MONTRÉAL - Quatre-vingt courses et au-delà de 30 000 km de vélo sur route en 365 jours.

Ces chiffres peuvent sembler vertigineux, mais c’est pourtant ce que révéléra le compteur d'Antoine Duchesne lorsque que s’achèvera la saison 2015, la plus productive de sa jeune carrière. C’est le cas de le dire, une épreuve n’attend pas l’autre depuis janvier pour celui qui a soufflé ses 24 bougies il y a quelques jours.

Autant les neuf derniers mois ont pu s’avérer éreintants par moments pour l’athlète saguenéen, il conserve néanmoins l’impression nette d’avoir fait le saut dans la cour des grands. Alors que le Grand prix cycliste prenait d'assaut les villes de Montréal et Québec, Duchesne prenait part à la 21e et dernière étape de son premier « grand » tour cycliste, celui d’Espagne. Le tout s’est conclu le 13 septembre après quelque 3 357 km, dans le décor majestueux de Madrid, la veille de son anniversaire de naissance de sucroît.

Difficile de demander mieux pour faire le plein de confiance alors qu’approche à grands pas la fin de la saison de compétition.

Antoine DuchesneLors de cette 70e Vuelta, les dirigeants de l’équipe Europcar – qui l’ont recruté il y a maintenant deux saisons – avaient donné à Duchesne un mandat des plus motivants, celui d’épauler les grosses pointures Romain Sicard (15e au classement final), Fabrice Jeandeboz (16e) et Pierre Rolland (50e), mission dont il s’est très bien acquitté.

« Je suis satisfait du déroulement du Tour, évalue celui qui a pris la 138e position au cumulatif. C’est un effort très demandant physiquement et je suis passé au travers. Il faut naviguer à travers la fatigue. Je vois ça comme de l’expérience en poche et un gros défi relevé. (…) Les dirigeants étaient contents du boulot que j’ai accompli durant ces trois semaines », mentionne-t-il quelques jours avant de rejoindre la délégation canadienne au Championnat du monde de cyclisme sur route, à Richmond en Virginie, pour lesquels son nom a été retenu.

Partie remise pour le TDF

Cette expérience enrichissante était une suite plus joyeuse à l’amère déception vécue en juin dernier, lorsque Duchesne a su qu’Europcar préférait jouer la carte de la prudence et ne pas lui faire prendre le départ à l’épreuve reine de la planète cyclisme, le Tour de France. Croyant avoir mérité sa place, il a initialement mal encaissé l’annonce, mais avec du recul, il arrive mieux à comprendre les craintes qu’entretenait la direction à son égard.

« Il y en a toujours deux ou trois qui se battent pour la dernière place disponible et ce ne sont pas des choix faciles. En même temps, je suis jeune et à ce moment-là inexpérimenté. Je peux comprendre leur raisonnement, mais je ne cacherai pas que j’ai été déçu d’être laissé de côté. Heureusement, maintenant après l’Espagne ils savent mieux comment je me débrouille devant les rigueurs d’un grand Tour », relativise-t-il.

L’année 2014 avait été parsemée d'embûches pour le jeune cycliste. Ralenti par des problèmes de genoux, il n’avait pas fait assez de courses à son goût, et ça lui a demandé de graduellement retrouver la forme.

Cette saison, c’était tout l’inverse pour Duchesne, qui a pu prendre le départ d’à peu près toutes les courses importantes, dont les Classiques.

« J’ai vraiment le sentiment d’avoir connu une grosse amélioration. Avec tout le bagage acquis en 2015, et le repos qui m’attend dans les prochains mois, je suis certain de repartir sur des bases beaucoup plus solides, notamment au plan physique », élabore-t-il.

L'équilibre à tout prix

Et comment a-t-il l’intention d’y parvenir? En décrochant complètement du vélo durant les mois d’octobre et de novembre. Véritable passionné de gastronomie et de vin, Antoine Duchesne retournera en France, où il habite à raison de plusieurs mois par année depuis ses débuts avec Europcar, afin d’y suivre une série de stages dans un vignoble, le tout dans le but d'apprendre le procédé de vinification.

« Ça fait quelques années que ça occupe une place importante dans mon quotidien. On connaît la nécessité pour un athlète de bien s’alimenter. Un verre de vin ou deux, ça ne fait pas de mal non plus! »

« Je suis d’avis que ça prend un équilibre dans la vie », lance-t-il plus sérieusement. De ne plus penser au cyclisme pendant quelques mois ne m’a jamais empêché de bien faire ce que j’avais à faire. Oui, le vélo demeure une priorité, mais je pense que c’est sain de s’intéresser à autre chose et de sortir la tête de son trou afin de voir d’autres choses de la vie. »

Mais avant de consacrer ses énergies à son deuxième champ d’intérêt, le Québécois enjambera son vélo une dernière fois, et ce sera ce dimanche à Richmond, alors que les Mondiaux se dérouleront en terre d’Amérique pour la première fois depuis ceux tenus à Hamilton en 2003. Duchesne, qui a été nommé au sein de la délégation canadienne senior pour la première fois, sera de l’épreuve sur route en compagnie de Hugo Houle et Guillaume Boivin, notamment.

« L’équipe compte sur deux bons sprinters. Pour le reste, l’équipe n’est pas trop habituée à ce genre de course. C’est un peu d’inconnu pour la plupart des coureurs, mais nous avons une bonne équipe. Avec un bon collectif, où tout le monde travaille ensemble, on peut quand même envisager un bon résultat dimanche », conclut-il.