La plupart des grands événements sont reportés ou annulés mais un résiste. Le Tour de France. Pour le moment, la course aura lieu aux dates prévues, soit du 27 juin au 19 juillet. Une situation sur laquelle Hugo Houle n’a pas trop voulu se prononcer, disant « je vais les laisser aller ». Mais au fil de la discussion, on comprend sa position. 
 
Selon plusieurs médias européens, la direction du Tour se laisse jusqu’au 15 mai pour prendre une décision. Plusieurs scénarios seraient envisagés : le statu quo, le report, l’annulation ou une présentation à huis clos. Cette dernière option a été évoquée par la Ministre française de la Santé, Roxana Maracineanu, à la télé française.  Mme Maracineanu disait , sur France Bleu : «  le modèle économique du Tour ne repose pas sur de la billetterie mais sur les droits télé et la retransmission média. » 
 
On comprend l’idée mais le Tour c’est 22 équipes de 8 coureurs chacune, donc 176 coureurs; environ 15 à 20 personnes du staff par équipe (soigneurs, mécanos, directeurs sportifs, etc.); les officiels, les policiers, les médecins, les gens de l’organisation, bref, c’est au minimum 500 personnes. Et tout ce beau monde change de ville et d’hôtel à chaque jour. Et comme le précise Hugo Houle, certains coureurs ou membres du personnel pourraient ne pas pouvoir faire le voyage en France. « On ne doit pas regarder que la situation en France. Le cyclisme est mondial, les gars sont un peu partout en ce moment », mentionne le Québécois, avant de citer son équipe Astana en exemple : « une bonne partie de notre staff est actuellement en Italie, nos deux autobus aussi et une partie du matériel. » La situation est complexe et ne dépend pas seulement de la France. 
 
Le statu quo et l’annulation ne semblent pas des options réellement envisageables. D’un côté, le risque serait trop élevé avec le risque d’une deuxième vague que certains experts appréhendent, rappelle Houle. Et de l’autre, l’annulation serait catastrophique pour tout le monde du cyclisme. 
 
Reste le report. Et tout un casse-tête se présente. Le Tour c’est plus ou moins 35 villes/sites Étapes, soit des endroits qui accueillent le départ ou l’arrivée d’une étape. Le Tour c’est 3470km à travers l’Hexagone. Une logistique incommensurable. Le report sera complexe. 
 
Mais toutes les autres épreuves reportées depuis le début de la saison, et elles sont nombreuses, voudront leur place. Oui, le Tour c’est LA plus grande course mais d’autres ont leur place dans l’histoire, comme le Tour des Flandres, Milan San Remo, Paris Roubaix ou encore les Classiques ardennaises. Et l’UCI a laissé la priorité aux événements déjà au calendrier au moment de la reprise. Le report des Jeux olympiques ouvre une fenêtre de deux semaines... mais c’est bien peu. 
 
Devant cette complexité, on comprend mieux pourquoi Hugo Houle ne veut pas trop s’avancer, même si le Tour figure sur son calendrier de course. « Difficile de se positionner en ce moment. Tour de France ou non, on va faire ce qu’il faut à ce moment-là selon directives, c’est tout ce qu’on peut faire », tout en prenant d’ajouter, « ça va se passer bien au-dessus de nous. Ce sont des décisions qui concernent ASO (organisateur du Tour), l’UCI et les gouvernements. »
 
Et même lorsque la période de confinement sera levée en France, la situation ne sera pas réglée pour autant. « Il va falloir que le confinement soit levé depuis au moins un mois », dit Houle. « Quand nous serons autorisés à sortir à nouveau, ça ne veut pas dire que les rassemblements vont être permis. Il va y avoir des mesures de distanciation sociale qui devront être appliquées. Bien hâte de voir. » 
 
Certaines équipes planifient une reprise d’entraînement en juin et les premières courses en juillet. Mais le Tour comme course de reprise, après trois mois? Difficile d’y croire. 
 
Le niveau de forme des coureurs dans tout ça
 
Houle assure garder la forme en ce moment. « Je fais deux heures d’entraînement par jour sur les rouleaux et un peu de musculation une journée sur deux », raconte-t-il. « Je me concentre davantage sur la qualité que la quantité. » Le Québécois croit que la grande majorité des coureurs retrouveront une forme de course rapidement. « Il lève le confinement, deux semaines après on va tous être capables de courir et on n’aura pas l’air fou », est-il convaincu. « Atteindre un pic de forme, c’est une autre game mais je vais avoir un bon niveau. » 
 
En ce moment, comme il n’y pas d’épreuve, personne « ne cherche pas à garder un niveau de forme optimale », spécifie Houle. « Je dirais que dans les circonstances, avec mes entraînements spécifiques de qualité, courts mais très intenses, j’arrive à garder une base solide. Mais je vais perdre de mon endurance. Pour moi, c’est vraiment de maintenir une forme assez stable, et ne pas faire n’importe quoi pour prendre 2-3 kilos et arriver fin mai, complètement à côté de ma forme. » 
 
Réduction salariale 
 
En ces temps difficiles, les membres de l’équipe Astana ont accepté une diminution salariale de 30%. L’entente est pour trois mois, ou la durée de l’inactivité de l’équipe. « Dès qu’on recommence à courir, on retrouve 100 % de notre salaire », précise Houle. « Tant qu’on ne court pas, on touche 70% de notre salaire. Si on ne court pas jusqu’en septembre, ça va s’appliquer jusque-là. »
 
L’équipe Astana est financée par le gouvernement kazakh et, comme le mentionne Houle, « la devise kazakh a perdu 15 % de sa valeur, par rapport à l’Euro.  Et le budget de l’équipe est fait en devise kazakh alors si tu me paies en Euros, il y a une perte de 15-20% », justifie-t-il.  « C’est une des raisons pourquoi on nous a demandé de baisser notre salaire. Notre équipe n’est toutefois pas en danger. »
 
Hugo Houle n’est donc pas inquiet. Mais comme tous, il a hâte de pouvoir retrouver un semblant de vie normale. Pour le moment, il se plie aux règles de confinement imposée à Monaco. Il s’entraîne chez lui, regarde des films avec sa blonde et regarde le soleil par la fenêtre!