NIMES, France – Le Tour de France, qui a été marqué par de nombreuses péripéties inattendues jusqu'ici, gardera assurément le meilleur pour la fin.

Six coureurs peuvent encore aspirer au podium à l'approche des dernières étapes dans les Alpes françaises, après une journée de repos bien méritée lundi. Les cyclistes ont adopté un rythme effréné lors des premiers 2500 km en Belgique et en France, et l'imprévisibilité de la course à l'approche du défilé sur les Champs-Élysées pourrait offrir aux spectateurs l'une des Grandes Boucles les plus mémorables de l'histoire moderne.

Rafraîchissant comme une pluie d'été, le suspens perdure alors qu'il ne reste que six des 21 étapes à négocier. Un tel scénario est particulièrement savoureux, surtout après des années de domination de l'équipe britannique Ineos, jadis connue sous le nom de Sky.

« Personne n'a pris le contrôle de la course. C'est beaucoup plus excitant, mais chaque geste ressemble beaucoup plus à une partie d'échecs. C'est très amusant, a commenté le directeur de l'équipe Ineos, Dave Brailsford, pendant la journée de repos lundi. Nous nous sommes assis ici si souvent lors de la deuxième journée (de congé) de la Grande Boucle en entendant les gens dire que nous étions assurés du titre et que la course elle-même avait été monotone. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. C'est amusant de faire partie de l'une des éditions (du Tour de France) les plus enlevantes depuis longtemps. »

Geraint Thomas, le champion en titre qui s'aligne avec Ineos, ou Thibaut Pinot, le grimpeur français qui a rebondi pendant l'ascension des Pyrénées alors qu'il semblait avoir été éjecté de la course au titre pendant les étapes sur le plat qui ont précédé celles en montagnes, peut encore espérer défiler sur les Champs-Élysées vêtu du légendaire maillot jaune dimanche.

Si Pinot l'emporte, alors ce serait la folie en France, qui attend toujours un héros local depuis la conquête du titre de Bernard Hinault en 1985. Une telle victoire permettrait aussi aux Français de tourner la page sur un chapitre sombre de l'histoire de la Grande Boucle, alors que des cyclistes dopés – tels que Lance Armstrong – dominaient sans vergogne une course qui fait partie de l'ADN du pays.

Le coéquipier colombien de Thomas, Egan Bernal, ou encore les négligés Steven Kruijswijk et Emanuel Buchmann pourraient tirer leur épingle du jeu et sabrer le champagne dans la capitale française dimanche. Même s'ils ont très peu défrayé les manchettes depuis le début de l'épreuve, leur remarquable constance leur a permis de se maintenir à la portée du titre. Celle-ci risque cependant de frapper un mur dans les Alpes, puisqu'une stratégie conservatrice risque d'être insuffisante pour maintenir le rythme de Thomas et Pinot, si ceux-ci décident de se lancer à l'attaque.

Seules 39 secondes – un écart minime en cyclisme, car de nombreux athlètes perdent des minutes lorsqu'ils se butent à des pentes très abruptes – déparent Thomas, le détenteur de la deuxième place, de Buchmann, qui est sixième. Kruijswijk est troisième, Pinot, quatrième, et Bernal, cinquième.

Il ne faut pas non plus oublier le détenteur du maillot jaune actuel, le favori des Français, Julian Alaphilippe. Son style agressif et imprévisible a permis aux spectateurs de rompre avec la monotonie établie lors des éditions précédentes par l'équipe Sky. Alaphilippe a cependant commencé à démontrer des signes de fatigue, après avoir gagné, perdu, repris et creusé son avance sur le reste du peloton lors de deux premières semaines d'activités.

Les étapes alpines qui se dérouleront de jeudi à samedi seront le théâtres de six ascensions au-delà de 2000 m, dont deux qui culmineront au fil d'arrivée. Ces trois journées, qui représenteront un calvaire pour certains, ou des moments glorieux pour d'autres, permettront de déterminer l'identité des cyclistes qui se retrouveront sur le podium du Tour de France.

Et peu importe ce qui se produira, les organisateurs du Tour de France pourront dire quelque chose qu'ils n'ont pas dit souvent ces dernières années; le meilleur reste à venir.