PARIS - Dans la foulée de Sébastien Ogier (Volkswagen Polo-R), superbe vainqueur samedi en Finlande, la nouvelle génération du WRC, parfaitement représentée par le Belge Thierry Neuville et le Norvégien Mads Ostberg, a définitivement pris le pouvoir dans le Mondial des rallyes.

Sur les terres sacrées des « Finlandais volants » où a longtemps soufflé le « sisu », appellation contrôlée de l'attaque à tout va, ce trio infernal a donné un sacré coup de vieux au gentil Mikko Hirvonen. Le pilote Citroën vient de fêter ses 33 ans, alors qu'Ogier n'en affiche que 29 et ses deux compères 25.

Une fois de plus, « Hirvo », 4e, a semblé incapable de hausser le rythme, laissant Ogier creuser l'écart en tête à la manière de Sébastien Loeb. Les deux autres se sont battus comme des chiffonniers jusqu'à la 22e et avant-dernière spéciale, la fameuse « Ouninpohja » qu'ils ont attaquée avec un dixième de seconde d'écart au classement général.

« C'est la seule spéciale qui m'intéressait, elle est tellement magique qu'on voulait attaquer pour se faire plaisir », a dit Ogier. Il a tellement attaqué qu'il a abaissé de neuf secondes, au deuxième passage, le record des 33 km, à 130 km/h de moyenne, dans ce juge de paix qui fait le tri, chaque année, « entre les hommes et les enfants », selon le cliché bien connu.

Dans le rallye le plus difficile, le plus rapide et surtout le plus risqué du calendrier, dans ce Grand Prix de Finlande pour gros coeurs et pieds lourds, au ras des arbres, Ogier et les deux pilotes Ford ont commencé à écrire l'avenir du WRC, la première belle page de cet « après-Loeb » sur lequel la Fédération internationale de l'automobile (FIA) fonde beaucoup d'espoirs.

Neuville et Ostberg, futurs grands

La réglementation technique a été figée, avec l'accord de Volkswagen, ce qui va garantir l'intérêt sportif des prochains mois et permettre à tous ceux qui aspirent à la succession de Loeb, et pas seulement Ogier, de se mettre en valeur au gré des circonstances, comme Neuville et Ostberg ce week-end dans les forêts de Jyväskylä.

« L'année passée, c'était ma plus grosse déception. J'ai pleuré en passant la ligne d'arrivée d'Ouninpohja car j'étais en train de faire un super rallye et on est sorti de la route. Cette année, c'est le contraire complet, tout a bien marché, à part une petite crevaison à l'atterrissage d'un saut. Je ne pouvais pas rêver mieux », a lancé le Belge, ravi de sa 2e place.

« C'était un bon week-end et ça m'a remonté le moral, redonné confiance, car j'étais très déçu de ma première moitié de saison », a dit Ostberg en conférence de presse. À la différence de Neuville, il a déjà gagné en WRC mais c'était après le déclassement d'Hirvonen, l'an dernier au Portugal. Son 7ème podium en 60 rallyes, dimanche à Jyväskylä, a davantage de valeur, car c'était en Finlande.

Comme Neuville, Ostberg a appris le métier à la dure, en cassant des voitures et en cherchant des budgets. Comme le Belge, c'est grâce au Qatar, et plus particulièrement à Nasser Al-Attiyah, tireur d'élite, pilote de rallye et vainqueur du Dakar 2011, qu'il peut continuer sa carrière au sein de M-Sport, l'écurie de Malcolm Wilson.

Avec Ogier, Neuville et Ostberg, le WRC peut voir l'avenir en rose, car il y aura souvent de belles bagarres. Et si Jari-Matti Latvala, 28 ans, s'en mêle aussi, histoire de sauver l'honneur des Finlandais volants, ça va vraiment aller très vite.