COPENHAGUE – C'est le temps des déclarations d'intentions et des premières apparitions : à deux jours du grand départ du Tour, la concurrence s'imagine avoir la peau de Pogacar, attendu comme un prince pour la présentation d'équipes, mercredi dans les jardins de Tivoli bondés.

« Nous pensons que nous pouvons le battre », a affiché mercredi l'autre Slovène Primoz Roglic. « Nous espérons que nous pourrons défier (Tadej) Pogacar », a rajouté le local Jonas Vingegaard.

Jumbo compte sur ses duettistes, respectivement deuxièmes des éditions 2020 (Roglic) et 2021 (Vingegaard), pour détrôner le double vainqueur sortant qui n'a jamais été aussi impressionnant.

En plus des courses à étapes – victoires dans le Tour des Émirats arabes unis et Tirreno-Adriatico – « Pogi » a brillé aussi dans les classiques cette année en écrasant les Strade Bianche et signant deux top-5 dans des monuments (5e de Milan-Sanremo puis 4e du Tour des Flandres).

Pour autant, il n'a pas l'ascendant sur son compatriote puisque les deux Slovènes n'ont jamais été au même départ, à l'exception de la Primavera.

Tous les rêves sont encore permis avant vendredi et le commencement de cette odyssée s'ouvrant par une rencontre avec une sirène. Celle d'Andersen toisera les coureurs du bord de la partie la plus technique du contre-la-montre inaugural (13,2 km).

Roglic et Vingegaard comeneurs

Pour rejoindre Paris en jaune, Jumbo compte jouer plusieurs cartes. Comme Sky après les grandes années de Chris Froome. Quand la formation britannique avait ravi les Tour de France 2018, remporté par Geraint Thomas devant « Froomey » (3e), puis la Grande boucle 2019, conquise par Egan Bernal, aux dépens de Geraint Thomas (2e).

« Il faut que tout le monde soit à son meilleur niveau et nous avons définitivement besoin d'une stratégie à deux meneurs », a dessiné le directeur sportif de Jumbo Grischa Niermann.

Il faudra « survivre à la première semaine » d'abord, ont répété tour à tour Roglic et Vingegaard. La formule a fait sourciller Niermann : « Je n'aime pas le mot "survivre", ça sonne comme si on ne dormait pas de la nuit à cause de cette première semaine », a recadré l'Allemand.

Les possibles bordures au Danemark puis en France ainsi que les pavés de la cinquième étape, entre Lille et Arenberg, ne troublent peut-être pas les sommeils mais font beaucoup parler. « Ce sera chacun pour soi », a prédit Adam Yates, propulsé comeneur d'Ineos avec le Colombien Daniel Martinez. « Adam et Dani sont les meneurs de l'équipe et je veux les aider », a lâché le lauréat de la Grande boucle 2018, Geraint Thomas, dont les 36 ans pèsent, sans l'empêcher de remporter le Tour de Suisse moins de deux semaines plus tôt.

La menace de la COVID avant la fièvre jaune

Ce statut surprise survivra-t-il à la première semaine? En attendant, les rêves sont permis. Ceux du Russe Aleksandr Vlasov aussi : « La course est longue et si je joue intelligemment, je pense que j'ai une petite chance », affirme l'un des hommes en forme de la première partie de saison.

Contraint à l'abandon alors qu'il était leader du Tour de Suisse en raison d'un test positif à la COVID-19, le meneur de Bora paraît à l'abri d'un forfait de dernière minute en pleine recrudescence des contaminations dans le peloton.

« La COVID est toujours autour de nous », a commenté Roglic, privé pour le début de la course de son autre directeur sportif, Merijn Zeeman, infecté. Son rival Pogacar a lui perdu définitivement l'Italien Matteo Trentin, remplacé à la dernière minute par Marc Hirschi. Pendant encore quelques heures, le peloton retient son souffle. Place ensuite à la fièvre jaune.