GRENADE, Espagne - Comme si de rien n'était, Chris Froome a repris la compétition mercredi au Tour d'Andalousie, pour sa première apparition publique depuis la révélation de son contrôle antidopage anormal. Et tout en disant faire « profil bas », le Britannique a fustigé la « désinformation » autour de l'affaire.

Rien n'est réglé dans cette procédure révélée en décembre mais la saison, entretemps, a repris : la 1re étape de la « Ruta del Sol », autre nom de l'épreuve andalouse, a accouché mercredi d'un sprint massif remporté par le Français Thomas Boudat (Direct Energie) pendant que Froome terminait dans l'anonymat du peloton dans les rues de Grenade (sud de l'Espagne).

Dans l'anonymat, certes, mais pas inaperçu : le meneur de l'équipe Sky, vainqueur de cette course en 2015, a attiré tous les regards. Il a d'ailleurs reçu un accueil plutôt bienveillant de la part du public andalou, qui l'a chaudement applaudi le matin au moment de sa signature sous un soleil déjà printanier.

Après deux mois de silence médiatique, brisé seulement par quelques rares tweets ou communiqués lissés et soupesés, le quadruple vainqueur du Tour de France a enfin pris la parole, répétant des arguments de défense déjà connus. Mais il a aussi critiqué ceux qui, dans le monde du cyclisme, l'ont prié de ne plus courir avant que la procédure le concernant ne soit tranchée.

« Il y a beaucoup de désinformation qui circule et beaucoup d'opinions de gens qui ne comprennent pas tout à la procédure », a dit le Britannique.

« Je fais profil bas »

« Je crois fermement que quand tous les faits seront connus, les gens verront les choses de mon point de vue », a-t-il ajouté.

Réglementairement, le meneur de l'équipe Sky a le droit de courir dès lors que la substance incriminée dans son contrôle anormal, le salbutamol (anti-asthmatique), n'entraîne pas de suspension provisoire. Mais dans l'attente d'une décision de l'Union cycliste internationale (UCI) dans ce dossier, le fait que Froome accroche un dossard a suscité un certain malaise dans le peloton.

À ce stade, la défense du coureur, âgé de 32 ans, n'a pas encore annoncé avoir présenté le dossier scientifique à même de justifier, éventuellement, le résultat anormal subi en septembre lors de sa victoire sur le Tour d'Espagne, et révélé en décembre par les quotidiens français Le Monde et britannique The Guardian.

« Nous travaillons aussi dur que possible pour résoudre cette situation. Personne ne souhaite plus que moi que cela se résolve vite », a dit Froome.

« Il est sûr que cela a été une période difficile, ce ne sont pas des circonstances normales. Évidemment, cela devait être une procédure confidentielle mais elle a été rendue publique. Nous faisons de notre mieux pour résoudre tout cela. Je fais profil bas, je reste concentré sur mon entraînement et ma préparation », a-t-il assuré.

La logique sportive faussée?

Parmi les voix les plus critiques à l'encontre du Britannique, le président de l'UCI, le Français David Lappartient, a demandé que Froome reste sur la touche jusqu'à la décision le concernant.

Interrogé à ce sujet, le Britannique a répliqué avoir surtout reçu des marques de bienveillance. « Le soutien du peloton a été incroyable », a-t-il fait valoir.

S'il vient à être blanchi par la suite, ce retour à la compétition est un jalon indispensable pour le Britannique qui a besoin d'accumuler les kilomètres en vue de ses objectifs : participer cette année au Tour d'Italie (départ le 4 mai) puis au Tour de France (7 juillet) dans lequel il veut égaler le record des cinq victoires.

En revanche, si une sanction lui est infligée, le risque est grand que le palmarès de la « Ruta del Sol » doive être modifié a posteriori, faussant la logique sportive de l'épreuve courue de mercredi à dimanche.

Jeudi, Froome vivra son deuxième jour de compétition dans ce début de saison si particulier. Et on saura déjà où il en est physiquement avec cette 2e étape de 140 km : cinq ascensions sont au programme, dont la montée finale vers l'Alto de las Allanadas.