MONTRÉAL – Au début juin, le directeur sportif de l’équipe Cannondale, Stefano Zanatta, a pris Guillaume Boivin à l’écart pour lui partager sa vision de la deuxième portion du calendrier.

De son propre aveu, Boivin connaissait, à sa première année sur le World Tour, un début de saison plutôt difficile. Les ajustements nécessités par une présence à temps plein en Europe et l’adaptation à une nouvelle équipe étaient le lot de son quotidien, si bien que les jambes n’arrivaient pas toujours à suivre la cadence.

La recrue venait toutefois de tirer son épingle du jeu au Tour de Californie, une compétition pour laquelle il devait à l’origine être laissé de côté, et son patron avait de bonnes nouvelles. Si tout allait bien, le Québécois aurait sa place dans le groupe de neuf coureurs qui défendraient les couleurs de la formation italienne lors de la prestigieuse Vuelta, en août.

Boivin a attaqué les mois suivants chargé d’une nouvelle énergie. Il a contribué à la victoire de son coéquipier Elia Viviani au Tour d’Elk Grove, a signé une victoire d’étape au Tour de Beauce et a fait un passage remarqué aux Mardis Cyclistes de Lachine. Il a finalement reçu ses billets d’avion pour l’Espagne la semaine dernière, au beau milieu de sa participation au Eneco Tour.

« Pour moi, c’est un peu la suite logique des choses », confiait l’athlète de 24 ans à RDS au lendemain de l’annonce officielle de sa participation à l’une des trois plus importantes classiques cyclistes au monde.

« Ça faisait déjà quelques années que j’espérais faire un grand tour, mais bon, c’est quand même ma première année sur le World Tour, alors je devais faire ma place. Et c’est une chose de s’intégrer à un groupe, mais c’en est une autre de prouver qu’on mérite d’être là. C’était surtout ça, mon défi, mais je pense que cette sélection démontre que j’ai réussi. Je suis très content. » 

Samedi, le natif de Longueuil prendra le départ d’un contre-la-montre par équipe de 27,4 kilomètres au sein d’un groupe qui aspire aux grands honneurs. À Vilanova de Arousa, dans le nord-est du pays, Cannondale espère amorcer un parcours qui mènera au couronnement de son leader Ivan Basso le 15 septembre à Madrid.

« C’est la première course dont je fais partie où on a vraiment des ambitions en fonction du classement général, alors toutes nos énergies seront déployées pour garder Basso en avant, pour qu’il soit le moins fatigué possible quand arriveront les ascensions finales », explique Boivin, un spécialiste du sprint qui se concentrera avant tout sur l’objectif collectif.

« C’est l’un des grands tours les plus montagneux, avec 13 arrivées au sommet. Ajoutez à ça deux contre-la-montre, il ne reste pas beaucoup de place pour les sprints, donc ça risque d’être un peu difficile pour moi. »

Boivin s’avoue anxieux à la veille de cet audacieux test d’endurance. « Il y a toujours des doutes », admet-il sur un ton calme.

« J’ai fait tout mon possible pour arriver là-bas dans la meilleure forme de ma carrière, mais c’est une compétition d’un niveau supérieur à tout ce que j’ai connu. On parle de trois semaines à un rythme de près de 200 kilomètres par jour dans les montagnes. Je m’en vais un peu vers l’inconnu, on verra comment ça va aller, mais physiquement je me sens prêt.