Une peine de quatre mois de prison avec sursis a été requise jeudi à l'encontre de la jeune femme qui avait provoqué une chute massive de coureurs sur la route du Tour de France en brandissant une pancarte à l'intention de ses grands-parents en juin dernier.

La représentante du ministère public (accusation) Solenn Briand a souligné que la jeune femme de 31 ans, poursuivie pour « mise en danger d'autrui » et « blessures involontaires », avait « reconnu la dangerosité de son comportement » et qu'elle avait exprimé des regrets.

Le jugement a été mis en délibéré au 9 décembre.

Vêtue d'un pantalon et d'un pull bleu marine, la jeune femme, sans emploi et sans casier judiciaire, avait fui les caméras à son arrivée au tribunal correctionnel de Brest dans l'ouest de la France.

Son avocat Julien Bradmetz, qui a vainement réclamé le huis clos, a présenté sa cliente comme ayant « une personnalité fragile depuis de nombreuses années ». « Cette fragilité a été décuplée de sorte qu'aujourd'hui ma cliente vit un enfer », a-t-il souligné.

« Allez opi-omi! » – papy-mamy en Allemand, sa grand mère étant d'origine allemande – avait-elle écrit en grosses lettres sur un bout de carton à l'adresse de ses grands-parents, fans inconditionnels de la Grande Boucle.

C'était le 26 juin dernier, sur la commune de Sizun, à 45 km de l'arrivée de la première étape du Tour, partie de Brest en Bretagne. La jeune femme avait brandi sa pancarte en empiétant sur la chaussée, dos au peloton. Plusieurs coureurs, lancés à vive allure, n'avaient pu l'éviter. L'Allemand Tony Martin, le premier à tomber, avait entraîné dans sa chute de nombreux autres cyclistes.

Son message a fait le tour du monde, mais les conséquences de ce que cette femme de 31 ans a qualifié de « bêtise » ont été graves.

« Pas une terroriste »

Le Tour de France, qui avait dans un premier temps annoncé son intention de porter plainte, y a finalement renoncé disant vouloir « apaiser les choses ».

« Cette dame a fait une énorme boulette qui aurait pu avoir des conséquences encore plus grandes mais ce n'est pas une terroriste », a déclaré le directeur de la Grande Boucle, Christian Prudhomme, en marge de la présentation du parcours du Tour 2022, qui se tenait également jeudi.

Elle « a fait tomber une cinquantaine de coureurs, dont certains ont été contraints à l'abandon en raison de blessures corporelles graves », a regretté mercredi l'organisation internationale Cyclistes professionnels associés (CPA), partie civile au procès.

Plusieurs coureurs avaient été contraints à l'abandon, dont l'Allemand Jasha Sütterlin (DSM) et l'Espagnol Marc Soler (Movistar). Ce dernier, vainqueur de Paris-Nice 2018, avait eu trois fractures au bras gauche.

« Le préjudice subi par les coureurs est physique, moral et économique. Un athlète s'entraine des mois pour un grand tour et il n'est pas acceptable que tout son travail acharné, celui de sa famille et de son équipe soit anéanti en un instant par la quête de popularité de ceux qui devraient assister à l'événement sans en devenir les protagonistes », a déploré le président de l'organisation basée en Suisse, Gianni Bugno.

La seule association de coureurs reconnue par l'Union cycliste internationale (UCI) a néanmoins fait savoir qu'elle ne demandait qu'une indemnité symbolique d'un euro, disant vouloir uniquement attirer l'attention du public sur la nécessité d'adopter « une attitude responsable et respectueuse envers les coureurs ».

Les images de cette femme, vêtue d'un ciré jaune, portant une casquette verte et brandissant sa pancarte un large sourire aux lèvres avant d'être percutée par le peloton, avaient fait le tour du monde, déchaînant un fort intérêt médiatique. C'est seulement quatre jours après les faits, et alors qu'un appel à témoin avait été lancé, qu'elle s'était rendue à la gendarmerie de la ville de Landerneau, chargée de l'enquête, ne supportant plus la pression médiatique.

« La mise en cause a exprimé un sentiment de honte, de peur face aux conséquences de son acte. Elle se dit angoissée par le retentissement médiatique de ce qu'elle appelle 'sa bêtise' », avait souligné début juillet lors d'une conférence de presse le procureur de la République de Brest Camille Miansoni.