CUENCA (Espagne), AFP - L'Italien Filippo Simeoni (Cantina Tollo) a remporté en solitaire la dix-huitième étape du Tour d'Espagne cycliste, courue jeudi sur 154,2 km entre Albacete et Cuenca (est), l'Espagnol Oscar Sevilla (Kelme) conservant la tête du classement général.

Paradoxe pour un coureur cycliste: Simeoni, qui avait préalablement vérifié que ses poursuivant ne le dépasseraient pas, a franchi la ligne d'arrivée à pied, descendant de sa bicyclette juste avant la ligne pour la passer en portant son vélo.

"J'ai fait cela car je suis un penseur du cyclisme et du sport en général. Il faut faire des choses comme celles-ci pour changer", a affirmé en toute modestie Filippo Simeoni.

Simeoni, 30 ans, qui remporte la plus belle victoire de sa carrière, était jusqu'ici plus célèbre pour sa déposition contre Michele Ferrari, le préparateur italien et personnage controversé du cyclisme, et sa confession sur sa consommation d'érythropoïétine (EPO) dans le cadre de l'enquête judiciaire sur le dopage en Italie.

L'Italien a devancé de 28 secondes un groupe de cinq hommes réglé par le Belge Geert Verheyen. Le peloton, comprenant tous les favoris, est arrivé 59 secondes plus tard. Le classement général reste inchangé aux premières places.

L'échappée gagnante est partie au 70e kilomètre et comptait douze hommes, dont l'Espagnol Inigo Cuesta, 13e du général à 10 min 06 de Sevilla et surtout l'Allemand Erik Zabel, désireux de reprendre le maillot du classement à points à José-Maria Jimenez. En s'imposant aux trois étapes volantes (sprints intermédiaires) et en prenant la 9e place de l'étape, il a rempli son objectif sans pouvoir lutter pour la gagne.

Les favoris se neutralisent

Le groupe d'échappés a en effet explosé dans la courte mais très difficile montée dans les rues historiques de Cuenca, à 12 km de l'arrivée. Santiago Blanco, vainqueur de la 10e étape au sommet de La Molina, a franchi la butte avec une petite avance mais a chuté dans la boucle de descente qui ramenait les coureurs vers la partie moderne de la ville.

Simeoni, qui venait de fausser compagnie aux cinq rescapés de l'échappée, en a profité pour rallier la ligne en solitaire tout en pensant à la manière de célébrer sa victoire...

Les caïds du peloton se sont eux marqués dans la spectaculaire ascension dans les rues pavées de Cuenca. Sevilla et son dauphin Angel Casero, que seules 25 secondes séparent au général, ont ainsi occupé les deux premières places du peloton, chacun de son côté de la rue, pendant quelques centaines de mètres de la montée.

"Tout ça va se payer au final. On roule comme des sauvages. On se regarde entre nous mais personne ne fait quelque chose pour ralentir", affirmait tout sourire le maillot jaune Oscar Sevilla, après avoir amicalement tapé sur l'épaule de son rival une fois la ligne franchie.

Roberto Heras, 3e à 2 min 20, n'a pas non plus abdiqué. Il a fait donner ses coéquipiers pendant et après la montée, au cas où un des deux leaders connaîtrait un moment de faiblesse. "A priori, la victoire finale se jouera entre Casero et Sevilla, ce sera difficile de reprendre autant de temps aux deux dans la montée vers Abantos (1re catégorie samedi). Mais on ne sait jamais", a-t-il déclaré.