique Paddy Lowe, on pouvait s’attendre à mieux.

 

Et le positif ?

 

Tout n’est pas noir du côté de Williams et de Stroll. Tout d’abord, le pilote canadien commence à se faire une très bonne réputation sur ses départs. À Bahreïn, il a gagné sept positions au premier tour, passant de la 20e à la 13e place. En Chine, il gagne six positions, grimpant du 18e au 12e échelon.

Lance Stroll gagne six places au premier tour

 

Stroll a la capacité d’être à la fois agressif, ce qui lui permet de gagner quelques places, sans jamais en faire trop. Il évite les accrochages devant lui, s’assure de ne pas endommager la voiture, et parvient à améliorer son sort. En entrevue, il expliquait se fier à son instinct lors des départs, ce qui lui sert très bien.

 

D’ailleurs, la Formule 1 a dévoilé les images du dernier départ de Stroll en caméra embarquée, images qui n’avaient pas été diffusées lors de l’épreuve. Ça vaut la peine d’y jeter un coup d’œil!

 

De plus, Stroll et Williams sont sûrement très heureux de mettre le cap sur Bakou, en Azerbaïdjan. Vous vous souvenez sans doute de l’épreuve de l’an dernier! Ce Grand Prix avait donné lieu à une course folle, avec de nombreux accrochages, des pénalités, la fameuse confrontation entre Lewis Hamilton et Sebastian Vettel...Tout ça avait permis à Stroll, qui avait encore une fois démontré sa capacité à éviter les ennuis, de monter sur le podium, se faisant coiffer à l’arrivée par Valtteri Bottas pour la 2e place.

 

Il serait évidemment illusoire de penser à un scénario semblable cette année et d’espérer un podium pour le Canadien. Sauf qu’il se passe beaucoup de choses sur ce circuit et Stroll s’est très bien senti sur ce tracé l’an dernier. En plus de son podium, il avait connu une bonne qualification, se classant huitième. Ce serait le moment parfait pour inscrire les premiers points de Williams cette saison, vous ne croyez pas?

 

La patience de Verstappen

 

En terminant, un petit mot sur Max Verstappen. Dans ma dernière chronique, j’écrivais qu’il devait mieux choisir ses moments afin d’éviter de perdre des points précieux au classement. Il l’a démontré une fois de plus en Chine. La victoire lui était destinée, mais il a tenté un dépassement impossible aux dépens de Lewis Hamilton avant de s’accrocher avec Sebastian Vettel, ruinant ses chances non seulement de victoire, mais de podium.

 

En entrevue, le jeune pilote a pris l’entière responsabilité de son accrochage avec Vettel, ajoutant qu’il aurait sans doute mieux fait d’attendre un peu avant de tenter de le dépasser. L’agressivité, c’est bien, mais il faut parfois savoir se montrer patient.

 

D’ailleurs, mon collègue Bertrand Houle a très bien résumé la situation en comparant le style de pilotage de Verstappen et de son coéquipier Daniel Ricciardo, en Chine. C’est à voir ici.

 

Finalement, RDS vous donne rendez-vous samedi matin à 8 heures 45 pour la séance de qualifications du Grand Prix d’Azerbaïdjan, puis dimanche, la course vous sera présentée à 7 heures 30 avec l’émission d’avant course.