MONTRÉAL - Il a beau avoir 45 ans et vécu bien des déconvenues au fil de sa carrière en course automobile, Alex Tagliani affiche l'enthousiasme d'une recrue à quelques jours du début de la saison de la série NASCAR Canada. Et après avoir terminé deuxième au championnat à seulement sept points de Louis-Philippe Dumoulin l'an dernier, il vise le titre cette fois.

Tagliani se mettra à la tâche dès dimanche au volant de sa Chevrolet no 18 de l'équipe 22 Racing pour la première course de la saison sur le circuit Canadian Tire Motosport Park à Bowmanville, en Ontario. Le championnat comporte 13 épreuves disputées dans cinq provinces au pays et il fera une incursion aux États-Unis, au New Hampshire, en septembre.

« Il y a longtemps que je n'ai pas eu autant de plaisir à faire de la compétition, a avoué le pilote originaire de Lachenaie en entrevue à La Presse canadienne. J'aborde la saison avec excitation. Il m'aura fallu toute une carrière pour en arriver là. »

Pour vivre sa passion, Tagliani a souvent dû faire des compromis déchirants dans le passé, sans parler du stress incessant pour réunir l'argent nécessaire pour s'assurer un volant en IndyCar ou en ChampCar.

« À 25 ans, tu es prêt à tous les sacrifices pour rouler dans les séries phares en monoplace, même si tu sais que tu ne seras pas au volant d'une voiture compétitive ou au sein d'une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs. Tu pars perdant avant même le début de la course. »

Malgré sa grande détermination, Tagliani avoue qu'il est d'ailleurs passé à un cheveu de tout abandonner entre 2011 et 2013 en raison de la précarité de son statut dans la série IndyCar.

« Je n'aimais pas le modèle d'affaires des équipes. Je me retrouvais comme sur un siège éjectable, à la merci d'avoir à céder mon volant si un autre pilote arrivait avec de l'argent. Les week-ends de course, au lieu d'apprécier d'être dans la voiture, je devais me préoccuper de questions financières. »

Il n'en est plus là. À l'aube d'une troisième saison complète dans la série NASCAR Canada, il est plus serein que jamais. Et il est emballé à la suite des essais effectués à la fin du mois dernier, où il a eu l'occasion de tester les nouveaux pneus.

« Ils nous font gagner deux secondes et demie au tour, a-t-il constaté. La série était prête à passer à des pneus de course plus compétitifs.

« Ce type de pneus plus tendres pour la course va probablement s'user plus rapidement, ce qui va offrir des fins de courses plus palpitantes. »

Pour la cause

Tout au long de sa carrière, Tagliani a dû composer avec sa sévère allergie aux noix, ce qui n'est guère évident quand on voyage sur tous les continents. Plus d'une fois, il a eu peur d'en mourir.

« J'ai vu la mort de plus près à cause de mes allergies qu'en raison des risques liés à la course automobile, a-t-il relaté. C'est une peur qui m'a toujours hanté. Quand on fait un choc anaphylactique, c'est comme la sensation d'être en train de se noyer. On ne parvient plus à respirer. »

Il se souvient d'ailleurs d'un épisode traumatisant survenu à Indianapolis où lors d'un souper d'équipe, on avait servi un gâteau au fromage avec un glaçage à la pate d'amande dissimulé sous un coulis aux fruits.

« La réaction a été immédiate et, en plus, j'avais laissé mon auto-injecteur d'épinéphrine dans la voiture. La situation a tellement dégénéré que lors de l'intervention des secours, ils ont dû me placer dans le coma pour me stabiliser. »

Il n'est guère étonnant qu'il s'implique pour la cause, d'autant plus que sa fille de quatre ans est allergique aux oeufs.

« Les allergies alimentaires constituent un fléau grandissant, a prévenu 'Tag', l'un des ambassadeurs d'Allergie alimentaires Canada. Plus de 2,6 millions de Canadiens en souffrent. La société est de plus en plus sensible à cette réalité ici au Québec, mais il faut néanmoins une plus grande sensibilisation au problème. »

À cette fin, Tagliani a récemment visité une école élémentaire en Ontario dans le cadre du mois de la conscientisation aux allergies alimentaires pour promouvoir l'éducation sur les risques qui y sont associés. Dimanche, sa voiture sera d'ailleurs décorée de plusieurs autocollants que les jeunes élèves ont colorié et collé sur le bolide avec leurs noms. Plusieurs d'entre eux assisteront également à la course.