Pendant deux mois, le RDS.ca s'est infiltré dans les coulisses du football juvénile québécois en accompagnant les Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne dans leur première saison en Division 1. 

Par Mikaël Filion

SAINTE-CATHERINE, Québec - Michel-Pierre Pontbriand déteste les projecteurs. Le tape-à-l'oeil, non merci.

Dans son modeste bureau du Collège Charles-Lemoyne, où il travaille également à titre de coordonnateur de sports, l'entraîneur-chef de l'équipe de football des Dynamiques pourrait exposer des souvenirs de ses trois conquêtes de la coupe Vanier avec le Rouge et Or de l'Université Laval, ou encore de sa présence à la Coupe Grey en 2011. Mais non.

Seul un casque des Blue Bombers de Winnipeg, pour qui il a joué pendant cinq saisons, repose sur une étagère depuis qu'il a servi lors de la journée portes ouvertes de l'école secondaire privée de Sainte-Catherine. Puis, une tablette plus bas, caché tout au fond, se trouve le trophée remis en mai dernier par le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) à l'entraîneur par excellence au niveau secondaire en Montérégie. C'est presque tout.

Dans un coin du local, Pontbriand a déposé un cadre laminé sur une boîte de t-shirts qu'il doit bientôt distribuer. Il lui a été offert par les membres de l'équipe juvénile au terme de la saison 2017. Sur celui-ci figure au centre une photo de l'équipe, sous laquelle est écrite la phrase suivante en anglais : « A good coach can change a game, a great coach can change a life ». Traduction : Un bon entraîneur peut changer un match, un excellent entraîneur peut changer une vie.

Affiche dans le Bureau de Pontbriand

Le cadre offert par l'équipe juvénile 2017 à Michel-Pierre Pontbriand. (Crédit: Mikaël Filion)

Chacun des joueurs de l'édition 2017 a signé le cadre avant de le remettre à Pontbriand. Certains d'entre eux ont depuis complété leurs études secondaires, alors que d'autres, comme Lou Girard, sont toujours sous le mentorat de Coach Pont.

À pareille date l'an dernier, l'étudiant alors en secondaire 4 peinait à demeurer en classe... quand il s'y présentait. Expulsion, problèmes de comportement, échecs scolaires, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne décroche.

Il avait certes encore le football pour l'en dissuader, mais la distance entre le campus du Collège Charles-Lemoyne à Longueuil – où il étudiait à l'époque – et les quartiers généraux de l'équipe au campus de Sainte-Catherine le privait de l'encadrement serré dont il avait besoin.

« J’aurais changé d’école si ce n’était pas de lui »

C'est ce que lui offre Pontbriand depuis qu'il a centralisé cette année les activités de l'équipe juvénile au sein du même établissement scolaire.

« Le foot, c'est ce qu'on a à faire. Quand la journée est finie, on ne s'en va pas niaiser chez nous. On joue. Sans ça, je ferais peut-être n'importe quoi », suppose Girard, qui sous l'insistance de son coach et mentor, a complété trois cours d'été afin d'entreprendre son secondaire 5 du bon pied.

« Je lui ai dit "Embarque là!". Il a embarqué et il a maintenant une moyenne de 77%! », s'enchante Pontbriand, qui n'a pas rescapé que Girard cette année.

« Sans lui, je ne pense pas que je serais ici. J'aurais changé d'école si ce n'était pas de lui », assure Zachary Aubertin.

En Pontbriand, ce demi défensif partant a trouvé un confident et un allié lorsque des problèmes personnels ont presque mené à son renvoi de l'école.

« Je peux m'ouvrir à lui. C'est la seule personne avec qui je peux m'ouvrir. [...] Je ne lui cache pas vraiment de choses. Il a des solutions aux problèmes.

« Sa plus grande qualité c'est quil est présent. Il ne nous laissera jamais tomber. C'est quelque chose dont on peut être sûr », ajoute Aubertin, lui aussi en voie d'obtenir son diplôme d'études secondaires avec une moyenne de 75%.

Pontbriand n'obtiendra jamais de trophée pour cette réussite. Il n'en voudrait pas de toute façon. Dans trois ou quatre ans, il pourrait toutefois recevoir la visite d'autres joueurs qui le remercieront de les avoir ramenés dans le droit chemin. Ça, ça vaut n'importe quelle récompense.

« La reconnaissance, c'est précieux. » 

Notre dossier complet sur les Dynamiques
Première partie: La saison miracle
Deuxième partie: Une journée avec Coach Pont
Troisième partie: Les rescapés
Quatrième partie: Quart un jour quart toujours 
Casques CCL

Des casques des Dynamiques accrochés dans le vestiaire. (Crédit : Éric Bolté)