Le Britannique Adam Yates a remporté le Grand Prix cycliste de Montréal
MONTRÉAL - Personne n'a été plus fort qu'Adam Yates, dimanche, à l'étape montréalaise des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal (QPCQM).
Le Britannique de l'équipe UAE Emirates a franchi les 221,4 kilomètres de l'épreuve en cinq heures, 54 minutes et deux secondes (5:54:02), devançant au sprint le Français d'origine russe Pavel Sivakov (Ineos Grenadiers). L'Espagnol Alex Aranburu (Moviestar) a pris la troisième place.
Yates et Sivakov ont pris l'ascendant sur la course avec environ 10 km à faire, se détachant d'un groupe d'environ 30 coureurs positionnés à l'avant, dont Michael Woods (Israël-Premier Tech), meilleur Canadien de la compétition au 15e rang, à 55 secondes du vainqueur.
Dans les deux derniers tours, ce peloton de chasse s'est toutefois étiolé, pour ne compter qu'environ une dizaine de coureurs dans la dernière ascension. Woods a notamment été largué dans l'avant-dernier passage. Avec son coéquipier Brandon McNulty en tête, Yates s'est positionné pour prendre les commandes.
Son échappée avec Sivakov a tenu jusque dans le dernier droit. Yates a lancé son sprint à 200 m de l'arrivée. Sivakov n'a pu que constater les dégâts.
« C'est une course super difficile en raison de la distance et du dénivelé, a expliqué Yates. Il n'y a pas vraiment de moment où vous vous sentez bien pour dire que vous allez tenter quelque chose. Vous ne savez pas non plus comment les autres se sentent. Mais mes coéquipiers m'ont placé dans une bonne position et je me devais de tenter quelque chose. Ça a fonctionné. »
« J'ai donné le maximum et je ne suis pas déçu, a pour sa part indiqué Sivakov. Si ça c'était joué à la photo-finish, j'aurais pu l'être, mais là, il était clairement supérieur. »
Yates a également remporté le titre de meilleur grimpeur pour une deuxième année consécutive sur le flanc du mont Royal.
Il s'agit de la première victoire de Yates à Montréal et de sa cinquième cette saison, égalant ainsi sa récolte de 2019. Tadej Pogacar, champion en 2022, a fait l'impasse sur les GPCQM cette année.
Le meilleur résultat du Britannique au mont Royal avait été une deuxième place en 2015. Il avait terminé au pied du podium l'an dernier.
« Ça fait longtemps que je viens ici et c'est bon de finalement l'emporter, a dit Yates, qui n'aura pas le temps de célébrer sa victoire, lui qui devait prendre un vol vers l'Europe en soirée. Souhaitons que nous pourrons défendre ce titre l'an prochain. »
Vainqueur à Québec vendredi, le Belge Arnaud De Lie (Lotto DSTNY) a pris le 34e rang, à 4:22 de Yates.
Déception pour Woods
La 15e place de Woods se veut une déception pour lui, qui ne s'était pas caché en disant vouloir la victoire à Montréal au cours des dernières semaines. Mais ses coéquipiers chez Israël-Premier Tech ont laissé beaucoup d'énergie sur le parcours en donnant le rythme au peloton pourchassant Florian Vermeersch (Lotto DSTNY), qui s'est échappé dès le départ et conduit une longue échappée seul.
Le Belge, après avoir mené pendant quelque 170 km, a été rejoint avec un peu plus de 53 km à faire. Mais le travail acharné de Derek Gee (47e), Hugo Houle, Guillaume Boivin et Daryl Impey (qui n'ont pas terminé la course) a laissé des traces.
« Au départ, mon travail c'était de contrôler, car c'était très rapide en raison du début de course sous la pluie, a indiqué Houle. Daryl s'est assuré de nous mener aux avant-postes: il était très motivé à sa dernière course en carrière! On a pris nos responsabilités, mais quand (les gars de) LIDL-Trek et Soudal Quick-Step sont arrivés, ils ont augmenté le tempo. On a été un peu mis à mal, mais on s'est bien battus. »
« Pour ma part, après cinq heures, j'avais des crampes et je ne pouvais pas faire mieux. Je demeure satisfait de la performance. On a bien couru en équipe. On a fait un podium à Québec et même si (dimanche), ça n'a pas aussi bien été, on a montré qu'on était là. Je suis fier de la façon dont on a couru. L'équipe était à l'avant et on progresse pour le futur. »
Travail de moine de Vermeersch
Après un départ lancé par un temps exécrable sous de fortes averses, Vermeersch a rapidement montré ses couleurs. Il s'est lancé devant dans les premiers kilomètres et après 30 km de course, il s'était forgé une avance de 30 secondes sur le peloton.
Le Belge a semblé chercher des appuis pour mener cette poussée à bien, mais ils ne sont jamais venus. Ça ne l'a pas empêché de se creuser un écart qui a atteint 5:15 avec 98,5 km à franchir.
Entre-temps, le reste du plateau ne semblait pas enclin à le rattraper. Il a fallu attendre dans la cinquième des 18 boucles de 12,3 km pour voir deux coureurs - Harrison Wood (Cofidis) et Manuele Borao (Astana) - tenter de rétrécir l'écart. Les deux coureurs ont toutefois été rejoints avec 127 km à parcourir. Le peloton, mené par un quatuor d'Israël-Premier Tech, avait alors 4:15 de retard sur Vermeersch.
Avec un peu moins de 100 km à franchir, Israël-Premier Tech a décidé de cesser de rouler, réclamant de l'aide des autres équipes. LIDL-Trek et Soudal Quick-Step ont répondu à l'appel et l'écart a commencé à se rétrécir petit à petit.
Avec 60 km à jouer, l'écart n'était plus que de 30 secondes entre Vermeersch et le peloton: le Belge savait que ses espoirs étaient anéantis. Yates et Sivakov se sont chargé d'écrire le reste de l'histoire.