Athlète de haut niveau, Youtubeur, entraîneur, étudiant à temps partiel en kinésiologie, le cycliste Adam Roberge porte plusieurs chapeaux. Celui qui entamera sa troisième saison avec l’équipe américaine sur route Elevate-Webiplex ajoutera une nouvelle corde à son arc en 2021 en se joignant à une formation dédiée aux courses sur gravelle, une discipline dont la popularité est sans cesse croissante.

Le calendrier nord-américain 2020 des courses cyclistes a été passablement amputé. Cela n’a pas empêché Adam Roberge de s’entraîner fort. Il a remplacé la carotte de prendre part à des compétitions par différents défis qu’il a documentés dans les médias sociaux : 404 kilomètres en solo au Défi 808 Bonneville, des simulations de course en ligne, une sortie de 150 kilomètres sans manger ou un entraînement où il s’attaque aux records des principales montées des Laurentides répertoriées dans l’application Strava.

« J’aime m’entraîner et me fixer des objectifs. Les vidéos de mes défis sportifs, c’était dans l’optique d’inspirer et de motiver les gens, mais aussi d’avoir quelque chose à faire et de me préparer pour quelque chose. »

Cette présence en ligne, ainsi que ses performances sur route, ont permis au champion canadien 2019 du contre-la-montre chez les moins de 23 ans d’attirer l’attention du manufacturier italien Pinarello qui s’apprêtait à mettre sur pied une équipe dédiée aux plus importantes courses de gravelle du circuit nord-américain.

« Quand j’ai reçu leur courriel pour une invitation à discuter avec eux, je pensais que c’était un spam (arnaque). Ils me proposaient des conditions d’emploi, un salaire et ils ont accepté que je course avec un chandail noir (afin de respecter son contrat sur route). »

L’athlète de 23 ans mentionne adorer l’esprit de groupe chez Elevate-Webiplex, mais ce seul salaire n’est pas suffisant pour vivre de son sport. « Ne pas faire une cenne avec le vélo il y a quatre ou cinq ans, c’était correct, mais plus maintenant. […] S’il y a une place où il y a beaucoup d’argent et d’attention en ce moment, c’est en gravelle et avec le calendrier incertain, ça me permettra d’avoir un calendrier de courses plus complet. »

La popularité de cette nouvelle niche est en explosion en Amérique du Nord, tant dans les ventes de vélos que dans les épreuves de longue distance qui attirent beaucoup de nouveaux retraités du World Tour.

La vague a même frappé les pelotons sur route comme en font foi la popularité des Strade Bianche, disputées en partie sur les routes de gravier blanc de la Toscane, ou au Tour de France, qui est passé deux fois sur le secteur non pavé du Plateau des Glières depuis 2018.

Un chemin pas toujours en ligne droite

Le chemin d’une carrière de cycliste professionnel n’est jamais clairement tracé. Lorsque l’équipe montréalaise Silber Pro Cycling a fermé les livres en 2018, les meilleurs espoirs canadiens ont dû faire un choix : tenter de trouver une nouvelle équipe ou arrêter leur carrière.

« Je vais tout faire ce que je peux faire pour continuer ce beau sport-là », avait soutenu l’athlète de Prévost en entrevue d’avant course à Sportcom au Grand Prix cycliste de Québec en 2018, alors qu’il était à la recherche d’un nouveau contrat professionnel.

Deux jours plus tard au Grand Prix de Montréal, Adam Roberge faisait partie de l’échappée du jour de cinq coureurs (dont Hugo Houle) qui aura tenu le coup pendant une dizaine de tours sur le circuit du mont Royal. Sa « plus belle expérience de vélo à vie », comme il l’affirme.

« Si tu m’avais dit il y a trois ans que je n’aurais pas encore signé un contrat avec une équipe World Tour en 2021, je serais probablement tombé en dépression », poursuit l’athlète lorsqu’on lui rappelle ses propos de 2018 avant d’ajouter avoir été à deux doigts de se joindre à la formation Team DSM (anciennement Sunweb), sans élaborer davantage à ce sujet.

« En ce moment, je suis pro en route et en gravelle et j’ai le meilleur des deux mondes. Je suis probablement le seul dans cette situation en Amérique du Nord. J’ai hâte que les courses recommencent et suis vraiment content de la place que j’ai. Faire des courses sur route et en gravelle aux États-Unis, c’est une super occasion. J’ai encore le rêve du World Tour et je vais pousser dans ce sens-là. »

Premier rendez-vous : le Unbound Gravel (anciennement Dirty Kanza), une course de 200 miles (320 kilomètres), au début juin, la plus prestigieuse du calendrier américain.

« L’objectif est assez élevé et c’est de la gagner. »