MADRID - Alberto Contador, triple vainqueur du Tour de France, a été blanchi mardi par la Fédération espagnole de cyclisme, un revirement spectaculaire dans l'une des affaires de dopage les plus retentissantes du sport espagnol.

La Fédération, qui avait proposé le 26 janvier une suspension d'un an, s'est donc finalement rangée à la ligne de défense du champion cycliste, contrôlé positif l'été dernier durant le Tour de France et qui depuis se dit innocent.

Première conséquence de cette décision, Alberto Contador prendra dès mercredi le départ du Tour d'Algarve, au Portugal, a annoncé son porte-parole Jacinto Vidarte.

"Nous pouvons simplement confirmer le classement" de l'affaire, Contador "peut courir à partir de maintenant, justice a été faite", a déclaré son avocat, Andy Ramos, après avoir été informé de la décision au siège de la fédération à Madrid.

L'Union cycliste internationale (UCI) "peut présenter un recours contre la décision de le blanchir (...) nous espérons qu'ils ne le feront pas", a-t-il poursuivi.

Cette décision est en effet susceptible d'appel de la part de l'UCI et de l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui ont un mois pour déposer un recours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Nombreux soutiens

À 28 ans, Alberto Contador est l'un des sportifs espagnols les populaires dans son pays et à l'étranger: triple vainqueur du Tour de France (2007, 2009, 2010), il est aussi l'un des cinq coureurs dans l'histoire du cyclisme à avoir gagné les trois grands tours (France, Italie, Espagne).

Depuis lundi déjà toute la presse espagnole annonçait un retournement de situation en sa faveur: "L'Espagne innocente Contador", résumait mardi le quotidien El Pais.

Le comité de discipline de la fédération, selon le journal, a estimé que les traces de clenbutérol, un produit qui stimule la fonction pulmonaire et possède des effets anabolisants, détectées lors d'un contrôle d'urine le 21 juillet 2010, ne constituent "pas un cas de dopage".

Contador avait reçu ces derniers jours des soutiens inattendus du monde politique et même de la justice espagnole, dans un pays coutumier des victoires sportives mais qui peine à prendre à bras-le-corps la lutte antidopage.

"Il n'y a aucune raison juridique pour sanctionner Contador", avait commenté le 10 février le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero.

Et le président de l'Audience nationale, la plus haute instance pénale du pays, Angel Juanes, avait lui aussi volé dimanche au secours du champion, affirmant qu'il ne "s'est pas dopé" et "devrait être blanchi".

Le président de la Fédération, Juan Carlos Castano, a réfuté mardi toute pression politique, affirmant que la décision avait été prise "de manière totalement autonome"

Déficit d'éducation

L'Espagne, éclaboussée ces dernières années par des scandales de dopage dans l'athlétisme et le cyclisme, s'est souvent défendue en rappelant qu'elle avait adopté en 2006 une loi sur la lutte antidopage.

"Je crois qu'il n'existe pas de problème de dopage spécifique" en Espagne, relevait à ce propos le docteur Inaki Arratibel, spécialiste de médecine sportive qui évoquait en revanche un déficit "d'éducation".

"Peut-être que par rapport à ce qui a été fait dans d'autres pays européens pour éradiquer le dopage, la mentalité a un peu de retard. Peut-être faudrait-il un niveau d'éducation et une prise de conscience du sportif un peu plus importants", expliquait-il à l'AFP.

Une sanction aurait obligé Contador à faire une croix sur la saison 2011 et l'aurait privé de sa victoire dans le Tour 2010.

Suspendu depuis le 24 août à titre provisoire par l'UCI, il s'est toujours dit victime d'une contamination alimentaire, liée à de la viande consommée la veille du contrôle.