Chaque année, le dimanche du « Memorial Day » américain nous offre deux classiques : les 500 Miles d’Indianapolis, la course IndyCar de loin la plus importante de la saison et lancée vers midi, et le Coca-Cola 600, lancé en début de soirée, la course NASCAR la plus longue de la saison.

À l’international, le spectaculaire Grand Prix de Monaco ouvre ce même dimanche chaque année. De plus, le  Championnat Rallycross Mondial se retrouvait pour sa part à Lydden Hill, à l’est de Londres, le petit circuit où le Rallycross est né.

Beaucoup de temps à passer devant l’écran pour vous amateurs comme pour les frappadingues comme moi et les autres membres de l’équipe qui vous amène les courses à RDS.

Vous avez presque tous pu voir Hamilton dominer à Monaco avant que son équipe ne l’arrête en fin de course pour monter quatre pneus neufs dont il n’avait manifestement pas besoin, et terminer troisième au final. J’attends encore une explication crédible (crevaison lente???) de cette bourde apparente. Nico hérite ainsi d’une victoire-surprise, Hamilton semblait beau joueur lors des interviews d’après-course, n’affichant pas son style puéril habituel. À ne rien comprendre !

Vint ensuite le Rallycross où Petter Solberg, le champion en titre et meneur au championnat 2015, domine depuis le début de la saison. Il a rappliqué à Lydden Hill dimanche passé, terminant premier au cumulatif après les quatre courses qualificatives. Il domina ensuite sa demi-finale, comme l’a fait son adversaire le plus fort, Mattias Ekström, pilote titulaire Audi en DTM. Le suédois n’est pas un manchot (il a gagné la course DTM du dimanche à Hockenheim en ouverture de saison).

 Ekström remporta la seconde demi-finale haut la main et partait en finale sur la première ligne, à l’extérieur de Solberg. Ce dernier s’empara de la tête au premier virage et mena les six tours de piste de la finale de bout en bout, terminant juste devant Ekström malgré une crevaison lente et un demi-arbre de transmission avarié au dernier tour.

Deux deuxièmes places et deux victoires en quatre courses pour Solberg, un début de saison irrésistible qui lui donne une grosse avance vers un autre championnat, avec des performances imbattables en appui. Vivement la ronde de Trois-Rivières !

Passons maintenant au Indy 500, lancé en tout début d’après-midi, avec ses 33 partants et ses vitesses moyennes de plus de 355 km/h. Pour aller vraiment vite à Indy, il faut réduire le frottement mécanique et aérodynamique le plus possible, maximiser l’adhérence mécanique de la voiture, puis réduire l’appui et la traînée aérodynamique au minimum absolu. Les voitures se trouvent donc sur un fil ultramince en virage, toujours près de la glisse et de l’accident.

De plus, 33 voitures qui veulent toutes passer devant et la turbulence plus importante que lors des essais et qualifs rendent les conditions ultras dangereuses. Les vieux pilotes savent quoi faire dans de telles circonstances alors que les plus jeunes détruisent leurs voitures en apprenant comment traiter de ces circonstances toutes nouvelles pour eux.

Les quinze derniers tours de piste d’hier on vu une bataille de tous les instants entre des pilotes d’expérience qui se respectent et qui n’ont pas peur de se frotter à plus de 300 km/h, comme les Will Power, Tony Kanaan, Scott Dixon, Juan Pablo Montoya, Helio Castroneves, et des plus jeunes comme Simon Pageneau et Charlie Kimball.

Revenu en IndyCar après un long purgatoire en NASCAR, Montoya a démontré hier pourquoi Roger Penske lui donne un volant : un pilote incomparable, encore capable de se battre et gagner, à 40 ans, avec la bonne voiture. Sa démonstration magistrale de vitesse et de courage en fin de course en a convaincu plusieurs : il n’est pas un pilote fini – et les piètres voitures de Ganassi en NASCAR jouaient pour beaucoup dans ses déboires. Une belle victoire pour le Colombien après son passage aux oubliettes en NASCAR.

Ce qui nous amène au clou de la soirée, le Coca-Cola 600 à Charlotte avec tous les excès d’un spectacle à la NASCAR. Après plusieurs hommages et remerciements bien mérités aux vétérans (une chose que nos vétérans méritent aussi de notre part), on passa aux choses sérieuses, avec une bataille des meilleurs coqs, comme les frères Busch, Kevin Harvick, Jimmie Johnson, l‘incroyable Martin Truex Jr avec sa petite équipe, et le reste de la meute qui venait faire leur tour à l’avant à la faveur d’un bon relais.

 J’avoue être passé proche du sommeil dans le passé au fil des 600 tours, ce qui ne fut absolument pas le cas cette année. Personne ne voulait rester à l’arrière et attendre le dernier quart de la course pour mettre toute la gomme. Tout le monda savait que les voitures devaient être parfaite pour la fin de course, ce qui voulait dire pousser au max à tous les relais afin de bien suivre l’évolution de la voiture et de la piste devenue de plus en plus froide à la noirceur.

Tout au long de la course, les équipes se limitaient à des relais de 51 à 55 tours, alors que les pneus perdaient leur efficacité, surtout à la chaleur en début de course. Les équipes se voyaient forcées à monter des pneus neufs en même temps que les autres afin de ne pas perdre de temps en piste. Cette tactique ne donnait cependant aucune indication précise et fiable du nombre de tours possibles avec un plein d’essence, comme on vit en fin de course, lors d’une neutralisation avec moins de 20 tours à faire.

La logique habituelle nous disait que c’était alors l’occasion rêvée de faire un dernier plein et de monter au moins deux pneus neufs, ce qui fit la majorité des meneurs, mais pas toutes les équipes derrière eux. Sept ou huit chefs d’équipes, à partir de la sixième ou septième place, décidèrent de ne pas rentrer pour du carburant et des pneus neufs. Ils décidèrent de plutôt rester en piste et couvrir un total de 63 tours, c’est-à-dire depuis leur dernier arrêt jusqu’au final sans pneus neufs ou plein d’essence. Il s’agissant alors de quelques 8 tours de plus que le maximum observé durant la course – un gros coup de dés !

Et il arriva donc que quatre équipes (Edwards, Biffle, Earnhardt Jr et Kenseth) qui n’avaient pas roulé à l’avant de toute la course se sont donc retrouvées en tête, et terminé dans cet ordre alors que les anciens meneurs, avec Truex en tête de file et donc le vainqueur moral, ont terminé 5e et plus.

Quelle fin de course ! Comme en IndyCar, en F1 et en Rallycross Mondial d’ailleurs – et quel dimanche pour nous mordus de la chose !