MONTRÉAL - Si la guerre de mots entre le maire de Montréal Denis Coderre et les opposants à la Formule E a monopolisé l’attention jusqu’à maintenant, il semble que ce n’était qu’un aperçu timide de la rivalité qui oppose les deux meneurs au classement du championnat des pilotes.

Pour une deuxième saison de suite, Sébastien Buemi et Lucas di Grassi se retrouvent au coude-à-coude avant la dernière fin de semaine de courses et gageons que les deux pilotes ne sont pas allés constater avec tristesse le sort réservé à La Pitoune depuis qu’ils ont mis les pieds en ville.

À égalité avant le départ de la dernière épreuve de la campagne 2015-2016 tenue à Londres, di Grassi a accroché Buemi dans un des premiers virages, empêchant ainsi les deux pilotes de finir l’épreuve. Étant donné que les pilotes changent de bolide à la mi-course, il était encore possible de réussir le tour le plus rapide afin d’arracher les deux points bonis qui feraient la différence.

C’est précisément ce que di Grassi est parvenu à accomplir au 6e tour, mais tandis que Buemi tentait de le battre, le Brésilien prenait un malin plaisir à quitter les puits au même moment que lui afin de le freiner dans son élan. Néanmoins, le Suisse l’a devancé au 19e tour pour être sacré champion. Mais plus d’un an après les faits, il n’a toujours pas passé l’éponge sur cet incident.

« Je le respecte en tant que pilote, mais je n’ai pas de respect pour ce qui s’est passé l’année dernière, a déclaré Buemi la semaine dernière à Motorsport.com. Les gens dans la discipline savent exactement ce qui s’est passé là-bas. Si [un accrochage] se produit une fois de plus comme ça, que croyez-vous que les gens vont penser ensuite? Ce sera vraiment dur à expliquer pour lui. Il ne peut pas se permettre quelque chose comme ça pour sa réputation, non? »

Fondamentalement, le pilote de l’écurie Renault e.Dams en a contre le fait que son rival n’a jamais assumé la responsabilité de l’incident survenu à Battersea Park. À l’époque, di Grassi avait accusé Buemi d’avoir freiné beaucoup trop rapidement à l’approche du troisième virage.

« L’autre côté de ça, c’est que l’année dernière, au lieu de dire "j’ai tout tenté et j’ai perdu, la situation s’est passée ainsi et je suis désolé", il a dit que c’était ma faute et que j’avais freiné tôt, a déploré Buemi. Je n’aime pas ça et je pense que ce n’était pas correct du tout. On peut pousser les choses très loin, mais il y a une limite, et il est allé bien au-delà ce jour-là. »

Sans surprise, di Grassi n’a pas tardé à répliquer aux propos de Buemi et s’est même permis d’en rajouter une couche en sous-entendant que le Suisse avait du mal à vivre avec la pression. Au final, il n’a pas l’intention de changer son approche pour faire plaisir à son meilleur ennemi.

« Il a perdu le titre lors de la première saison avec une erreur plutôt simple, quand il est parti en tête-à-queue dans son tour de sortie et a tout perdu, a répondu di Grassi également à Motorsport.com. On peut donc clairement voir qu’il a quelques problèmes dans ce domaine. Tout le monde ressent bien sûr la pression de manière différente. Il a beaucoup de pression ce week-end, bien plus que moi, car tout le monde attendra de voir si ces erreurs se répètent à Montréal.

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« Il semble avoir encore un avis très tranché au sujet de Battersea et de la manière dont je me comporte, et s’il pense que ce n’est pas comme ça que je devrais me comporter, encore une fois, je dis que ça ne me préoccupe pas. C’est de l’histoire ancienne désormais. Je dis et je pense que c’était correct. »

Le fardeau de la preuve repose en effet sur les épaules de Buemi, puisqu’il a remporté six des huit épreuves auxquelles il a participé cette saison. N’eût été son absence aux deux épreuves de New York il y a deux semaines en raison de sa participation au Championnat du monde d’endurance (WEC), il se serait probablement débarqué à Montréal en tant que champion.

Suite et fin de l’histoire à compter de samedi avec la tenue de la première des deux courses de la fin de semaine.

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